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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

jeudi, juin 17, 2010

24-27

CHAPITRE VII.

Des Missions de la Conception, de saint Michel et de saint Jacques à Tsonnontoüan.

Lettre du Pere Julien Garnier du mois de Juillet
1672.


Le spirituel de ces Missions dépend beaucoup des affaires temporelles, et sur tout de la disposition des esprits pour la paix avec les François. Les anciens du bourg de Gandachioragon m'avoient témoigné dans un conseil assemblé exprés, qu'ils vouloient prier Dieu; et en effet, quelques-uns commençoient à le faire, et quoy que je n'y visse pas encore de grands principes de foy, neantmoins leur exemple portoit le peuple à m'escouter, et me donnoit toute liberté de visiter et d'instruire les malades. Mais les bruits d'une armée Françoise renverserent bien-tost ces petits commencemens. Les esprits estans mal disposez, le demon s'est servy de l'occasion pour faire parler contre la foy et contre ceux qui la preschent. Un vieillard venu depuis quelques années de Goïogoüen, esprit brouillon, mais fort en paroles, qui fait ce qu'il veut de nos Tsonnontoüans, et qui passe parmy eux pour un prodige d'esprit, leur prouve que la foy fait mourir par l'induction des familles entieres, qui l'embrasserent autrefois, lorsque le deffunt Pere Menard, Missionnaire Apostolique, demeuroit à Goïogoüen, et desquelles il ne reste pas, dit-il, une seule ame. Il ajoute que les habillez de noir ne sont icy que comme des espions, qui mandent tout à Onnontio, c'est à dire à Monsieur le Gouverneur, ou que ce sont des sorciers qui font par la maladie ce que Onnontio ne peut faire par ses armes. Je sçay avec asseurance qu'on a deliberé de ma mort en qualité d'espion, et que comme sorcier, nostre hoste mesme, Onnonkenritaoüi, le plus considerable des Chefs de cette grande Nation, a souvent fait à sa sœur la proposition de me tuer, lorsqu'elle luy témoignoit de grandes défiances de moy à l'occasion de sa fille, qui tomboit souvent malade. Comme je ne me retire pas de si bonne heure qu'ils ont coutume de faire, et que je demeure le soir un temps notable à prier Dieu dans la Chapelle, ils se persuadent que je ne puis m'employer à autre chose pendant ce temps-là, qu'à communiquer avec quelque demon, et à comploter avec luy la ruine de leur famille. De sorte qu'à parler humainement, ma vie dépend de la santé de cette petite fille, et je courrois grand risque de la perdre si elle venoit à mourir. Il y auroit encore autant à craindre pour moy, si on apportoit une nouvelle probable de la marche d'une armée Françoise en ce païs; plusieurs m'ont asseuré par avance, que si cela arrivoit, infailliblement ils me casseroient la teste.

C'est en cela, mon Reverend Pere, que je suis heureux, et que j'estime le bonheur de ma Mission, qui m'oblige à considerer chaque moment comme le dernier de ma vie, et à travailler avec joye en cet estat au salut de ces pauvres ames; un seul enfant mis dans le Ciel par le saint Baptesme, est capable de changer en douceur toutes ces amertumes.

Ce vieillard dont je parlois maintenant, se sert encore à son avantage de tout ce qui s'est passé ces dernieres années, et de ce que ceux qui ont esté à Quebec ont rapporté contre moy en particulier. Il n'en falloit pas tant pour détourner de la priere et pour aigrir contre nous des gens aussi ombrageux que le sont ceux-cy, et qui sont entierement dans les jongleries et les superstitions; aussi cessa-t-on de venir à la Chapelle. Si j'entrois dans les cabanes pour y chercher les malades, on ne m'y regardoit que de mauvais œil, et si je les voulois instruire, on m'interrompoit d'ordinaire par quelques paroles injurieuses. L'yvrognerie survenant là dessus m'obligeoit de me retirer dans la Chapelle, où j'ay toujours trouvé un azile assuré. J'admire que dans tous ces troubles, il n'y ait eu qu'un seul yvrogne qui m'y soit venu chercher; on l'empescha neantmoins de me nuire. Depuis onze mois, il n'est mort dans tous les Bourgs de cette nation que trente-trois personnes baptisées, quasi tous enfans, nous en avons baptisé sept autres qui sont encore malades, ce sont en tout quarante.

