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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

vendredi, janvier 23, 2009

TABLE LOGIQUE



Les sous-titres de l'ouvrage sont imprimés en caractères gras dans la présente table.



AVERTISSEMENT

Le communisme vu trop souvent sous le seul aspect économique alors qu'il se développe en utilisant toutes formes de luttes, oppositions, contradictions politiques, ethniques, «coloniales», etc.

Les «Documents» apportent références et rappel des circonstances historiques du marxisme 3



PREMIÈRE PARTIE

MARXISME ET «CIVILISATION MODERNE»



INTRODUCTION

Nécessité de distinguer plusieurs parties dans le «communisme»

Communisme et marxisme

Distinguer; marxisme, communisme, bolchevisme

Marxisme; forme de pensée, système philosophique, «dialectique» intellectuelle

Communisme: projection sociale et politique du marxisme. Formulations fluctuantes qui n'engagent pas essentiellement le marxisme

Bolchevisme et titismes

Marxisme et communisme aux prises avec le réel

Réalité russe et communismes «nationaux» ou titismes divers

Dans quel sens nous emploierons les trois mots


CHAPITRE I. - LE MARXISME, «PRISE DE CONSCIENCE»
DE LA «CIVILISATION MODERNE»

La civilisation «moderne» (condamnée par Pie IX), civilisation révolutionnaire, organise la société sans Dieu

La «prise de conscience», insertion volontaire dans un jeu de forces

Par l'action, le marxisme s'insère de façon dynamique dans ce mouvement révolutionnaire et en développe toute la puissance

Sens commun du vrai et du faux, du bien et du mal

Contre la pensée chrétienne et le sens commun, refus par le marxisme de toute notion d'UN BIEN et d'UNE VÉRITE immuables. Refus, non par la négation mais par l'action

Un monde marxiste qui s'Ignore

Exemples familiers


Perte du sens de la Vérité. Elle n'EST plus, elle se FAIT

Primat de l'action et fatalisme de l'histoire

Perte du sens de la finalité. Tout est mouvement, action

Ce n'est pas l'homme qui fait l'histoire, c'est l'histoire qui fait l'homme

«Un dynamisme fou!»

Plus de justification du mouvement par son but, sa FIN. L'action, le dynamisme justifient tout 26

«Crise de Finalité»

Négligence des FINS dernières, du BUT de la vie: «Que sert à l'homme...»

Foi moderniste

Amour romantique

Morale sans dogme

Economie sans finalité: produire pour produire, rendement pour lui-même: règne de la technocratie synarchique, déshumanisation

Violence faite au sens commun, à la pensée naturelle (et au christianisme) par ce tour d'esprit implicitement marxiste


CHAPITRE II. - LE MARXISME, HÉRITIER PRINCIPAL DE L'ESPRIT «MODERNE» ET DES COURANTS RÉVOLUTIONNAIRES

Après les exemples familiers, la préparation philosophique au marxisme par les courants de la pensée «moderne»

L'esprit moderne de Luther et Descartes à Hegel et Marx

Mépris de la philosophie chez Luther, pur «volontaire», formé par le nominalisme

Mépris de l'intelligence: rôle seulement PRATIQUE et d'ACTION

Impuissance de l'esprit à découvrir les vérités premières, pas de métaphysique, foi opposée à raison, etc.

Descartes: recherche d'une philosophie «pratique»

N'admet pour vrai que ce qui est «évident»: équivoque sur cette notion (évidence sensible

certitude subjective?)

Deux dangers: sensualisme et matérialisme (ramener la pensée au sensible); idéalisme (ramener le sensible à la pensée; le monde produit de notre esprit)

Hume: refus de la pensée spéculative et sensualisme

Kant: scission entre le réel et la pensée: l'homme maître de sa pensée, source de sa propre loi

Fichte: le «moi», seul créateur de la pensée, ~ppel au dynamisme germanique («Discours à la nation allemande») (note sur Schelling)

Hegel: Identité de l'être et du néant

L'idée pure évolue et crée l'histoire par un mouvement «dialectique» (idéalisme absolu)

Identité du vrai et du faux dans l'histoire, «révolution perpétuelle», contradiction continue de ce qui EST

L'État prussien, «moment» ultime du système hégélien

L'État, idée qui fait l'histoire, conception créatrice d'histoire; totalitarisme de l'État

Note sur la préparation du marxisme par les courants «orientaux» opposés à la fois au cartésianisme et au sens commun: drainage de toutes les erreurs par le marxisme (note 54)

Le marxisme, héritier du libéralisme

Apparente impossibilité d'une pensée fondée sur la contradiction

Cependant préparation implicite de ce tour d'esprit par le libéralisme («toutes les opinions sont bonnes»)

Fluctuance de la vérité, d'après les libéraux; «Il n'y a pas de choses, il n'y a que des actions» (Bergson)

Synthèse de la subversion

Tous les refus, toutes les propositions libérales ou nihilistes des penseurs subversifs, pris en compte et ordonnés par le marxisme

Et couronnement de la pensée révolutionnaire

Seul système cohérent dans l'incohérence

Unique contradiction irréductible: le catholicisme et le marxisme

Deux conséquences de l'«esprit modeme»

L'anarchie

S'il n'y a ni Vérité ni Bien, si tout évolue, tout est permis: «ni Dieu, ni maître»

Ou le marxisme

Anarchie: déperdition de forces, anarchie totale impossible

Ne croire qu'à la vertu d'efficacité: ordonner tous ses refus en vue de la seule action révolutionnaire: attitude marxiste

Horreur du marxisme pour l'impulsivité anarchique, souci: d'organisation, de méthode dans la Révolution

Conclusion

La vérité de rien, la force de tout

Dynamisme sans référence à l'Être: civilisation «moderne» implicitement ou explicitement marxiste

Caractère «intrinsèquement pervers» du marxisme

Le marxisme, inversion intellectuelle

Difficulté de «comprendre» le marxisme, parce 'qu'il heurte le sens commun, la pensée normale, le sens de l'Être

De là, nécessité de l'avoir montré dans la pensée et la civilisation «modernes» avant de le définir




DEUXIÈME PARTIE

DIALECTIQUE ET ALIÉNATIONS


CHAPITRE I. - DIALECTIQUE

Renversement de la philosophie de Hegel par Marx

Le mouvement de la pensée, réflexion dans le cerveau du mouvement de l'histoire, produit des forces matérielles en contradiction : matérialisme marxiste

Héritage marxiste des courants matérialistes vulgaires et du système de Feuerbach

«La dialectique, étude de la contradiction dans l'essence même des choses»

La dialectique: considérer les choses et les concepts «dans leur enchaînement, leur action réciproque» et leurs contradictions

Opposition de la dialectique à la métaphysique: refus d'étudier l'Être; ne voir systématiquement la contradiction qu'en elle-même

Erreur marxiste sur la métaphysique du mouvement

Note sur les caricatures de la métaphysique chez Politzer et les marxistes (note 22)

Indigence des marxistes dans leur théorie du mouvement poussée beaucoup plus loin par saint Thomas d'Aquin et la philosophie du sens commun

Être mû c'est ensemble ÊTRE et N'ÊTRE PAS. Apparente contradiction, où s'enferment les marxistes sans chercher plus loin

Ce que le marxiste refuse de voir: dans le mouvement une même chose est et n'est pas ... mais PAS EN MÊME TEMPS NI SOUS LE MÊME RAPPORT

Le monisme mutile le réel

Opposition des sens et de l'intelligence, de l'ETRE et du MOUVEMENT, etc.: goût de la contradiction pour elle-même dans le marxisme: faiblesse par rapport à la pensée chrétienne et traditionnelle

Le mouvement obéit à des LOIS. La métaphysique les étudie

Mettre de la contradiction partout

Le marxisme: «monisme» du devenir

Influence de ce «monisme» sur le langage : ne pas exprimer des idées mais provoquer des impulsions, mettre des forces en mouvement

Ne pas «interpréter» le monde mais le «changer»

Susciter et cultiver les contradictions

Même dans le parti communiste provoquer des «contradictions internes» (Mao-Tsé-toung): matérialisme «DIALECTIQUE»

La «pratique» (ou praxis) marxiste

Ne pas donner un contenu statique aux formules marxistes (Liou-Chao-tchi)

C'est la pratique qui doit commander à la pratique. Différence entre pratique chrétienne et pratique marxiste

Pas de «doctrine» proprement dite

... Mais un guide pour l'action

Équivoque du mot «doctrine» chez les marxistes; aucune référence à des principes métaphysiques, moraux, etc.

Le marxisme, totalitarisme de l'action matérielle et révolutionnaire

La pratique dirigée par les seules exigences de son propre développement

«Donner le branle à tout ce qui aspire à remuer»: idéal même de la Révolution

CHAPITRE II. - ALIÉNATIONS

Favoriser tout ce qui accélère le «mouvement» intégral

Combattre tout ce qui le freine: les «aliénations» ou attaches, enracinement de l'homme: fidélités provinciales, traditions, patrie

Désaliéner, déraciner, prolétariser

Le prolétariat, classe «sans racines« » et donc révolutionnaire

L'idéal du déshérité

«Cherchant les moyens permettant de réaliser la Révolution, Marx trouve le prolétariat» (Rosenberg)

S'intéresser au prolétariat, non parce' qu'il est faible, «mais en tant qu'il est UNE FORCE» (Lefèvre)


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TROISIÈME PARTIE

ILLUSTRATIONS DU MARXISME-LENINISME



CHAPITRE I. - LE MATÉRIALISME À CARACTÈRE DIALECTIQUE, L' «HUMANISME DU TRAVAIL», ET LA «RÉVOLUTION PERMANENTE»

Importance, pour le marxisme, des idées comme «FORCES»

1. - Le caractère dialectique du matérialisme marxiste

Refus marxiste de considérer la matière comme vérité ou absolu: aspects «fixistes» ou «dogmatiques» inconciliables avec le matérialisme «historique»

Le spirituel, produit des forces matérielles.

... et instrument d'organisation des luttes révolutionnaires.

Une idéologie qui serail universelle

Le marxisme-léninisme: universalisme de l'action pure.


2. - L'humanisme du travail.

Civilisation marxiste de la production matérielle

Deshumanisation convergente du capitalisme matérialiste et du socialisme rationalisé.

L'«homme nouveau marxiste» en continuelle évolution: pas de «nature humaine» stable sous les changements ou progrès.

«L'homme se fait lui-même par son action»: différence avec la notion chrétienne et humaine du travail


3. - La «Révolution permanente».

La Révolution, explication du monde, nouvelle «création» et «rédemption», «joue le rôle que joua la Vie Eternelle» (Malraux)

Foi absolue dans l'histoire infaillible

Le communisme comme «mouvement» et non comme «idéal» d'une société parfaite: pas de but stable.

