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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

jeudi, juin 17, 2010

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CHAPITRE III.

Des Missions Iroquoises.

De la Mission des Martyrs à Annie
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Nous avons sept Missionnaires dans les cinq Nations Iroquoises. Le Pere Bruyas, qui en est le Superieur General, a pris le soin de la Mission des Martyrs à Annié, avec le Pere Boniface, apres avoir travaillé quatre a cinq ans dans la Nation des Onneïout, les plus fiers et les moins traittables de tous les Iroquois. Cette rude Mission de saint François Xavier, est tombée entre les mains du Pere Millet. Le Pere de Lamberville, gouverne l'Eglise de saint Jean Baptiste à Onnontagué. Le Pere de Carrheil, qu'un restrecissement de nerfs retenoit à Quebec, s'en est retourné dés le Printemps en sa Mission de S. Joseph, apres avoir esté guery de son mal d'une façon miraculeuse, par le recours qu'il eut à Nostre-Dame de Foy et à sainte Anne. Nous avons appris qu'il est arrivé en parfaite santé, et que le Pere Raffeix, qui avoit eu soin de cette Mission en son absence, est allé secourir le Pere Garnier, pour partager avec luy le soin des trois Missions de la Conception, de S. Michel, et de S. Jacques à Sonnontoüan, où l'on compte douze à treize mille ames. Le progrez de toutes ces Nations dans la connoissance des veritez de nostre Foy a esté encore tres-grand cette année, quoy que je ne trouve que deux cents baptisez dans les memoires de nos Missionnaires; cela veut dire que les malades ont esté plus rares cette année, et que les sains, quoy que suffisamment instruits, n'ont point encore des résolutions assez fortes pour quitter leurs songes et renoncer à leurs coûtumes superstitieuses: les prières des gens de bien, le zele et la constance des Ouvriers Evangeliques acheveront cet ouvrage du Saint Esprit. Les Sauvages d'Annié, les plus humiliez par les armes du Roy, sont toujours en possession d'estre les mieux disposez à embrasser la Foy. L'affliction est necessaire à ces Peuples, pour les rendre dociles aux mouvements de la grace. Pour preuve des progrez notables que nos Peres y font par leur constance infatiguable à les instruire, c'est que plus de soixante y ont reçu le saint Baptesme.

Quinze des plus fervens, tant Chrestiens que Catechumenes de cette Eglise, s'en sont detachez, pour venir prendre l'esprit du Christianisme et de la dévotion parmy les Chrestiens Hurons de Nostre-Dame de Foy. Ils y onl esté reçeus avec tant de charité, que toutes les cabanes leur ont esté ouvertes, c'est à dire tous les cœurs, et que chacun leur a fait part liberalement de ce qu'il avoit de meilleur. Plus de cinquante autres estoient dans le mesme dessein, leurs canots estoient déja tout disposez, mais la crainte raisonnable qu'ils ont eu de mécontenter leurs peres, et que les Nations du Loup, leurs anciens ennemis, ne fussent tentées de tirer avantage de leur absence, les a obligez de differer leur depart à une occasion plus favorable.

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Version en français contemporain

CHAPITRE III.

Des Missions iroquoises.

De la Mission des Martyrs à Annie.

Nous avons sept Missionnaires dans les cinq nations iroquoises. Le Père Bruyas, qui en est le Supérieur Général, a pris soin de la Mission des Martyrs à Annié, avec le Père Boniface, apres avoir travaillé quatre a cinq ans dans la nation des Onneïout (nation de la pierre), les plus fiers et les moins traitables de tous les Iroquois. Cette rude Mission de Saint-François-Xavier, est tombée entre les mains du Père Millet. Le Père de Lamberville, gouverne l'église de Saint-Jean-Baptiste à Onnontagué. Le Père de Carrheil, qu'une crise de nerfs retenait à Québec, s'en est retourné dès le printemps en sa Mission de Saint-Joseph, après avoir été guéri de son mal d'une façon miraculeuse, par le recours qu'il eut à Notre-Dame de Foy et à sainte Anne. Nous avons appris qu'il est arrivé en parfaite santé, et que le Père Raffeix, qui avait eu soin de cette Mission en son absence, est allé secourir le Père Garnier, pour partager avec lui le soin des trois Missions de la Conception, de Saint-Michel, et de Saint-Jacques à Sonnontoüan, où l'on compte douze à treize mille âmes. Le progrès de toutes ces nations dans la connaissance des verités de notre Foy a été encore très grand cette année, quoique je ne trouve que deux cents baptisés dans les mémoires de nos missionnaires. Cela veut dire que les malades ont été plus rares cette année, et que les sains (ceux qui ne sont pas malades), quoique suffisamment instruits, n'ont point encore des résolutions assez fortes pour quitter leurs songes et renoncer à leurs coutumes superstitieuses. Les prières des gens de bien, le zèle et la constance des ouvriers évangéliques achèveront cet ouvrage du Saint Esprit. Les Sauvages d'Annié, les plus humiliés par les armes du Roy, sont toujours jouir d'être les mieux disposés à embrasser la Foy. Le mal est nécessaire à ces peuples pour les rendre dociles aux mouvements de la grâce. Pour preuve des progrès notables que nos Pères y font par leur constance infatigable à les instruire, c'est que plus de soixante y ont reçu le saint baptême.

Quinze des plus fervents, tant chrétiens que catéchumènes de cette Église, s'en sont détachés pour venir prendre l'esprit du christianisme et de la dévotion parmi les Hurons chrétiens de Notre-Dame de Foy. Ils y onl été reçus avec tant de charité, que toutes les cabanes leur ont été ouvertes, c'est à dire tous les cœurs, et que chacun leur a fait part libéralement de ce qu'il avait de meilleur. Plus de cinquante autres avaient le même but. Leurs canots étaient déjà tout disposés, mais la crainte raisonnable qu'ils ont eu de mécontenter leurs pères, et que les nations du loup, leurs anciens ennemis, ne fussent tentées de tirer avantage de leur absence, les a obligés de retarder leur départ à une occasion plus favorable.

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