La misericorde de Dieu a esté grande sur quelques adultes baptisez, entre autres sur un Captif des Ontoüagannha, ou Chaoüanong, d'un âge caduque; ils n'amenent d'ordinaire que des jeunes gens de ces païs si éloignez. Dieu voulut que je me trouvasse heureusement au lieu où il arriva, avec un Interprete, le seul que je sçache de cette langue en ce païs; il escouta avec plaisir tout ce que je luy enseignay des principaux mysteres de nostre foy, et du bonheur eternel dans le Paradis; enfin je le trouvay disposé au Baptesme, et je croy qu'il entra dans le Ciel le mesme jour de son arrivée à Tsonnontoüan. La Providence divine l'avoit conduit plus de trois cens lieuës lié et garotté, pour luy faire trouver icy la vraye liberté des enfans de Dieu.

Une femme estant surprise du haut mal se jetta dans le milieu d'un grand feu, avant qu'on pust l'en retirer, elle se trouva si fort bruslée, que les os de ses mains et de ses bras luy tomboient les uns apres les autres. Comme je n'estois pas alors dans ce bourg, un jeune François que j'ay avec moy, qui sçait bien la langue, et qui fait dignement la fonction de Dogique, y courut; l'ayant trouvée dans son bon sens, il luy parla de Dieu et de son salut, l'instruisit, lui fit faire tous les actes necessaires en cette occasion, et la baptisa. Cette pauvre creature passa les huit ou dix jours qui luy resterent de vie, en prieres; c'estoit-là toute sa consolation dans des douleurs tres-griéves et dans un abandon extrême de tout secours humain, qu'elle souffrit avec une patience admirable, dans l'esperance d'une vie eternelle. Ce sont des coups de grace qui se font connoistre en ces païs barbares plus sensiblement, et qui adoucissent puissamment les peines, les fatigues, et les amertumes d'un Missionnaire.

Un jeune homme Chrestien d'une nation étrangere, et mort tres-chrestiennement, m'attendrissoit toutes les fois que je le faisois prier Dieu dans sa derniere maladie; son cœur et sa devotion se faisoient voir dans ses yeux, sur son visage, et dans l'ardeur de ses paroles; ses parens en estoient dans l'admiration; il me témoigna cent et cent fois souhaiter la mort, pour se voir au plustost dans le Ciel: ces sentimens sont une marque de Foy bien manifeste. Une femme Huronne Chrestienne nous en a donné d'aussi sensibles: elle s'étoit enfin laissée persuader, dans l'abattement d'une longue maladie, qu'un festin superstitieux la gueriroit; mais elle reconnut sa faute et voulut d'elle-mesme en faire une reparation publique, faisant paroistre une grande douleur d'avoir obey à ces suppôts d'enfer, ausquels elle reprocha en bonne compagnie la malice qu'ils avoient eue de luy avoir donné un conseil si detestable.

Les Hurons de la Mission de saint Michel ont de plus grands desirs que jamais de se rendre à Quebec, pour y augmenter l'Eglise de Nostre-Dame de Foye; quelques-uns de ceux qui ne sont pas encore Chrestiens, ont témoigné qu'alors ils embrasseroient la Foy. Le plus notable et le plus âgé de tous, prit la parole en suite d'une petite leçon que je leur fis là dessus, et déclara que pour luy, il n'attendroit pas si long-temps à se faire Chrestien, qu'il en prenoit à l'heure mesme la resolution, qu'il renonçoit à ses songes et à tout ce qui estoit deffendu de Dieu, qu'il se feroit instruire incessamment, qu'il ne manqueroit point tous les jours d'assister à la priere, et qu'il exhorteroit les autres à suivre son exemple. Il a tenu sa parole jusques à present, et j'espere qu'il sera bien-tost baptisé.