Seule fin de la Révolution: la Révolution

«Il n'y a pas de but précis» .

Marxisme de Hitler (cf. Rauschnig).

«Rien de durable ... évolution perpétuelle»

Le marxisme est un «socialisme dialectique»

Pas d'organisation sociale «utopique» à atteindre mais une «Révolution continue»


CHAPITRE II. - LE MARXISME-LÉNINISME FACE À LA
SCIENCE, À LA MORALE ET À L'ACTION TACTIQUE

(suite des ILLUSTRATIONS)

4. - La science prolétarienne

La science prolétarienne, «force motrice de l'histoire»

Littérature et géographie «prolétarienne (note 37)

5. - La morale communiste

Haine du marxisme pour les Commandements de Dieu et toute morale «principielle»

La morale communiste, subordination de tout le comportement humain aux intérêts de la lutte de classe

Une morale adaptée aux conditions changeantes de la Révolution

L'amoralisme libéral et «moderne», étape nécessaire vers le marxisme (note 52)

Le «autant que... pas plus que» de saint Ignace mis au service de la Révolution: protéger ce qui la favorise, détruire ce qui la freine (et, contrairement au catholicisme, tous les moyens sont bons)

Rigueur de la morale révolutionnaire et souci d'auto-critique

«Transformer la guerre étrangère en guerre civile» (Lénine). Effusion de sang «en abondance» (Staline) (notes 58 et 59)

6. - L'action tactique

Les fautes tactiques, seuls «péchés» marxistes

Sévérités marxistes contre: ultra-démocratisme, égalitarisme absolu, subjectivisme, individualisme, mentalité de hors-la-loi, aventurisme, putschisme, et contre toute impétuosité, irréflexion, intempestivité, élan anarchique ou zèle
révolutionnaire mal calculé

Premier stade tactique: pourrir et berner l'adversaire

Endormir la vigilance « bourgeoise » par les campagnes de paix

Provoquer simultanément les «révolutions coloniales»

Centralisation dictatoriale, «violation despotique du droit de propriété» et violence marxiste, le moment venu

Adapter à chaque peuple, race, religion, des formules de désagrégation interne

Erreur de confiner le marxisme à la seule lutte communiste; prolétariat contre patronat (note 84)

Utilisation des «spiritualismes» orientaux pour lutter contre les pays non-communistes

Savoir montrer aux marxistes la force logique dans la doctrine de l'Eglise (note 85)

Second stade

Tout faire servir à la Révolution


CHAPITRE III. - LE MARXISME-LÉNINISME FACE AU PROBLÈME DE DIEU ET DE LA RELIGION

(cas particuliers des ILLUSTRATIONS)

Le marxisme essentiellement athée parce qu'essentiellement opposé à la contemplation, à la métaphysique, au sens commun

Haine de Dieu et de la religion (surtout du catholicisme)

Pas d'athéisme dogmatique

Athéisme pratique


Amener les croyants à participer avec les communistes à la lutte des classes

«uer l'Église avec des faits»... «athéisme ACTIF»

«Action commune»

Faire oublier Dieu par une action matérialiste et absorbante, véritable action révolutionnaire

Supprimer les rocines sociales de la religion

Réduire la religion à un pur sentiment intérieur et personnel, sans influence sur la vie mor,ale et sociale

«Main tendue» et marxisme «inconscient»

Le progressisme

«Idolâtrie de l'épanouissement» et humanisme marxiste de l'action (avertissement de l'Épiscopat français: Rapport doctrinal)

Condamnation du Saint-Office (1949) contre la collusion PRATIQUE avec les communistes

Alternances de violence et de ruse dans l'athéisme marxiste

Consignes aux communistes chinois (note 119)

Directives de Khrouchtchev (1954); respect des croyants mais propagande «scientifique» du marxiste en vue d'éliminer Dieu des esprits et des mœurs

Conclusion

Le communisme, forme présente «la plus p'oussée... de la lutte contre Dieu» (chanoine Lallemand)

Gravité du péché marxiste

Lui opposer la force de la Vérité

Montrer aux marxistes l'aspect fragmentaire de leur dialectique face à la cohésion du catholicisme

QUATRIÈME PARTIE

APPLICATIONS ECONOMIQUES ET POLITIQUES DU MARXISME-LENINISME:
COMMUNISME, BOLCHEVISME, TITISMES, ETC.


Vanité des réfutations «statiques» du communisme

Nécessité d'insister sur l'aspect dialectique du marxisme-léninisme, âme de la Révolution sous ses divers aspects locaux

Quelques exemples de «contradictions» suscitées et cultivées: colonisés contre colonialiste, chrétiens-progressistes contre chrétiens-intégristes


CHAPITRE I. - LE COMMUNISME

Les communismes non-marxistes

Les communismes avant et depuis Marx

Très grande variétés des systèmes communistes (marxistes ou non)

Utilisation de la mentalité et des théories communistes par le marxisme - léninisme comme des ferments de dés.agrégation sociale


A. LE COMMUNISME PRÉ-MARXISTE

Définition du communisme en général (Lalande)

De Platon aux Quakers

Influence de la Révolution «française» sur le courant révolutionnaire

Les «utopistes

Fourier (les «phalanstères) 170

Saint-Simon («néo-christianisme» de la richesse et de la science) 171

Owen (coopératives, crèches, étatisme) 171

La «désaliénation» en germe dans les systèmes «utopiques»

Ériger un communisme de combat

Marx: des chimères socialistes tirer une force

Utiliser les contradictions: capitalisme libéral - prolétariat; systématiser ces contradictions en théories sociales

B. LE COMMUNISME MARXISTE

1. «Critique» de la société libérale

Absurdité d'une prétendue «philanthropie» de Karl Marx

Bons diagnostics de son analyse du capitalisme libéral

Marx ne fut pas le premier à dénoncer l'exploitation des ouvriers

2. Les thèses communistes marxistes proprement dites

Matérialisme historique: l'histoire conditionnée par les modes de production et les révolutions qu'ils provoquent

Primat de l'économique

Théorie de la plus-value

Concentration du capital

Prolétariat érigé en classe

Lutte des classes

Dictature du prolétariat

Collectivisation générale

La société sans classe

Société future après décroissance progressive de l'Etat

Marx et Lénine peu loquaces en ce chapitre

Boukharine: distribution à l'entrepôt communal d'après le travail, puis «satisfaction des besoins de chacun» après éducation suffisante

Difficultés d'une disparition de l'État concomitante avec les nécessités d'une centralisation et d'une distribution des produits

Utopie de la «rotation sociale», méconnaissance des inégalités naturelles; folie du communisme

Atelier et bureau: les nouvelles «classes» de la société sans classe. Reprise de la lutte:

«la Révolution permanente»


C. RÉFUTATION DE QUELQUES THÈSES COMMUNISTES

On ne réfute pas le marxisme (dialectique); on réfute le communisme (aspect fixiste à caractère permanent)

1. ̊ La société communlste borne le destin de l'homme à la vie terrestre

2. La propriété privée personnelle y est e:onsldérée comme illégitime

3. Disparition de la famille

Suppression du lien juridico-moral du mariage dans le communisme (cf. Pie XI, Divini Redemptoris)de la propriété personnelle

4. Disparition des groupements naturels

5̊ Disparition de l'État

Situation anormale et faiblesse de l'Etat totalitaire

Fragilité des thèses communistes de Marx

«Plus-value»: le prix d'un objet n'est pas «que» le prix du travail pour le faire

«Lutte des classes»: notion arbitraire de «classe» dans une société à communautés naturelles; notion artificielle en vue de la lutte

CONCLUSION

Le communisme repoussé «en tant que système social en vertu de la doctrine chrétienne» (Pie XII)

Incompatibilité du socialisme avec le christianisme

CHAPITRE II. - BOLCHEVISME, TITISMES, ETC.

Le bolchevisme (ou les titismes) aspects concrets du communisme en œuvre

Le bolchevisme. aspect russe du communisme

Variété des «titismes» ou communismes «nationaux»

Dangers conjoints du bolchevisme russe et des semi-communismes, titismes, progressismes, etc.

Bolchevisme contre communisme

Les théories communistes de Marx mises en échec par la politique russe

Part des rivalités personnelles et des clans dans la politique bolchevique

Bolchevisme contre communismes nationaux (notes 82 et 83)

Simplisme dans la crainte du seul bolchevisme

Titismes, progressismes. etc.

Illusion de croire les titismes plus traitables que le bolchevisme

Comment les titismes trompent les nations «bourgeoises»

Exemple de Sékou-Touré

Communismes en Orient, Islam et maçonnerie

Titisme syrien

Pestilence diffuse des progressismes

Unité de la Révolution

Devoir d'une contre-Révolution intelligente et qui ne soit pas d'abord une démarcation de la Révolution. Pas «d'amateurisme»


DOCUMENTS


DOCUMENT I. - CONDAMNATIONS DU COMMUNISME.

Table historique: les Papes et le communisme

Condamnations du communisme

Table analytique des condamnations du communisme



DOCUMENT II. - DOCUMENTS PONTIFICAUX

Encyclique «Divini Redemptoris» (Pie XI)

Extraits de l'Encyclique «Mit Brennender Sorge» (Pie XI)

DOCUMENT III. - TACTIQUE RÉVOLUTIONNAIRE. (Textes de chefs communistes montrant leur souci d'une action efficace)

DOCUMENT IV. - RAPPELS HISTORIQUES

l. Schéma historique du communisme

(Quelques brefs rappels sur les événements du communisme dans le monde, de Karl Marx à nos jours) 325

2. Sectes et financiers dans les progrès du communisme. (Sans certains appuis idéologiques ou matériels, sans certaines conjonctions de banquiers et de meneurs révolutionnaires, le communisme n'eut pu se développer)

DOCUMENT V. - LA DIALECTIQUE MARXISTE-LÉNINISTE A L'œUVRE DANS LE MONDE.

1. La, dialectique marxiste appliquée en Pologne. (L'action du progressisme polonais (PAX) en faveur du communisme, d'après Cl. Naurois «Dieu contre Dieu?»)

2. La dialectique marxiste appliqué en Chine

(Le «terrain» chinois, la Révolution marxiste, la «réforme agraire», le «mouvement des Communes»: méthodes communistes de propagande
collective) 365

3. Le marxisme et la guerre d’Espagne

(D'après les textes pontificaux et épiscopaux, le récit des crimes et destructions de la Révolution communiste en Espagne)

4. La Révolution marxiste au Viet-Nam

(Témoignage d'un officier français à la Commission d'armistice au Vi et-Nam sur la formation idéologique des armées communistes du Vi et-Minh)

LE MARXISME- LÉNINISME




LA CITÉ CATHOLIQUE
3, rue Copernic. Paris (16e)






NIHIL OBSTAT:
Paris, 4 juin 1960
M. LE BLOND, S. j.

