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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

vendredi, janvier 23, 2009

Lettre du Visiteur apostolique

à

Monsieur Jean Cusset
Fondateur de l'Association «La Cité Catholique»
Rédacteur de la Revue «Verbe»
3, rue Copernic - PARIS XVIe - France.




VISITATOR APOSTOLICUS
pro Ucrainis Catholicis
in Europa Occidentali

Roma, le 30 mai 1960
Pontificio Seminario di S. Giosafat
7, Passegiata del Gianicolo, 7

Prot. N. AV. 5160/60
.

Monsieur le Directeur,

À l'occasion de la réédition en un volume de votre très belle étude sur le: «Marxisme, Communisme et Bolchévisme», vous m'avez demandé de vous écrire une lettre - Préface sur le danger communiste dans le monde libre. C'est pour moi une joie et un honneur que de répondre à cette invitation et je serais heureux si, pour aussi modeste que puisse être ma contribution, je puis inciter vos lecteurs à suivre avec plus d'attention encore les enseignements, informations et documents que vous mettez à leur disposition dans votre Revue.

Cette étude publiée dans votre Revue «Verbe», N̊90 à 94, au cours de l'année 1958, a retenu mon attention pour ces mêmes raisons que vous m'avez si bien exposées dans votre lettre du 3 février 1960 et précisément: «pour son aspect intellectuel et dialectique, aspect moins connu peut-être, mais d'autant plus dangereux qu'il commande les manifestations sociales, économiques et politiques du Communisme». Il ne m'a été possible de répondre à votre désir que maintenant, perce que j'ai voulu prendre en outre une exacte connaissance des documents que vous avez bien voulu me soumettre pour entrer en oontact d'esprit avec votre importante Association. Après avoir iu la «Charte» de cette Assooiation constituée par le livre: «Pour qu'Il Règne» et les différents artioles de la Revue «Verbe», je dois dire que j'ai senti, au cours de cette lecture, se développer et croître en moi une sympathie et un enthousiasme très réel pour votre Oeuvre, son but et ses réalisations. J'ai été particulièrement heureux de voir comment cette Association s'inspire fidèlement des enseignements des Pontifes Romains à propos du Communisme et comment Elle entend suivre les directives de l'Épiscopat français dans l'élaboration de la doctrine de sa Revue.

Votre idée de publier à nouveau ces articles me semble très heureuse parce que, parmi nos contemporains, un nombre de catholiques toujours trop grand, ignorant les principes premiers du Communisme, se laissent encore appâter par les vaines promesses de la doctrine communiste, espérant trouver en elle la réalisation des «lendemains qui chantent» d'un monde meilleur. La pensée catholique, si souvent rappelée par les Papes au cours de ces dernières années est que le Communisme place le fondement de toute vie sociale dans la volonté de l'homme alors qu'en fait ce fondement se trouve dans la Volonté de Dieu: ce que les Juristes français et les publicistes chrétiens à leur suite ont si bien exposés dans leur théorie de l'«Institution». Le Marxisme tend à briser les cadres normaux de la vie sociale par la lutte des classes et le Communisme a pour but de renverser cet ordre institutionsl établi et voulu par Dieu par l'anéantissement de ces valeurs spirituelles et morales sur lesquelles reposent toute civilisation.

On peut lire au frontispice du Palais de Chaillot à Peris, à l'entrée du Musée de l'Homme, place du Trooadéro, ces paroles de votre poète Paul Valéry: «Et nous aussi, civilisations, nous savons que nous sommes mortelles». Le péril de mort qui menace les différentes civilisations chrétiennes vivantes en ce monde n'a jamais été aussi grand, dans le moment même où un tiers de la population du globe se trouve directement ou indirectement sous l'emprise du régime communiste, alors que le Bolchevisme ne cache pas son désir de conquérir à sa «foi» et soumettre à son emprise le monde entier. Le danger est toujours imminent et tous doivent en être avertis, car tous doivent savoir quelle est la conséquence de leur choix. Les articles publiés par votre Revue donnent cet avertissement indispensable. Tous, catholiques, chrétiens ou simplement croyants, doivent s'unir devant ce péril de la dissolution ou de l'effacement des valeurs substantielles de leur civilisation par le fallacieux rayonnement de la doctrine communiste.