Je finiray la presente par une action digne d'un courage Chrestien. Un ancien de cette petite Eglise, qui y a fait avec grande edification l'Office de Dogique depuis plus de vingt ans, qu'elle avoit esté privée de Pasteur par les guerres de plusieurs années, ayant appris que son fils, qui estoit son unique, avoit esté tué sur la place dans un combat contre les Gandastogués, il en fut affligé autant qu'on le peut estre, quoy que dans une resignation entiere à la volonté de Dieu, dont il faisoit à tous moments des actes heroïques. Mais ce qui surprit tout le monde, fut qu'une seconde nouvelle estant venue que ce jeune homme n'estoit pas mort, et que les playes qu'il avoit receuës ne paroissoient pas mortelles, ayant enfin esté apporté sur une espece de brancart, le vieillard alors reprenant ses esprits et animant sa Foy d'une nouvelle vigueur, il passa la journée à en faire des remercimens à Dieu, pleins de respect et de reconnoissance. Tous ceux du bourg s'assemblerent en foule dans sa cabane pour luy en témoigner leur joye; ils en sortirent avec une haute estime de sa vertu.

Apres tout, j'ay remarqué que ce n'est pas tant la depravation des mœurs qui empesche nos Sauvages d'estre Chrestiens, que les mauvaises idées qu'ils ont pour la pluspart de la Foy et du Christianisme. Je connois pres de deux cents familles, entr'autres, dans des mariages fermes et stables, qui élevent moralement bien leurs enfans, qui empeschent que leurs filles ne conversent trop au dehors et qu'elles ne se jettent dans les desordres de l'impureté, qui ont horreur de l'yvrognerie, et qui seroient pour vivre tres-chrestiennement s'ils avoient la Foy. C'est un don de Dieu que nous luy demandons incessamment pour ces pauvres ames, qui sont le prix de son Sang, et que je recommande tres-particulierement, mon Reverend Pere, à vos saintes prieres et saints sacrifices.

A Tsonnoatoüan, ce 20. Juillet 1672.


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Version en français contemporain

CHAPITRE VII.

Des Missions de la Conception, de Saint-Michel et de Saint-Jacques à Tsonnontoüan.

Lettre du Père Julien Garnier du mois de juillet 1672.

Le spirituel de ces Missions dépend beaucoup des affaires temporelles, et surtout de la disposition des esprits pour la paix avec les Français. Les anciens de la bourgade de Gandachioragon m'avaient témoigné dans un conseil assemblé exprès, qu'ils voulaient prier Dieu. Et en effet, quelques-uns commençaient à le faire, et quoique je n'y visse pas encore de grands principes de Foy, néanmoins leur exemple portait le peuple à m'écouter, et me donnait toute liberté de visiter et d'instruire les malades. Mais les bruits d'une armée française renversèrent bientôt ces petits commencements. Les esprits étant mal disposés, le démon s'est servi de l'occasion pour faire parler contre la foy et contre ceux qui la prêchent. Un vieillard venu depuis quelques années de Goïogoüen, esprit brouillon, mais fort en paroles, qui fait ce qu'il veut de nos Tsonnontoüans, et qui passe parmi eux pour un prodige d'esprit, leur prouve que la foy fait mourir par l'induction des familles entières, qui l'embrassèrent autrefois, lorsque le défunt Père Ménard, missionnaire apostolique, demeurait à Goïogoüen, et desquelles il ne reste pas, dit-il, une seule âme. Il ajoute que les habillés de noir ne sont ici que comme des espions qui écrivent tout à Onnontio, c'est à dire à Monsieur le Gouverneur, ou que ce sont des sorciers qui font par la maladie ce que Onnontio ne peut faire par ses armes. Je sais avec assurance qu'on a délibéré de ma mort en qualité d'espion, et que comme sorcier, notre hôte même, Onnonkenritaoüi, le plus important des chefs de cette grande nation, a souvent fait à sa sœur la proposition de me tuer, lorsqu'elle lui témoignait de grandes défiances de moi à l'occasion de sa fille qui tombait souvent malade. Comme je ne me retire pas de si bonne heure qu'ils ont coutume de le faire, et que je demeure le soir un longtemps à prier Dieu dans la chapelle, ils se persuadent que je ne puis m'employer à autre chose pendant ce temps-là, qu'à communiquer avec quelque démon, et à comploter avec lui la ruine de leur famille. De sorte qu'à parler humainement, ma vie dépend de la santé de cette petite fille, et je courrais grand risque de la perdre si elle venait à mourir. Il y aurait encore autant à craindre pour moi, si on apportait une nouvelle probable de la marche d'une armée française en ce pays. Plusieurs m'ont assuré par avance, que si cela arrivait, infailliblement ils me casseraient la tête.