IMPRIMATUR:
Paris, 7 juin 1960
J. HOTTOT, v. g.
© by LA CITÉ CATHOLIQUE - 196O




Au Sacré-Cœur de Jésus, Roi des nations,

Au Cœur Immaculé de Marie,

Reine de la Russie,

Reine de l'Univers.



ARCHIDIOECESIS TAIPEHENSIS
CURIA ARCHIEPISCOPALIS
1. LANE 155 , HO PING EAST ROAD 1ST SECT.
TAIPEI, TAIWAN, CHINA.

March 12, 1960

Foreword to "Le Marxisme"


The great struggle of ideologies going on in our modern world is something which is not easily defined except on grounds of purpose. In fact, one must go down to the final purpose before the true nature of Marxism and its modern children is recognized. The reason is, that it makes use of every means possible, direct or. indirect, to reach its goal. Hence it shares purposes with patriotic, business, cultural and even religious organizations until it is strong enough to disown its partners and proceed alone in its absolute sway. It is only when we ask: "What do you intend to doafter this immediate task is done? What is your final goal?" that we discover the truth about Marxism - its demand that individual rights yield completely to the machine-like development of a commune system.

This book, "Le Marxismen, helps to fight the half truths told about Communism portraying it as a force which "lifts" society. It unveils the permanent philosophy of Communism, based on the claim that truth is uncertain, no form of thought 1s absolutely valid, and practical efficiency is the best norm of what should be done.

We in China have seen this policy in action; we eyen now see its destructive power working against what eyer is good in the family-society wh1ch has made China what it is. There, in China, religion and education, the greatest devotees of truth, are forced to submit to that degrading ideology by an unrecognized martyrdom: a constant wearing down of individual and collective resistance through economic strangulation, imprisonment, torture and death. Marxism has fai1ed to free anyone: let history teach us to turn to God tor freedom, in the Church, which has survived the worst oppression, in the Mystical Body of Christ our Savior.

Thomas Cardinal Tien, S.W.D.
Admin1strator Apostolio Of Taipei


TRADUCTION


PRÉFACE AU MARXISME

Le grand combat idéologique qui se déroule dans notre monde moderne n'est pas chose facile à définir, à moins de se placer sur le terrain du but poursuivi. En fait, il faut remonter' jusqu'au but final que se propose le Marxisme pour reconnaître sa vraie nature et celle de sa moderne descendance. La raison en est qu'il se sert de tous les moyens possibles directs ou indirects pour atteindre ses objectifs. Il s'ensuit qu'il fait cause commune avec des organismes patriotiques, économiques, culturels, voire religieux, jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour rejeter ses partenaires et progresser seul en maître absolu. Ce n'est que lorsque nous posons la question: «Que comptez-vous faire, une fois ce premier travail achevé? Quel est votre objectif final,» que nous découvrons la vérité sur le Marxisme, comment il exige que les droits individuels (de la personne) le cèdent complètement au développement automatique d'un système collectiviste.

Ce livre, «Le Marxisme», servira à lutter contre les demi-vérités répandues sur le Communisme, qui le dépeignent comme une force qui «soulève» la société. Il dévoile la philosophie permanente du communisme, fondée sur le postulat de la relativité de la vérité, sur le désir de valeur absolue à toute forme de pensée, et sur l'efficacité pratique admise comme la meilleure forme d'action.

Nous autres, en Chine, avons vu cet appareil en action, nous voyons encore maintenant sa puissance de destruction à l'œuvre contre tout ce qu'il y a de bon dans la société fondée sur la famille qui a fait de la Chine ce qu'elle est. Là-bas en Chine, religion et éducation, les plus dévouées servantes de la vérité, sont contraintes de se soumettre à cette idéologie dégradante par un martyre insidieux: à savoir une usure incessante de toute résistance individuelle et collective par étranglement économique, emprisonnement, torture et mort. Le Marxisme n'a jamais réussi à libérer qui que ce soit: puisse l'histoire nous apprendre à chercher la liberté en nous tournant vers Dieu, dans l'Église qui a survécu aux pires oppressions, dans le Corps Mystique du Christ, notre Sauveur.
Lettre du Visiteur apostolique

à

Monsieur Jean Cusset
Fondateur de l'Association «La Cité Catholique»
Rédacteur de la Revue «Verbe»
3, rue Copernic - PARIS XVIe - France.




VISITATOR APOSTOLICUS
pro Ucrainis Catholicis
in Europa Occidentali

Roma, le 30 mai 1960
Pontificio Seminario di S. Giosafat
7, Passegiata del Gianicolo, 7

Prot. N. AV. 5160/60
.

Monsieur le Directeur,

À l'occasion de la réédition en un volume de votre très belle étude sur le: «Marxisme, Communisme et Bolchévisme», vous m'avez demandé de vous écrire une lettre - Préface sur le danger communiste dans le monde libre. C'est pour moi une joie et un honneur que de répondre à cette invitation et je serais heureux si, pour aussi modeste que puisse être ma contribution, je puis inciter vos lecteurs à suivre avec plus d'attention encore les enseignements, informations et documents que vous mettez à leur disposition dans votre Revue.

Cette étude publiée dans votre Revue «Verbe», N̊90 à 94, au cours de l'année 1958, a retenu mon attention pour ces mêmes raisons que vous m'avez si bien exposées dans votre lettre du 3 février 1960 et précisément: «pour son aspect intellectuel et dialectique, aspect moins connu peut-être, mais d'autant plus dangereux qu'il commande les manifestations sociales, économiques et politiques du Communisme». Il ne m'a été possible de répondre à votre désir que maintenant, perce que j'ai voulu prendre en outre une exacte connaissance des documents que vous avez bien voulu me soumettre pour entrer en oontact d'esprit avec votre importante Association. Après avoir iu la «Charte» de cette Assooiation constituée par le livre: «Pour qu'Il Règne» et les différents artioles de la Revue «Verbe», je dois dire que j'ai senti, au cours de cette lecture, se développer et croître en moi une sympathie et un enthousiasme très réel pour votre Oeuvre, son but et ses réalisations. J'ai été particulièrement heureux de voir comment cette Association s'inspire fidèlement des enseignements des Pontifes Romains à propos du Communisme et comment Elle entend suivre les directives de l'Épiscopat français dans l'élaboration de la doctrine de sa Revue.

Votre idée de publier à nouveau ces articles me semble très heureuse parce que, parmi nos contemporains, un nombre de catholiques toujours trop grand, ignorant les principes premiers du Communisme, se laissent encore appâter par les vaines promesses de la doctrine communiste, espérant trouver en elle la réalisation des «lendemains qui chantent» d'un monde meilleur. La pensée catholique, si souvent rappelée par les Papes au cours de ces dernières années est que le Communisme place le fondement de toute vie sociale dans la volonté de l'homme alors qu'en fait ce fondement se trouve dans la Volonté de Dieu: ce que les Juristes français et les publicistes chrétiens à leur suite ont si bien exposés dans leur théorie de l'«Institution». Le Marxisme tend à briser les cadres normaux de la vie sociale par la lutte des classes et le Communisme a pour but de renverser cet ordre institutionsl établi et voulu par Dieu par l'anéantissement de ces valeurs spirituelles et morales sur lesquelles reposent toute civilisation.

On peut lire au frontispice du Palais de Chaillot à Peris, à l'entrée du Musée de l'Homme, place du Trooadéro, ces paroles de votre poète Paul Valéry: «Et nous aussi, civilisations, nous savons que nous sommes mortelles». Le péril de mort qui menace les différentes civilisations chrétiennes vivantes en ce monde n'a jamais été aussi grand, dans le moment même où un tiers de la population du globe se trouve directement ou indirectement sous l'emprise du régime communiste, alors que le Bolchevisme ne cache pas son désir de conquérir à sa «foi» et soumettre à son emprise le monde entier. Le danger est toujours imminent et tous doivent en être avertis, car tous doivent savoir quelle est la conséquence de leur choix. Les articles publiés par votre Revue donnent cet avertissement indispensable. Tous, catholiques, chrétiens ou simplement croyants, doivent s'unir devant ce péril de la dissolution ou de l'effacement des valeurs substantielles de leur civilisation par le fallacieux rayonnement de la doctrine communiste.

L'auteur de ces lignes est l'un des représentants de la hiérarchie de l'Église catholique de rite byzantin ukrainienne: par une disposition de la Providence, il se trouve dans le monde libre pour témoigner et demeurant à Rome, il y exerce, chargé par' le S. Père, les fonctions de Visiteur Apostolique pour les fidèles catholiques ukrainiens de rite byzantin dispersés en Europe Occidentale. Cette Église ukrainienne fut en 1945, la première à être enchaînée et mise hors la loi; d'abord Église du silence, elle est devenue ensuite Église au tombeau: tous les Évêques catholiques ukrainiens résidant en Ukraine furent arrêtés au cours de la nuit du 10 au 11 avril 1945, mis en prison, jugés, s'il est permis de s'exprimer ainsi, et condamnés aux travaux forcés en Sibérie où ils furent déportés. Tous sont morts là-bas, à l'exception de l'un d'entre eux, le Métropolite Joseph SLIPY, encore détenu en Sibérie pour souffrir et l'on peut lui appliquer en toute vérité la parole de St. Paul: «et ce qui manque aux souffrances du Christ en sa propre chair, je l'achève pour son corps qui est l'Église». (Col.1, 24).

Il me serait possible d'apporter ici de nombreux témoignages sur l'oeuvre dégradante du Communisme et du Bolchevisme en Ukraine après l'occupation bolchevique de l'Ukraine Occidentale et particulièrement sur le sort de l'Église catholique de rite byzantin et de ses institutions, mais tous ces témoignages trouvent une lumineuse synthèse dans un rapport officiel sur le Bolchevisme présenté au Pape Pie XII en 1939 et 1941, par le Métropolite André SZEPTYCKYJ, décédé en 1944 et dont la cause de béatification a été introduite il y a quelques années. Voici comment il s'exprimait:

«En observant ce régime (communiste) en temps de paix, car leur venue ici était pacifique, on comprend ce qu'ils ont été en Espagne en temps de guerre. Un système duquel est absolument exclu tout ce qui est ou pourrait être charité ou même bienveillance, ne serait-ce que pour les pauvres. Tout ce qui émane des autorités semble avoir pour but de vexer, ruiner, détruire, faire de la peine; avec cela un désordre presque invraisemblable. Des foules de bureaux, d'emplois, comités, représentants de toutes les autorités de Moscou et de Kief et toutes ces autorités n'ayant pas même de tâche définie et claire, se croient appelés à tout faire et pouvoir tout. Tous les ordres sont donnés avec menace de mort. Chaque branche de ces autorités fait des réquisitions et menace toujours de la peine de mort, et il semble que tous ces employés peuvent se permettre de tuer qui que ce soit, sans risquer d'être puni. L'ancienne Tchéka appelée actuellement N.K.W.D. (Narodny Komisariat Wnutrennych Diel) attire à soi et force par des menaces la jeunesse à devenir agents secrets. Dès le premier moment toutes les écoles ont été déclarées écoles d'État. Défense d'enseigner la religion et tendance systématique à corrompre la jeunesse, à l'attirer avant tout par des danses, musiques, jeux, et puis par une propagande d'athéisme fanatique».