L'auteur de ces lignes est l'un des représentants de la hiérarchie de l'Église catholique de rite byzantin ukrainienne: par une disposition de la Providence, il se trouve dans le monde libre pour témoigner et demeurant à Rome, il y exerce, chargé par' le S. Père, les fonctions de Visiteur Apostolique pour les fidèles catholiques ukrainiens de rite byzantin dispersés en Europe Occidentale. Cette Église ukrainienne fut en 1945, la première à être enchaînée et mise hors la loi; d'abord Église du silence, elle est devenue ensuite Église au tombeau: tous les Évêques catholiques ukrainiens résidant en Ukraine furent arrêtés au cours de la nuit du 10 au 11 avril 1945, mis en prison, jugés, s'il est permis de s'exprimer ainsi, et condamnés aux travaux forcés en Sibérie où ils furent déportés. Tous sont morts là-bas, à l'exception de l'un d'entre eux, le Métropolite Joseph SLIPY, encore détenu en Sibérie pour souffrir et l'on peut lui appliquer en toute vérité la parole de St. Paul: «et ce qui manque aux souffrances du Christ en sa propre chair, je l'achève pour son corps qui est l'Église». (Col.1, 24).

Il me serait possible d'apporter ici de nombreux témoignages sur l'oeuvre dégradante du Communisme et du Bolchevisme en Ukraine après l'occupation bolchevique de l'Ukraine Occidentale et particulièrement sur le sort de l'Église catholique de rite byzantin et de ses institutions, mais tous ces témoignages trouvent une lumineuse synthèse dans un rapport officiel sur le Bolchevisme présenté au Pape Pie XII en 1939 et 1941, par le Métropolite André SZEPTYCKYJ, décédé en 1944 et dont la cause de béatification a été introduite il y a quelques années. Voici comment il s'exprimait:

«En observant ce régime (communiste) en temps de paix, car leur venue ici était pacifique, on comprend ce qu'ils ont été en Espagne en temps de guerre. Un système duquel est absolument exclu tout ce qui est ou pourrait être charité ou même bienveillance, ne serait-ce que pour les pauvres. Tout ce qui émane des autorités semble avoir pour but de vexer, ruiner, détruire, faire de la peine; avec cela un désordre presque invraisemblable. Des foules de bureaux, d'emplois, comités, représentants de toutes les autorités de Moscou et de Kief et toutes ces autorités n'ayant pas même de tâche définie et claire, se croient appelés à tout faire et pouvoir tout. Tous les ordres sont donnés avec menace de mort. Chaque branche de ces autorités fait des réquisitions et menace toujours de la peine de mort, et il semble que tous ces employés peuvent se permettre de tuer qui que ce soit, sans risquer d'être puni. L'ancienne Tchéka appelée actuellement N.K.W.D. (Narodny Komisariat Wnutrennych Diel) attire à soi et force par des menaces la jeunesse à devenir agents secrets. Dès le premier moment toutes les écoles ont été déclarées écoles d'État. Défense d'enseigner la religion et tendance systématique à corrompre la jeunesse, à l'attirer avant tout par des danses, musiques, jeux, et puis par une propagande d'athéisme fanatique».

Dans un document postérieur, écrit après l'occupation allemande de l'Ukraine Occidentale, le Métropolite ajoutait:


«Il semble tout à fait indiscutable que la haine envers le Christ et son Église était le motif principal des persécutions li auxquelles nous étions soumis; et ceux qui acpeptaient ces persécutions jusqu'à la mort étaient persuadés de souffrir pour la foi chrétienne et catholique».

Et plus loin: «Les bolcheviques étaient, et par malheur, sont encore... les ennemis les plus acharnés de Jésus-Christ, de son Église et de toute religion et de toute spiritualité; et d'après leur manière d'agir nous étions tous sûrs qu'après quelques années d'un régime pareil il ne serait resté dans notre pays ni c1ergé, ni églises, ni fidèles. Ils se proposaient ouvertement de ruiner jusqu'aux racines tout ce qu'il y a de chrétien dans notre pays».

Et enfin: «la manière ignoble de refuser même aux mourants de faire venir un prêtre avec les sacrements de l'Église. L'argument que dans les hôpitaux soviétiques on traite les mourants plus mal que las condamnés à mort dans les prisons de l'Europe, auxquels ordinairement on ne refuse pas d' accomp1ir leur dernière demande, semblait apte à obtenir un amendement dans la législation: il n'en a rien été».

Après ces citations, je ne me sens plus le courage de rien ajouter: je souhaite seulement que ces paroles rappellent à la vigilance surtout les catholiques qui doivent défendre leur foi et promouvoir sur la. terre le «Règne de Dieu».

Je souhaite à votre publication le plus vif succès et la plus grande diffusion non seulement parmi les catholiques français mais également parmi tous les croyants francophones.

Que le Seigneur communique à ces pages, par sa grâce toute puissante, la force de persuasion nécessaire pour illuminer les consciences et convaincre 1es esprits en face de cette synthèse de toutes les erreurs modernes qu'est le «Marxisme, Communisme et Bo1chévisme».

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur, avec mes voeux les meilleurs pour votre personne, l'expression de mes sentiments religieusement dévoués.

✚ Ivan Bučko

Archevêque de Leucade


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