C'est en cela, mon Révérend Père, que je suis heureux, et que j'estime le bonheur de ma mission, qui m'oblige à considérer chaque moment comme le dernier de ma vie, et à travailler avec joie en cet état au salut de ces pauvres âmes. Un seul enfant mis dans le Ciel par le saint baptême, est capable de changer en douceur toutes ces sentiments désagréables.

Ce vieillard dont je parlais maintenant, se sert encore à son avantage de tout ce qui s'est passé ces dernières années, et de ce que ceux qui ont été à Québec ont rapporté contre moi en particulier. Il n'en fallait pas tant pour détourner de la prière et pour s'irriter contre nous des gens aussi ombrageux que le sont ceux-ci, et qui sont entièrement dans les jongleries et les superstitions. Aussi cessa-t-on de venir à la chapelle. Si j'entrais dans les cabanes pour y chercher les malades, on ne m'y regardait que d'un mauvais œil, et si je voulsis les instruire, on m'interrompait d'ordinaire par quelques paroles injurieuses. L'ivrognerie survenant là-dessus m'obligeait de me retirer dans la chapelle où j'ai toujours trouvé un asile assuré. Je considère avec étonnement que dans tous ces troubles, il n'y ait eu qu'un seul ivrogne qui soit venu m'y chercher. On l'empêcha néanmoins de me nuire. Depuis onze mois, il n'est mort dans toutes les bourgades de cette nation que trente-trois personnes baptisées, quasi tous enfants. Nous en avons baptisé sept autres qui sont encore malades, ce sont en tout quarante.

La miséricorde de Dieu a été grande sur quelques adultes baptisés, entre autres sur un captif des Ontoüagannha, ou Chaoüanong, d'un âge avancé. Ils n'amènent d'ordinaire que des jeunes gens de ces pays si éloignés. Dieu voulut que je me trouvasse heureusement au lieu où il arriva, avec un interprète, le seul que je sache de cette langue en ce pays. Il écouta avec plaisir tout ce que je lui enseignai des principaux Mystères de notre Foy, et du bonheur eternel au Paradis. Enfin je le trouvai disposé au baptême, et je croi qu'il entra dans le Ciel le même jour de son arrivée à Tsonnontoüan. La Providence divine l'avait conduit plus de trois cents lieues, lié et garrotté, pour lui faire trouver ici la vraie liberté des enfants de Dieu.

Une femme en crise se jeta dans le milieu d'un grand feu. Avant qu'on put l'en retirer, elle se trouva si grandement brûlée, que les os de ses mains et de ses bras lui tombaient les uns après les autres. Comme je n'étais pas alors dans cette bourgade, un jeune Français que j'ai avec moi, qui sait bien la langue, et qui fait dignement la fonction de «catéchiste» ou de «dogique», y courut. L'ayant trouvée saine d’esprit, il lui parla de Dieu et de son salut, l'instruisit, lui fit faire tous les actes nécessaires en cette occasion, et la baptisa. Cette pauvre «créature» ou «femme» passa les huit ou dix jours qui lui restèrent de vie, en prières. C'estait-là toute sa consolation dans des douleurs très grandes et dans un abandon extrême de tout secours humain, qu'elle souffrit avec une patience admirable, dans l'espérance d'une vie eternelle. Ce sont des coups de grâce qui se font connaître en ces pays barbares plus sensiblement, et qui adoucissent puissamment les peines, les fatigues, et les amertumes d'un missionnaire.