Dans un document postérieur, écrit après l'occupation allemande de l'Ukraine Occidentale, le Métropolite ajoutait:


«Il semble tout à fait indiscutable que la haine envers le Christ et son Église était le motif principal des persécutions li auxquelles nous étions soumis; et ceux qui acpeptaient ces persécutions jusqu'à la mort étaient persuadés de souffrir pour la foi chrétienne et catholique».

Et plus loin: «Les bolcheviques étaient, et par malheur, sont encore... les ennemis les plus acharnés de Jésus-Christ, de son Église et de toute religion et de toute spiritualité; et d'après leur manière d'agir nous étions tous sûrs qu'après quelques années d'un régime pareil il ne serait resté dans notre pays ni c1ergé, ni églises, ni fidèles. Ils se proposaient ouvertement de ruiner jusqu'aux racines tout ce qu'il y a de chrétien dans notre pays».

Et enfin: «la manière ignoble de refuser même aux mourants de faire venir un prêtre avec les sacrements de l'Église. L'argument que dans les hôpitaux soviétiques on traite les mourants plus mal que las condamnés à mort dans les prisons de l'Europe, auxquels ordinairement on ne refuse pas d' accomp1ir leur dernière demande, semblait apte à obtenir un amendement dans la législation: il n'en a rien été».

Après ces citations, je ne me sens plus le courage de rien ajouter: je souhaite seulement que ces paroles rappellent à la vigilance surtout les catholiques qui doivent défendre leur foi et promouvoir sur la. terre le «Règne de Dieu».

Je souhaite à votre publication le plus vif succès et la plus grande diffusion non seulement parmi les catholiques français mais également parmi tous les croyants francophones.

Que le Seigneur communique à ces pages, par sa grâce toute puissante, la force de persuasion nécessaire pour illuminer les consciences et convaincre 1es esprits en face de cette synthèse de toutes les erreurs modernes qu'est le «Marxisme, Communisme et Bo1chévisme».

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur, avec mes voeux les meilleurs pour votre personne, l'expression de mes sentiments religieusement dévoués.

✚ Ivan Bučko

Archevêque de Leucade


jeudi, janvier 22, 2009

AVERTISSEMENT






Attendre de cet ouvrage une étude exhaustive des multiples théories communistes et socialistes, ou la description des agissements soviétiques dans le monde ne correspondrait guère à nos intentions.

Dans la partie doctrinale qu'on va lire, il s'agit moins d'expliquer et réfuter ce qu'on pourrait appeler d'un terme général: l'économie communiste, que de montrer les rouages de la pensée marxiste-léniniste.

Le tour d'esprit dialectique, le primat réservé à l'action, l'exploitation de tous éléments de lutte, enfin la systématisation de la mentalité révolutionnaire (1), ces aspects, trop souvent négligés, du Communisme sont pourtant les seuls qui permettent de comprendre les agissements de la subversion dans le monde contemporain.

On ne peut qu'être frappé du génie qu'elle déploie dans la guerre dite «psychologique», véritable guerre d'idées sur laquelle M. Krouchtchev, de son propre aveu, compte beaucoup.

Plusieurs croient encore que l'instauration d'un régime communiste appliquant dans toute leur rigueur les thèses économiques de Karl Marx, est la forme habituelle de l'action marxiste-léniniste.

Les récents événements prouvent le contraire: en Guinée comme à Cuba ou en Syrie point d'érection du prolétariat industriel en classe dominante. D'une part les conditions économiques sont très différentes de ce qu'elles étaient au «siècle de la vapeur». D'autre part on assiste à ce phénomène d'un authentique communisme qui se développe dans le monde en contradiction avec les thèses de Marx dont on nous dit qu'elles expriment les grandes lois de l'économie.

Marx prétendait qu'il fallait arriver à un degré d'industrialisation très poussé et de concentration du capital entre quelques individus pour que le communisme soit possible. Or on le voit proliférer dans des pays qui n'ont presque pas d'industrie et qui manquent très souvent de capitaux.

Paradoxe que ce communisme naissant dans des pays sous-développés et sous-équipés si l'on s'en tient aux conditions économiques telles que Karl Marx les indiquait!

Que deviennent dans l'univers contemporain les descriptions successives de la «société future»? Plus personne ne prend au sérieux les sornettes de Boukharine. Il y a bien loin de ce que décrivait son fameux «A.B.C.» au stakanovisme et aux «communes chinoises»!

Aussi, plutôt que de nous perdre dans l'analyse de conceptions de Marx (aujourd'hui dépassées) préférons-nous rappeler l'ESSENTIEL à savoir l'ESPRIT DU MARXISME-LÉNINISME.

Bien comprendre cet esprit, cette DIALECTIQUE, à l'œuvre dans le monde, c'est tenir une clé des mouvements subversifs qui agitent la planète.

Noirs contre blancs, colonisés contre «colonialistes», Islam, boudhisme contre «civilisations occidentales», voire clergés indigènes contre missionnaires, les antagonismes sont poussés aujourd'hui à leur plus grande exacerbation.

Certains refusent d'admettre qu'il y a une Révolution à l'œuvre sous prétexte qu'elle agit par des révolutions très variées... et qui ne sont pas toujours «communistes» au sens économique.

Cette négation favorise grandement les succès marxistes. Elle endort la vigilance des anti-communistes les plus sincères qui ne voient pas, sous la diversité des masques dont il se pare, le même esprit en travail dans les cinq continents.

C'est cet esprit qu'il nous paraît urgent de mettre en lumière. La tâche n'est pas facile tant il part d'une conception de l'intelligence et de la vie humaines contraire au sens commun.

De là le plan que nous avons adopté:
dégager de la mentalité «moderne» ce qui en elle prépare, annonce et évoque implicitement le comportement marxiste;

- décrire le tour d'esprit du marxisme-léninisme; en montrer les illustrations concrètes: conceptions marxistes du travail, de la morale, de la famille, de la patrie, de la religion, de l'économie, de la politique. Ces dernières nous donneront l'occasion de parler accidentellement du communisme, des socialismes, du bolchevisme et des différents «titismes».

Nous avons tenu, en outre, à ce que nos développements doctrinaux s'appuient sur des textes et sur un rappel succin des événements dans lesquels s'est manifesté le marxisme-léninisme.

Ces textes et ces rappels seront donnés sous le titre de «Documents».

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Notes:

(1) Ces éléments sont longuement étudiés dans l'ouvrage.


PREMIÈRE PARTIE

MARXISME
et
«CIVILISATION MODERNE» (*)




INTRODUCTION (**)


Une connaissance exacte du communisme n'est pas chose facile.

Et cela tient à l'ampleur autant qu'à l'extrême complexité de ce que recouvre cette seule étiquette de communisme. Masse énorme dont l'aspect terrifie davantage dans la mesure où l'emploi d'un terme unique pour la désigner contribue à en donner une idée plus... monolithique.

Devant l'apparente homogénéité d'un tel bloc, beaucoup se découragent, tant la force de cette unité leur paraît redoutable.

En réalité, le singulier de l'étiquette: «communisme» sert de camouflage à un pluriel. Non que nous entendions nier, par là, l'union des parties que nous allons distinguer. Nous prétendons seulement que pareille distinction offre maints avantages théoriques et pratiques (1).


Avantages théoriques:

Cette distinction permet de mieux comprendre le phénomène communiste en empêchant maintes confusions qui interdisent trop souvent une intelligence rigoureuse de cette forme suprême de la Révolution.

Avantages pratiques, ou, mieux encore, tactiques:

Semblable distinction (sans détruire, répétons-le, l'étroite solidarité des parties qu'elle indique) permet de découvrir des joints, failles et «vires» (2), où le premier regard avait craint de trouver un monolithe inaccessible.

Le communisme, en effet, peut être comparé à ces chaînes de montagne qui, de loin, paraissent infranchissables. Vient-on à les observer de plus près, maints détours, maints cheminements se présentent qui permettent de contourner les différents massifs. Ces différents massifs appartiennent bien, certes, à une même chaîne. Ils n'en sont pas moins distincts. Et tout le secret du passage de la montagne tient à la connaissance de leur pourtour.

Il en est de même pour le communisme.

À le désigner par ce terme unique, il prend l'aspect d'une muraille redoutable à l'assaut de laquelle nul n'ose marcher. Mais, l'examine-t-on de près, des massifs apparaissent entre lesquels la progression est possible.

MARXISME, COMMUNISME (proprement dit), BOLCHEVISME ou TITISMES...; tels sont en quelque sorte ces trois massifs: l'ensemble formant ce communisme athée condamné par Pie XI dans l'Encyclique Divini Redemptoris.

Peut-être serait-il possible d'en distinguer d'autres.

Nous croyons plus sage d'arrêter là nos distinctions. Ce qu'elles mettent en lumière est vraiment fondamental et permet d'ordonner toutes les distinctions complémentaires. Au surplus, il n'est jamais bon de multiplier sans raison le morcellement de ce que l'on se propose d'étudier. Si le refus de distinguer implique toujours le risque de confondre, un trop grand souci du détail fait oublier la véritable structure des ensembles.


Communisme et marxisme

Marxisme, communisme, bolchevisme et titismes...

Synonymes pour beaucoup, ces mots ont cependant un sens distinct.

Certes, la relation: marxisme-communisme-bolchevisme est rigoureuse, et il serait vain de nier leur étroite connexion.

Le marxisme, pourtant, n'est pas le communisme, qui mérite à son tour d'être distingué du bolchevisme.

Maints esprits sont marxistes, aujourd'hui, qui ne sont pas explicitement communistes. Et nous verrons plus loin que le marxisme peut se développer, et se développe même, en un courant distinct du courant communiste proprement dit. D'autant plus qu'il est encore des marxistes honteux, se réclamant fort peu du maître à large barbe, mais très imprégnés cependant par sa dialectique. Mustapha Kemal, Hitler, pour ne citer que deux noms plus célèbres, seraient à l'occasion fort intéressants à étudier sous ce rapport.

Et de même, il existe des communistes fort peu marxistes, ou qui ne le sont que très inconsciemment (3), ce qui est une façon de ne pas l'être ou de l'être mal, le marxisme impliquant une certaine «prise de conscience» (4) de la «dialectique» (5) qui le constitue. Or, Dieu merci, bien peu parviennent à l'inquiétant degré d'inversion intellectuelle qu'implique cette pleine et entière «prise de conscience».

En gros, disons que le marxisme est la forme de pensée, le système philosophique, la DIALECTIQUE intellectuelle de Marx.

Il nous semble donc préférable de réserver le terme «communisme» pour désigner ce que l'on pourrait appeler la projection socialo-politique du marxisme. Ensemble de formulations fluctuantes et contradictoires dont, aucune, à vrai dire, n'engage essentiellement le marxisme (6) rigoureusement entendu. Ce dernier, nous le verrons, n'est pas un ensemble de propositions stables, de vérités à croire, mais une méthode, un tour d'esprit, une façon d'envisager le monde et de s'y comporter.

La distinction que nous proposons n'est donc pas arbitraire. Bien loin d'opposer marxisme et communisme nous ne voulons indiquer, entre les deux, qu'une différence de degré. Les vrais marxistes, en effet, les marxistes «conscients» sont assez rares, tandis que les communistes vulgaires pullulent. Or, ce à quoi s'attachent plutôt ces derniers, ce qui les meut, ce qui les «accroche», est, au fond, différent (dans son accentuation) de ce qui est le ressort intime d'un marxiste authentique.



En bref, le communiste ordinaire est communiste et agit en communiste dans la mesure où il croit encore, peu ou prou (7), à une VÉRITÉ (au sens traditionnel et STABLE du terme) et, partant, à LA VÉRITÉ (ainsi entendue) de ce que professe, de ce que promet «le Parti». En cela, il reste assez proche de ces premiers socialistes, de ces premiers communistes, qualifiés d'utopiques par Karl Marx, parce qu'ils se figuraient l'ordre social à promouvoir à la façon d'un Thomas More écrivant son «Utopie», type idéal, stable et définitif de perfection sociale proposé comme un terme à nos efforts ici-bas.

Le vrai marxiste, au contraire, le marxiste conscient, sait que la notion traditionnelle de VÉRITÉ (fondée sur la notion d'ÊTRE, et telle que l'entend le sens commun) est la toute première que sa «dialectique» pulvérise. La vérité, pour lui, ne tend plus à l'exprimer: «adaequatio rei et intellectus» des scolastiques (8), la conformation de l'esprit à l'être, mais l'IDÉE-FORCE plus efficace dans l'instant, et qui, demain, devenue improductive, sera reniée sans scrupule.

Ce qui tend à mouvoir le communiste vulgaire c'est encore, la poursuite d'un certain être, d'un certain état social (notion statique) considérés comme un terme définitif.

Ce qui anime, ce qui exalte, ce qui meut le vrai marxiste, le marxiste «conscient», c'est la perspective (essentiellement dynamique, SANS TERME aucun; résolument anti-statique) d'un mouvement pur, dont toute notion (stable) d'être est écartée... Idéal de plus en plus déferlant, pourrait-on dire, de «la Révolution continue» (expression de Lénine), ou de «la Révolution permanente» (expression de Trotsky..., reprise naguère par M. Billières).



Autrement dit, nous proposons, pour la plus grande clarté de notre étude, de distinguer le marxisme strictement entendu et pleinement «conscient», de ce par quoi il se manifeste; mais sans qu'on puisse dire pourtant que ses manifestations successives (si contradictoires d'ailleurs) l'expriment essentiellement. Elles permettent de deviner ce qu'il est, par le flux même de leurs contradictions; elles ne l'expriment pas dogmatiquement: car le marxisme est anti-dogmatique par essence.

Et cependant, il est une littérature toute pleine de ce qu'on est bien obligé d'appeler les propositions communistes, même si elles ont été contredites une semaine plus tard par le P. C. Il est chaque jour des milliers d'hommes qui, grammaticalement au moins, affirment, nient...; et leurs propos sont considérés chaque fois comme expressions du communisme. C'est donc l'ensemble de ces formules, de ces propos (et l'action même que ces propos et ces formules suscitent et animent plus directement) que nous proposons d'appeler communisme proprement dit. Car, en fait, c'est cela que le plus grand nombre connaît, ce à quoi il pense plus explicitement quand on lui parle, ou qu'il parle lui-même, du communisme. 'intelligence, la pleine «conscience» de la «dialectique» marxiste, est assez rare en effet.


Bolchevisme et titismes...

Si la différence d'accentuation nous semble assez indiquée entre les deux premiers termes de ce trinôme, reste à préciser ce que nous entendons par le troisième.

Cela est fort simple.

Marxisme et communisme sont essentiellement théoriques, idéologiques et leur action, peut-on dire, en reprenant une formule de Lénine, est une action avant tout «idéologique».

Avec le bolchevisme, au contraire, on quitte ce plan de l'idéologie, et, bien que sous couvert toujours de l'étiquette communiste, on assiste à l'action de forces qui ne relèvent plus nécessairement du marxisme ou du communisme strictement entendus.

En bref: le bolchevisme est pour nous un marxisme, un communisme aux prises avec le réel, avec la nature des choses; autant dire un communisme agissant et réagissant, non plus sous la seule impulsion de l'idéologie dialectique, mais selon toute la complexité de passions humaines, d'intérêts personnels, d'appétits de clans, de rivalités nationales, ou ethniques..., etc.

Ainsi, le bolchevisme fut-il et demeure-t-il un communisme aux prises avec la RÉALITÉ RUSSE. Communisme à la sauce panslave. Et cela, par analogie et extension, invite à placer sous cette même étiquette de bolchevisme le comportement du marxisme, du communisme aux prises avec d'autres réalités nationales ou ethniques: «titismes» divers, déjà manifestés ou possibles; attitudes plus particulières du communisme dans les pays latins, ou les pays anglosaxons, dans les pays satellites de l'U.R.S.S., ou en Afrique, en Chine, en Inde, dans le Proche-Orient, en Amérique du Sud, etc.

Car ce que l'on appelle «communisme» aujourd'hui c'est encore tout cela...

... Non seulement le tour d'esprit marxiste, sa «dialectique», suprême conscience et suprême ressort de l'élan révolutionnaire.

... Non seulement les schèmes de propagande, les mots d'ordre, les thèmes subversifs de la IIIe Internationale .

... Mais encore les fluctuations, les combinaisons plus ou moins diplomatiques d'une «puissance communiste» aux prises avec d'autres puissances, d'autres nations, communistes ou non.


Dans quel sens nous emploierons les trois mots

En bref, nous entendons:

- par marxisme: ce qui relève plus particulièrement du tour d'esprit, de l'orientation et de la méthode philosophique, en un mot, de la dialectique révolutionnaire (9).

- par communisme: l'ensemble, fort contradictoire et toujours mouvant, des thèmes de propagande et principes d'action habituellement connus sous ce titre même de «communisme».

- par bolchevisme et «titismes»: l'aspect russe et les diverses réactions politiques, sociales, militaires, nationales et internationales d'une «puissance communiste» bien déterminée, aux prises avec d'autres puissances.

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Notes:

(*) Anciens no· 90 et 91 de Verbe.

(**) Ancien n̊ 90 de Verbe. Les notes au bas des pages sont numérotées pour chaque partie du présent ouvrage.

(1) Il est bien entendu que les distinctions que nous faisons entre communisme et marxisme-léninisme n'ont qu'une simple valeur de convention. Elles permettent, nous semble-t-il, une étude plus commode de l'aspect idéologique de ce qu'on appelle globalement «le Communisme». Nous avons réservé ce dernier terme à l'aspect économique et social par un souci pratique. Mais nous n'entendons faire aucune querelle de mots à ceux qui préfèrent donner au mot «communisme» la plénitude de son sens et englober sous ce nom l'idéologie marxiste-léniniste. L'essentiel est de bien voir les réalités: l'idéologie, le tour d'esprit d'une part, et ses diverses applications d'autre part.

(2) Cheminement sur une paroi rocheuse.

(3) Cf. Maurice Thorez lors de l'allocution d'ouverture à l'École centrale des militants communistes (l'Humanité du 11 octobre 1955):

«La science de la révolution s'appelle le matérialisme dialectique et historique. Il n'est pas possible que toute la classe ouvrière soit également pénétrée de cette science. Au sein de la classe on trouve des niveaux de conscience bien différents. Le Parti s'efforce d'élever le degré de conscience de la classe. Comme Lénine l'a souligné, le rôle du Parti est d'apporter la conscience socialiste, la théorie scientifique dans le mouvement ouvrier.»

(4) Une des formules les plus typiques du marxisme. Nous l'expliquerons bientôt. Chaque FOIS que dans ce texte nous emploierons cette expression entre guillemets c'est qu'elle est prise dans son sens marxiste.

(5) Autre formule-type.

(6) Cf. Staline. «Le marxisme n'admet pas de conclusions et de formules immuables, obligatoires pour toutes les époques et toutes les périodes. Le marxisme est l'ennemi de tout dogmatisme.» (Extrait d'un article du Bolchévik no. 14 (1950) et publié dans À propos du marxisme en linguistique.)

(7) Nous disons: peu ou prou. Entre le marxiste «conscient» et le communiste ordinaire il n'y a pas en effet de coupure nette. Tout réside en effet dans une «prise de conscience» plus ou moins nette de la «dialectique» marxiste. Le communiste ordinaire, pour peu «conscient» qu'il soit, très souvent, de cette «dialectique», n'en demeure pas moins un agent authentique du mouvement révolutionnaire. Encore une fois ce que nous disons ne tend pas à opposer, à désolidariser le communiste et le marxiste, mais à noter, pour la plus grande rigueur d'une étude générale sur le communisme, certaines différences d'accentuation. La suite de cette étude le fera comprendre. Nous ne cherchons, pour l'instant, qu'à expliquer sommairement le plan que nous nous proposons de suivre.

(8) Il y a vérité, nous sommes dans la vérité, affirme le sens commun, quand il y a «adéquation», étroite conformité entre l'ÊTRE, le réel et ce que nous pensons, disons, exprimons..., etc.

Cf. Verbe, no. 107, 108, 109, Introduction d la Politique.

(9) Le communisme vulgairement entendu suppose, en effet, une philosophie pleinement élaborée, une philosophie de l'histoire, une philosophie de l'homme. L'œuvre de Marx, loin de se limiter au Capital et loin de parler seulement d'économie politique, prétend apporter une réponse au problème de l'homme, de son origine, de sa place dans l'univers, de sa fonction sur la terre, de son destin historique... , etc. C'est cet aspect, généralement oublié et fort mal vu, du mouvement communiste que nous étudierons sous l'étiquette plus particulière de «marxisme».

mercredi, janvier 21, 2009

CHAPITRE I

LE MARXISME, «PRISE DE CONSCIENCE» DE LA «CIVILISATION MODERNE»




«Et en face d'un monde qui pense mal pour mieux s'adapter aux faits.»
Cardinal VILLENEUVE. (10)







On le remarquera, deux formules ont été mises entre guillemets dans ce titre. Ce n'est pas sans raison. Nous voudrions, par là, attirer l'attention sur le sens très particulier que nous leur donnons.