Un jeune chrétien d'une nation étrangère, et mort très chrétiennement, m'attendrissait toutes les fois que je le faisais prier Dieu dans sa derniere maladie. Son cœur et sa dévotion se faisaient voir dans ses yeux, sur son visage, et dans l'ardeur de ses paroles. Ses parents en étaient en admiration. Il me témoigna plusieur fois souhaiter la mort, pour se voir au plutôt au Ciel. Ces sentiments sont une marque de Foy bien manifeste. Une Huronne chrétienne nous en a donné d'aussi sensibles. Elle s'était enfin laissée persuader, dans l'abattement d'une longue maladie, qu'un festin superstitieux la guérirait, mais elle reconnut sa faute et voulut d'elle-même en faire une réparation publique, faisant paraître une grande douleur d'avoir obéi à ces suppôts d'enfer, auxquels elle reprocha en bonne compagnie la malice qu'ils avaient eue de lui avoir donné un conseil si détestable.

Les Hurons de la Mission de Saint-Michel ont de plus grands désirs que jamais de se rendre à Québec pour y augmenter l'église de Notre-Dame-de-Foye. Quelques-uns de ceux qui ne sont pas encore chrétiens, ont témoigné qu'alors ils embrasseraient la Foy. Le plus important et le plus âgé de tous, prit la parole à la suite d'une petite leçon que je leur fis là-dessus, et déclara que pour lui, il n'attendrait pas si longtemps à se faire chrétien, qu'il en prenait à l'heure même la résolution, qu'il renonçait à ses songes et à tout ce qui était défendu par Dieu, qu'il se ferait instruire incessamment, qu'il ne manquerait pas tous les jours d'assister à la prière, et qu'il exhorterait les autres à suivre son exemple. Il a tenu sa parole jusqu’à présent, et j'espere qu'il sera bientôt baptisé.

Je finirai la presente par une action digne d'un courage chrétien. Un ancien de cette petite église, qui y a fait avec grande édification office de «catéchiste» ou de «dogique» depuis plus de vingt ans, qu'elle avait été privée de pasteur par les guerres de plusieurs années, ayant appris que son fils, qui était son unique, avait été tué sur la place dans un combat contre les Gandastogués. Il en fut affligé autant qu'on le peut être, quoique dans une résignation entière à la volonté de Dieu, dont il faisait à tous moments des actes héroïques. Mais ce qui surprit tout le monde, fut qu'une seconde nouvelle étant venue que ce jeune homme n'était pas mort, et que les plaies qu'il avait reçues ne paraissaient pas mortelles, ayant enfin été apporté sur une espèce de brancard, le vieillard alors reprenant ses esprits et animant sa Foy d'une nouvelle vigueur, il passa la journée à en faire des remerciments à Dieu, pleins de respect et de reconnaissance. Tous ceux de la bourgade s'assemblèrent en foule dans sa cabane pour lui en témoigner leur joie. Ils en sortirent avec une haute estime de sa vertu.

Après tout, j'ai remarqué que ce n'est pas tant la dépravation des mœurs qui empêche nos Sauvages d'être chrétiens, que les mauvaises idées qu'ils ont pour la plupart de la Foy et du christianisme. Je connais près de deux cents familles, entre autres, dans des mariages fermes et stables, qui élèvent moralement bien leurs enfants, qui empêchent que leurs filles ne conversent trop au dehors et qu'elles ne se jettent dans les désordres de l'impureté, qui ont horreur de l'ivrognerie, et qui seraient pour vivre très chrétiennement s'ils avaient la Foy. C'est un don de Dieu que nous lui demandons incessamment pour ces pauvres âmes qui sont le prix de Son Sang, et que je recommande très particulièrement, mon Réverend Père, à vos saintes prières et saints sacrifices.

À Tsonnoatoüan, ce 20 juillet 1672.

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