Soit, d'abord, la «civilisation moderne». C'est la dernière proposition du Syllabus qui nous fournit cette expression.

Ainsi désignée, et fustigée par Pie IX, cette «civilisation moderne» est la civilisation même de la Révolution (11), la civilisation fondée sur ses principes, animée par son esprit, professant haut et clair les «idées nouvelles». Civilisation conçue, préparée par les «philosophes» du XVIIIe siècle, répandue en Europe lors des guerres de la Révolution et de l'Empire, et colportée jusqu'aux extrémités de la terre par la Maçonnerie. Civilisation, dite «moderne» par opposition à la civilisation des siècles précédents, la civilisation chrétienne, qu'on prétend «dépassée», «obscurantiste», «moyen-âgeuse»...

«Civilisation moderne» qu'il faut se garder de considérer comme l'ensemble même de la civilisation contemporaine, laquelle demeure, consciemment ou non, héritière d'un passé chrétien prestigieux.

Les progrès de toute civilisation supposant un effort millénaire et la pieuse transmission de résultats acquis de génération en génération, il devrait aller sans dire que les plus brillantes civilisations, les plus harmonieuses, les plus complètes sont tributaires d'un plus riche et plus lointain passé.

En conséquence, si l'on devait entendre par «civilisation moderne» l'ensemble des progrès de tous ordres réalisés, à ce jour, par l'humanité, cette civilisation moderne serait la plus ancienne aussi. Tout au contraire, la «civilisation moderne» réprouvée par Pie IX, est (et se veut) une civilisation de rupture, une civilisation de refus du passé, dans la mesure où ce passé était et se disait explicitement chrétien.

La «civilisation moderne», c'est la civilisation révolutionnaire. Civilisation dont l'esprit, les principes inspirent, pénètrent, contaminent de plus en plus la civilisation tout court.


La «prise de conscience», insertion volontaire dans un jeu de forces

Mais il était une autre formule entre guillemets dans le titre de cette première partie: «prise de conscience».

Formule marxiste par excellence (12); et qui échappe, comme telle, à toute définition, au sens ordinaire de ce mot. Son intelligence relève, de ce qu'on est contraint d'appeler, faute de termes idoines, un sens pratique, non d'une explication verbale marquée au sceau de l'ÊTRE.

L'usage que font les vrais marxistes de cette formule, peut seul faire comprendre son sens exact. On voit cette expression revenir sous la plume de Lénine, comme un leitmotiv.

Elle n'est pas un acte de compréhension intellectuelle comme on conçoit ordinairement celle-ci; autant dire, à base d'arguments, de raisons, d'explications tendant à faire saisir ce qu'EST la chose envisagée.

Elle est une sorte de compréhension implicite et pragmatique. Insertion volontaire et systématique (si l'on peut ainsi parler!) dans un mouvement, un devenir, un certain jeu de forces, dont on se propose de développer méthodiquement la puissance (13). Non acte de compréhension à base d'arguments rationnels (statiques, métaphysiquement «réifiés»). Mais acte de compréhension dynamique, à base d'action et par voie de pénétration à l'intérieur même d'un mouvement que l'on fait sien. Car, voici l'essentiel pour le marxisme: c'est l'action qui instruit; c'est l'action qui explique, c'est l'action qui fait... «prendre conscience». À ce degré on s'aperçoit, en effet, qu'il n'est vraiment pas d'autre formule pour exprimer ce tour extrêmement significatif de l'esprit marxiste. Seule formule qui convienne, rigoureusement irremplaçable.

Et par là, sans doute, on aura déjà compris combien l'étude, l'intelligence du marxisme vont nous contraindre à pénétrer dans un univers nouveau où les lois naturelles du langage et de la pensée, les développements du sens commun vont se trouver frappés de caducité et revêtus d'une signification entièrement nouvelle.

Ainsi s'explique l'incompréhension générale du marxisme, bien qu'il soit de plus en plus objet d'étude et d'attention, mais toujours «du dehors». L'erreur tient à ce que l'on cherche toujours, plus ou moins, à le penser, à le réduire en formules d'ÊTRE, en formules statiques; alors qu'il est (et se veut par essence) à l'antipode de tout cela.


Sens commun du vrai et du faux. du bien et du mal

Le marxisme, avons-nous dit, «prise de conscience» de la «civilisation moderne».

Pour la civilisation tout court, en effet, pour cette civilisation contre laquelle s'est dressée la «civilisation moderne»; pour la civilisation catholique, civilisation du sens commun: est, est, non, non. Ce qui est, est, ce qui n'est pas, n'est pas.

Autant dire: la notion d'ÊTRE, objet premier de notre intelligence apparaît comme principe et fondement de tout notre comportement raisonnable, et, par là même, essentiellement humain.

«Convictions très élémentaires, écrit fort bien M. Jean Daujat (14), dont la plupart des gens sont imprégnés sans songer à les formuler tant elles leur paraissent aller de soi, et c'est pourquoi le marxisme les déroute et leur paraît impénétrable parce qu'ils n'ont pas même idée que ces convictions premières puissent être discutées...

«La première de ces convictions fondamentales... c'est que l'affirmation humaine a un sens; c'est que OUI et NON sont des mots qui ont un sens et qui ne peuvent être échangés; c'est que oui n'est pas non, que oui est oui et que non est non; c'est qu'on ne peut pas dire un jour le contraire de ce que l'on a dit la veille sans être infidèle à sa propre pensée et sans être, au moins une des deux fois, dans l'erreur; c'est, en un mot, qu'il y a une vérité et une erreur qui ne se confondent pas...

«Si oui et non ont un sens pour le commun des hommes c'est parce que le commun des hommes pense que notre intelligence doit reconnaître la réalité telle qu'elle est, que les choses sont ce qu'elles sont et qu'il ne dépend pas de nous qu'elles soient autrement.

«La dépendance de notre intelligence vis-à-vis de la vérité ou de la réalité à connaître, voilà la première conviction fondamentale de la pensée commune.

«La seconde, c'est qu'il y a un bien et un mal, des choses bonnes et des choses mauvaises, et que l'un n'est pas l'autre.»

Tel est le fond de la pensée chrétienne. Voilà ce qui fut et demeure le sens commun, le tour de la pensée fondamentale de l'humanité. Sens commun et façon de penser contre lesquels la philosophie dite moderne s'est progressivement constituée jusqu'au marxisme, forme suprême et radicale, forme la plus parfaite de cette opposition et de cette négation.

En effet, pour s'opposer parfaitement au sens commun, il n'aurait pas suffi d'avancer telles propositions résolument contraires à ses enseignements. Pour opposées qu'elles soient, l'affirmation et la négation appartiennent au même tour d'esprit, le fait de nier n'étant jamais qu'une forme d'affirmation.

Pour qu'il y ait opposition parfaite à ce courant naturel de la pensée humaine qui croit à l'affirmation et à la négation, il fallait détruire jusqu'au sens de l'affirmation et de la négation.

Et tel est l'effet du marxisme.

À cette pensée naturelle, sens commun de l'humanité qui croit à la valeur de l'affirmation, le marxisme oppose, non cette forme d'affirmation qu'est la négation, mais la destruction même des notions fondamentales et traditionnelles d'affirmation et de négation.

Et cela par l'effet d'une attitude essentiellement pratique. Un refus en actes (beaucoup plus qu'en paroles) de cette façon d'être et de penser où l'affirmation et la négation ont un sens. Refus d'ordre pratique. Refus par l'action.

Refus, désormais radical et total, par l'ordonnance d'un comportement général, d'une façon de vivre, d'une façon d'agir.

Refus pragmatique (non dogmatique) d'accorder à la notion «d'être», à la notion de vérité (telles que l'humanité les avait entendues jusqu'ici) la moindre valeur.

Refus par l'action, et non plus par affirmation ou négation, démonstrations, dogmatisme contraire...


Un monde marxiste qui s'ignore

Certes, mille choses restent à dire que nous étudierons plus loin; mais non sans avoir montré à quel point l'esprit général de la «civilisation moderne», son style de vie, sa «dialectique» disposent tout, préparent tout, la société, les cerveaux et les cœurs, de telle sorte que le marxisme s'y développe immanquablement.

Combien d'anti-communistes sont des marxistes «en puissance», auxquels il ne manque pour l'être «en acte», que cette «prise de conscience» qui décuplerait sur-le-champ leur dynamisme révolutionnaire.

La «civilisation moderne», telle que la conçoivent ceux qui la coupent de Dieu, est une civilisation marxiste qui s'ignore. Pour qu'elle soit communiste, au sens plein du mot, il ne suffirait que de la révéler à elle-même. Quoi d'étonnant à ce que les communistes se considèrent comme les accoucheurs d'une société déjà grosse de ce qu'ils attendent?


«Ça ne se fait plus »... Exemples familiers

Perte du sens de la vérité.

«Vous êtes d'un autre âge». - «Vous n'êtes pas de votre temps». N'est-ce point, désormais, la façon de désapprouver? En clair, plus de référence aux notions de vrai ou de faux, de bien ou de mal, de beau ou de laid.

«Ça ne se fait plus... Vous retardez... C'est démodé...

C'est dépassé...». Voilà qui tranche tout sans qu'il soit nécessaire de porter le moindre jugement de valeur.

La vérité n'est plus l'accord de notre pensée, de nos paroles avec l'ÊTRE, avec le réel. Elle n'est plus qu'un phénomène de synchronisme entre deux mouvements: l'élan de notre moi et le mouvement de l'histoire.

La vérité, dès lors, n'EST plus... Elle SE FAIT. Elle n'est plus tant OBJET d'intelligence, qu'objet de mouvement, objet d'élan vital, objet de vie. Elle n'est plus possession lumineuse de l'être. Elle n'est plus qu'une recherche dont les trouvailles devront être remises en cause perpétuellement.

Être dans le vrai relève, désormais, plus de la volonté que de la connaissance. S'y trouve, quiconque se trouve... «dans le courant»..., «dans le mouvement».

Combien croient encore à une vérité immuable, qui ne change pas, qui n'évolue pas?

La doctrine se définissant comme un corps de principes et de notions stables, susceptibles de nous éclairer, de nous guider en permanence, il est normal que l'amour, le goût de la doctrine se soient volatilisés dans un tel climat de «fluence» pure (15).

L'intelligence, à son tour, dont l'ÊTRE est l'objet essentiel, se trouve frappée de discrédit par là-même, et accusée de rompre, par l'immobilisme d'une connaissance «réifiante», un réel en perpétuel jaillissement (16).

Les idées ne sont plus jugées par rapport à l'être, mais par rapport à l'expression plus ou moins spontanée de celui qui les exprime: «idées sincères». Sinon par rapport au mouvement, au flux passionnel qu'elles peuvent déclencher et entretenir: «idées généreuses, dynamiques... idées-forces.»

«On ne parle plus aux intelligences, entendions-nous dire un jour. On parle aux tripes. On ne cherche pas à éclairer les esprits; on cherche à remuer»... (17)

Et les mots eux-mêmes!... ne seront plus utilisés pour l'être qu'ils désignent, mais pour la force qu'ils dégagent, une sorte de vertu incantatoire, sens dynamique, non littéral. Soient, par exemple, les mots: peuple, progrès, liberté, démocratie, fascisme..., etc. Pense-t-on qu'ils servent à désigner de l'être? Ce sont des forces qu'on cherche à mettre en branle en les employant. Ces mots n'ont (réellement) plus de sens. Ils ne servent pas à l'expression de la pensée. Ils servent à l'action.


Primat de l'action et fatalisme de l'histoire

Autrement dit, par un renversement total de l'ordre des êtres et des valeurs, la «civilisation moderne» transfère à des mouvements, à l'évolution, à l'action, à l'écoulement du temps les caractères de nécessité, d'intelligibilité, de finalité, etc..., qui avaient été jusqu'ici attribués à la nature humaine.

N'est-ce point Bergson, lui-même, qui a donné de l'homme cette défmition: «On est homme dans la mesure où l'on PREND CONSCIENCE (18) du courant qui porte l'humanité.»?

«Nous avions appris, écrit M. Gustave Thibon (19), que les essences sont déterminées et que les actes, les événements, sont contingents. On nous enseigne le contraire, à savoir que la nature humaine (s'il est permis d'employer encore ce mot) est foncièrement contingente, indéterminée, malléable tandis que les événements sont nécessaires et qu'ils nous «informent» (20), nous re-créent sans cesse. Pour ces pseudo-métaphysiciens tout est obscur dans l'homme (son être, qu'on ne définit jamais, se dissout dans l'économique et le social) mais tout est clair dans l'histoire. Nous ne savons pas qui nous «sommes», mais nous savons où le temps nous mène. C'est le chemin qui crée, non seulement le but, mais le voyageur lui-même.»

«Dans cette conception, ce n'est plus l'homme qui fait l'histoire, c'est l'histoire qui fait l'homme. Le temps n'est plus un canevas à remplir, un instrument offert à l'homme pour déployer sa liberté, c'est-à-dire pour réaliser son destin temporel et préparer son destin éternel; non, c'est l'homme qui est l'instrument du temps, la matière informe et chaotique qui reçoit sa forme et sa fin de ce démiurge. L'histoire, ainsi érigée en acte pur et en puissance créatrice, ressuscite à son profit les plus sombres idolâtries des âges barbares; dans cette perspective, tous les sacrifices humains sont permis et exigés: pourvu que le char divin poursuive sa course lumineuse, qu'importent les êtres obscurs broyés par ses roues! Si, en effet, tout le vrai et tout le bien résident dans l'avenir, les pires horreurs du présent se trouvent justifiées: est bon tout ce qui conduit à cet avenir, tout ce qui est conforme «au sens de l'histoire.» ...

Et, d'un bout à l'autre de l'ordre social, de l'usine aux salons, règne, plus ou moins confusément, le même état d'esprit.

L'action seule intéresse, et recueille tous les suffrages. Le mouvement est roi, et reine la puissance, reine la force puisqu'elles sont à leur tour principe du mouvement et de l'action.

L'univers conçu, traduit en valeurs de mouvement, en valeurs de force, telle est, de plus en plus répandue, notre façon d'envisager les choses.

Tel est l'esprit de la «civilisation moderne».


«Un dynamisme fou!...»

L'action, le mouvement, n'ont plus besoin d'y être justifiés, par référence à la «qualité» d'une FIN. Ils portent en eux-mêmes leur justification, et il ne vient même pas à l'esprit qu'ils aient besoin d'être justifiés. La notion de sagesse qui servait jadis à apprécier la valeur d'un comportement est à peu près oubliée. «C'est un homme d'action». Il suffit. Qui oserait ironiser après un tel éloge.

Il suffit d'entraîner, il suffit de mouvoir; et l'on s'abandonne sans inquiétude à la force, à la griserie de l'impulsion. L'élan même tient lieu d'argument, et d'argument décisif!

«C'est plein de vie! C'est dynamique! Il y a un «mouvement fou là-dedans! Quelle action!» Autant d'éloges péremptoires, qui, sans autres considérations, assurent le succès de la pièce, du film, ou du roman qui les méritent.

Mouvement pur! Action pure! L'action pour l'action. Sans ÊTRE antécédent, et sans ÊTRE pour terme, qui pourraient au moins permettre de JUGER ce mouvement.


«Crise de finalité»

Plus de sens d'une quelconque FINALITÉ (21).

Partant, rien de moins «moderne» que la prédication de ce que nos pères appelaient «les fins dernières», avec le «principe et fondement» des «Exercices spirituels» de saint Ignace. «Cela manque de dynamisme», nous a-t-on dit (22), ce qui signifie, simplement, qu'on ne trouve pas que cela ressemble assez à un mouvement pur.

Mais saint Augustin ne disait-il pas: «bene curris, sed extra viam». La course est rapide, mais à quoi sert-elle si elle manque le but?

«À quoi sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme?...», autant dire: manquer son BUT, manquer l'Être qui est sa fin.

Aujourd'hui, plus que jamais, à quoi serviront tant de barrages, tant d'usines, tant de records supersoniques, et l'emploi de l'énergie atomique, si l'humanité ne parvient pas mieux à la possession des vrais biens?


Notre Foi, elle-même, n'est-elle pas trop souvent assez proche parente de celle rejetée par le serment antimoderniste? simple élan religieux, aveugle, surgissant des profondeurs de la subconscience moralement informée sous la pression du cœur et l'impulsion de la volonté; et non cet «assentiment de l'intelligence» à une vérité, fondée sur l'autorité même de Celui qui a dit: «Ego sum Dominus, et non mutor» - «C'est Moi qui suis le Seigneur, et je ne change pas».


Et l'amour même! Amour romantique, qui n'est l'amour de rien, sinon l'amour de l'amour, entendez l'amour du plaisir d'aimer. Recherche de soi, non poursuite d'un BIEN, non possession d'un «ÊTRE». Amour justifié par son seul titre d'amour.


D'où cette «morale nouvelle», sans métaphysique et sans dogme (23).

Mouvement pur, toujours, sans référence à l'être, à un principe, à une finalité quelconque, en fonction desquels l'intelligence pourrait juger.

Énergie, volonté, ténacité, endurance, effort, ne sont-ils pas célébrés et magnifiés, parmi nous, sans souci d'une fin, sans souci d'un ordre quelconque, qui donneraient sens et valeur à ces forces, à ces élans d'énergie brute? Rien qui ressemble notamment à... «l'autant que... pas plus que», des «Exercices» de saint Ignace.


En économie, la production est devenue à elle-même sa fin. Et, bien loin de s'ordonner aux justes besoins, au vrai bonheur de l'homme, c'est à ce dernier qu'on demandera de se plier aux exigences de cette production. Des migrations humaines seront plutôt envisagées, des régions seront délibérément condamnées à devenir des déserts, pour la seule commodité d'un rendement matériel techniquement conçu. Régions surpeuplées, villes tentaculaires, conditions de vie où chacun sait pourtant que l'homme s'y déshumanise, s'y avilit, s'y corrompt physiquement, socialement, moralement. Peu importe! Une technocratie synarchique se moque éperdument de ces valeurs stables, principes mêmes de la permanence de l'ordre humain.

Comme le notait le chanoine Lallemand (24): «nous ne savons pas assez à quel point l'esprit de nos contemporains est formé à la mentalité révolutionnaire, dans les simples manières mêmes de penser. Nous nous figurons qu'il y a encore des vérités de base dans les esprits, des amours incontestées dans les volontés. Non! l'idéologie révolutionnaire a été poussée à ses dernières limites et dans tous les domaines. On ne voit plus pourquoi tout ne changerait pas perpétuellement sous l'effort de plus en plus puissant de l'homme».

Mais un tel oubli, une telle méconnaissance du «sens commun» seraient inexplicables, et inciteraient même à douter de la valeur naturelle que le catholicisme a toujours reconnue précisément au «sens commun», si l'on tendait à oublier l'authentique violence (25) faite à la pensée humaine par la plupart des philosophes, depuis trois siècles au moins.

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Notes:

(10) Préface à l'ouvrage de Charles de Koninck: De la Primauté du Bien Commun contre les personnalistes, 1943, Éditions Fides, Montréal, Canada.

(11) Quand nous parlons de la Révolution (au singulier et avec un grand R) il s'agit moins d'un quelconque renversement de régime (comme, par exemple, celui de la monarchie française en 1789) que d'un courant d'idées, de théories qui amenèrent un renversement complet (la Ré - volution : du latin «revolvere») dans la conception de l'homme et de la société. Ce courant se manifesta surtout avec la Réforme. La propagande des «philosophes» au XVIIIe siècle et la constitution active de la Maçonnerie lui donnèrent ensuite une plus grande force, notamment par les coups qu'elles portèrent à l'ordre social chrétien.

Nous verrons en quoi le marxisme peut être dit l'héritier principal de ce courant révolutionnaire.

Sur le sens de la Révolution ainsi entendue, il est significatif de remarquer l'unanimité de ses partisans comme de ceux qui l'ont combattue.

Du côté révolutionnaire: - «La Révolution n'est pas seulement pour la France. Nous en sommes comptables à l'humanité» (Thuriot à l'Assemblée Législative, le 17 août 1792).

- «On veut détruire la Révolution, mais je la défendrai, car je suis la Révolution, moi» (Bonaparte cité par Thiers Histoire du Consulat et de l'Empire, t. V, p. 14).

- «Nous vous convions à soutenir avec nous le combat de tous ceux qui procèdent de la Révolution, de tous ceux qui ont recueilli son héritage» (Jules Ferry. Discours du 6 septembre 1880).

- «Nous sommes chargés de préserver de toute atteinte le patrimoine de la Révolution» (Viviani. Discours du 15 janvier 1901).

- «Nous sommes révolutionnaires mais nous sommes les fils de la Renaissance et de la Philosophie avant d'être les fils de la Révolution.» (Le Journal des Débats en 1852.)

Et du côté de ses adversaires: «La Révolution est une doctrine qui prétend fonder la société sur la volonté de l'homme, au lieu de la fonder sur la volonté de Dieu» (Albert de Mun à la Chambre des Députés, novembre 1878).

- «Elle se manifeste par un système social, politique et économique, éclos dans le cerveau des Philosophes, sans souci de la tradition et caractérisé par la négation de Dieu sur la société publique. C'est là qu'est la Révolution et c'est là qu'il faut l'attaquer.» (3e Assemblée Générale du Cercle Catholique, 22 mai 1876.)

- «Le reste n'est rien, ou plutôt tout découle de là, de cette révolte orgueilleuse, d'où est sorti l'État moderne, l'État qui a pris la place de tout, qui est devenu dieu et que nous nous refusons à adorer.»

- «La contre-Révolution, c'est le principe contraire, c'est la doctrine qui fait reposer la société sur la loi chrétienne.» (Chambre des députés, novembre 1878.)

- Et le R.P. d'Alzon, en 1876: «La guerre est entre la Révolution et l'Église. L'Église a eu d'autres ennemis; elle les a tous vaincus. Aujourd'hui elle a affaire à la Révolution.»

- «Pas de milieu! écrit Blanc de Saint-Bonnet (La Légitimité) Ou voir régner l'Église dans nos mœurs, ou voir régner la Révolution.»

- «La Révolution... est une doctrine, ou si l'on aime mieux, un ensemble de doctrines, en matières religieuse, philosophique, politique et sociale. Voilà ce qui lui donne sa véritable portée...» (Monseigneur Freppel, La Révolution française, p. 1.)

- M. Jean de Fabrègues montre bien à quelle prétention universelle tend la Révolution. Il note dans La Révolution ou la foi (pp. 64 à 66):

«C'est André Malraux qui a écrit un jour une courte phrase qui explique toute notre époque. La voici: «La Révolution joue aujourd'hui le rôle que joua la vie éternelle»... La «Révolution est explication du monde, de son mouvement, de son rythme; elle en donne le sens, le but; elle en est l'espoir et elle en sera l'achèvement... La Révolution est rédemption, elle est aussi création, «nouvelle création» du monde, le monde d'«après» ne sera plus celui d'«avant»... La Révolution engendre non seulement des rapports nouveaux entre les hommes, un monde nouveau, mais très exactement aussi un homme nouveau... Entre la Foi et cette notion de la Révolution absolue, il n'y a ni compromission, ni composition possibles: elles s'excluent puisqu'elles sont toutes les deux DES EXPLICATIONS DU MONDE et des re-créations de l'homme et QUI S'OPPOSENT DIAMÉTRALEMENT.»

On trouvera dans Pour qu'Il Règne (pp. 119 et suivantes) de plus longues citations, notamment celles de plusieurs Papes. Citons entre autres ces paroles de Pie XII: «Faute de principes doctrinaux, précis et fermes, le monde intellectuel, surtout depuis la fin du XVIIIe siècle, était mal préparé à découvrir les infiltrations dangereuses et à réagir contre leur pénétration insensiblement progressive.» (26 mars 1951.)

Tel est le sens dans lequel nous parlons de la Révolution (au singulier et avec une majuscule).

(12) «AVOIR conscience», «ÊTRE conscient»... impliquaient déjà une notion d'être, absente du marxisme. «PRENDRE» conscience est un mouvement d'insertion dans le courant. De là, la conception purement dynamique que l'accouplement «prendre-conscience» suppose, sens tout différent de celui du catholicisme, et qui, de Rousseau à Bergson, a subi bien des fluctuations. Il n'en reste pas moins qu'à la lettre cette expression: «prendre conscience» n'a par elle-même rien d'hétérodoxe et de nécessairement marxiste. Elle est seulement pervertie par le marxisme dans une perspective où la vérité objective n'a plus de place.

(13) «Le grand homme c'est celui qui a pris conscience du mouvement général de son époque et qui a placé son point d'insertion pour pousser dans le sens du mouvement histori que». (Roger Garaudy: Le matérialisme historique, «Les lois de l'histoire», Cours de Philosophie, fascicule IV de «l'Université nouvelle», 1946, Édit. Sociales, Paris.)

- Cf. également M. Sékou-Touré, l'actuel chef de la Guinée dans son discours du 8 mars 1959:

«Nous croyons aussi qu'en Guinée le même effort de reconversion a été réalisé par la plupart des syndicalistes qui, de très bonne foi, mais par manque d'expérience et de FORMATION THÉORIQUE, ne pouvaient, il y a un moment, ANALYSER CONCRÈTEMENT UNE SITUATION POUR EN DÉDUIRE LES LOIS FONDAMENTALES D'ÉVOLUTION...»

(14) Connaître le Communisme - La Colombe, pp. 7 et 8.

(15) Cf. Blanc de Saint-Bonnet: «Confusion et dissolution de toutes les notions supérieures, de tout ce qui doit éclairer les peuples et les préserver de la ruine. Nous succombons par l'oubli des doctrines, et nous écartons constamment tout ce qui a le caractère d'une doctrine. Nous trahissons les idées, et nous le comprenons si bien que toute notre curiosité se porte sur les faits. Or les faits MARCHENT...» (La Légitimité.)

(16) Cf. Charles de Koninck: «Peut-être avons-nous, nous-mêmes, succombant sous le poids de cette tradition moderne, perdu foi en l'intelligence humaine à un degré tel qu'il nous répugne d'admettre que ce que les hommes pensent, et que ce qu'ils enseignent dans des salles de cours apparemment paisibles, peut avoir quelque grave conséquence pour le solide épicier du coin...» Opus cit., p. 104.

(17) Cf. Charles de Koninck (Opus cit., p. 102, 103): «L'attitude des philosophes envers le lecteur a complètement changé. Ce n'est pas tant la vérité de ce qu'ils disent, que le lecteur et l'écrivain eux-mêmes qui deviennent objet principal de leur préoccupation. Ils espèrent toujours, pour leur propre avantage, confessent-ils, que le lecteur approuvera leurs opinions... Comparez ce procédé à celui d'Aristote ou de saint Thomas... Les œuvres philosophiques revêtent une forme qui les met de plus en plus à l'abri d'une réfutation en règle. Elles sont enracinées dans un comportement. La philosophie devient de plus en plus l'expression de la personnalité des philosophes. Elle devient une activité littéraire. Et qui réfutera un poème?...» On ne peut, en effet, réfuter sérieusement que ce qui appartient à l'ordre de l'affirmation (et de la négation). Comment réfuter (au sens strict) celui qui n'affirme pas, ne nie pas mais AGIT? Comment réfuter celui pour lequel affirmations ou négations (apparentes, grammaticales) n'ont, de son plein aveu, aucune valeur réelle d'affirmation ou de négation (au sens traditionnel de ces deux termes), mais une valeur d'action, une simple vertu motrice. Le marxisme (conscient) est (essentiellement) cela, et veut être cela. De ce fait, il échappe au domaine de l'affirmation et de la négation; même quand il semble affirmer et nier (grammaticalement). Un vrai marxiste, en effet, n'accorde à ces affirmations et négations aucune valeur réelle (valeur d'être) mais une valeur d'action. LE MARXISME EST UNE ACTION. Et la parole pour lui n'est pas expression de l'ÊTRE mais une force en vue de l'action. Aussi, faut-il avoir entendu le rire des vrais marxistes quand on prétend que d'aucuns ont... «réfuté» le marxisme. «Il ne s'en porte pas plus mal», répondait Cogniot naguère. Quand nous déciderons-nous à comprendre que le marxisme réalise l'inversion radicale, la «révolution» totale des facultés, des valeurs humaines; autant dire, quelque chose de mille fois plus grave, mille fois plus dangereux que pourrait l'être l'affirmation (ou la négation) la plus abominable. Car il resterait au moins, sous pareille affirmation (et négation) la vertu propre de l'affirmation (et de la négation). Authentique valeur d'ÊTRE.

Tant qu'on affirme, tant qu'on nie, cela prouve, au moins, que l'homme, animal intellectuel, n'a pas tout à fait perdu le sens de la valeur d'être et que, par là-même, il continue à rester essentiellement conforme au plan divin: un animal raisonnable, animal qui donne un sens au verbe «être». Le tour de force du marxisme est de réaliser un monde où les hommes auront perdu ce sens-là, où ils ne penseront plus (au sens métaphysique) mais où il AGIRONT... «consciemment». Ce mot est intraduisible. Entendez que les hommes se livreront à l'ACTION d'une façon méthodique, systématique, refusant qu'une valeur d'être puisse servir de PRINCIPE et de FIN à ce mouvement. Point d'Alpha et d'Oméga. Et, à plus forte raison, point de Celui qui s'est défini l' «Ego sum qui sum»: l'Être même, éternellement subsistant.

(18) C'est nous qui soulignons. Mais précisément n'est-il pas significatif de voir la formule marxiste naître spontanément sous la plume de Bergson au moment où il écrit une définition pareille, ce qui ne veut pas dire que Bergson doive être pris pour un marxiste. On voit au contraire les attaques du communisme contre lui. Nous voulons indiquer seulement à quel point les erreurs de pensée, même des non-marxistes, ont contribué, en fait, aux progrès du communisme.

(19) Sens et non-sens de l'historicisme. Cf. «Itinéraires», juillet-août 1956, n̊ 5, pp. 2 et 3.

(20) Au sens fort, au sens scolastique de ce mot (note de La Cité Catholique).

(21) Cf. le discours de S. Ém. le Cardinal Léger, Archevêque de Québec, dans un congrès international de patrons chrétiens. Verbe, no. 99, p. 45.

(22) Ce qui est d'ailleurs faux, ainsi qu'on le constate à l'expérience, et comme il est facile de le comprendre, si l'on veut bien ne pas oublier que le BUT indiqué par ce «principe et fondement», étant surnaturel et comme à l'infini, sa poursuite ne peut pas ne pas mettre en œuvre toutes les énergies. «Quantum potes, tantum aude» - tout ce que tu peux, ose-le. Telle est l'authentique formule du dynamisme chrétien; mais dynamisme rigoureusement ordonné par le Dogme, des principes stables, et dont le terme est l'ÊTRE même, éternellement subsistant: Dieu.

(23) Cf. Pie XII (18 avril 1952) «Le signe distinctif de cette morale est qu'elle ne se base point sur les lois morales universelles, comme par exemple les Dix Commandements, mais sur les conditions ou circonstances réelles et concrètes dans lesquelles on doit agir».

(24) Rapport aux journées d'études sociales de la «Fédération Nationale Catholique» (26 octobre 1936).

(25) Cf. Léon Brunschvig: La modalité du jugement, p. 1 à 5... Parlant d'une «spéculation philosophique» typiquement «moderne», ce philosophe ne peut s'empêcher de confesser...: «De ce point de vue AUQUEL IL FAUT QUE L'ESPRIT S'ACCOUTUME «LENTEMENT ET LABORIEUSEMENT... » - On comprend que nous devons être loin, par là même, de ce qu'un Bergson dut saluer comme «la métaphysique NATURELLE de l'intelligence humaine.» Aucune accoutumance lente et laborieuse n'y était exigée de l'esprit. Elle s'appelait, tout au contraire, la philosophie du sens commun.



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