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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

samedi, septembre 13, 2008

Emblême ou grade de 18e Rose-Croix
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CHAPITRE VI





LE PACTE SYNARCHIQUE



Et voici une grande fête maçonnique!

En cette même année 1926 où le P. Gruber commence ses conversations avec les Grands Maîtres, où le Frère-Maçon Izoulet expose son projet de Cartel des Religions, entrons à la Loge Le Portique" du rite écossais, dépendant de la Grande Loge de France. Le Frère-Maçon tuileur, espérons-le, ne nous claquera pas la porte au visage. Nous ne voulons de mal à personne, nos intentions sont pures, notre discrétion d'autant plus assurée que nous n'allons pas ce soir surprendre les secrets de La Franc-Maçonnerie chez elle (8) et qu'au demeurant malgré notre désir on ne nous en dirait rien du tout.

Rien, car nous n'assistons qu'à un banquet.

Mais quel banquet! On le donnait en l'honneur du Frère-Maçon Lantoine, fondateur de la Loge et par surcroît Secrétaire-Général archiviste de la Grande Loge de France. Inutile de décrire la table ou de dire si les hydrophobes étaient en majorité, chose commune à toutes les festivités de ce genre. Mais, le Frère-Maçon Lantoine, pour sûr, était à l'honneur. Circulait dans l'assistance un spirituel album commémoratif le représentant en diverses circonstances déguisé en grec en souvenir de Zénon (*) le philosophe auquel les Frères du Portique le comparaient volontiers tant à cause du nom de la Loge que des arcanes philosophiques où la spiralienne intelligence du héros de ce jour avait l'habitude d'involuer et d'évoluer.

Barbiche au vent, péplum (**) en loques et cothurnes éculés, on le voyait sous un portique adossé à une colonne, pensant peut-être à Hiram (***) couronné d'épines ou méditant sur l'œcuménisme de Saint-Yves d'Alveydre; on le voyait aussi dans un tonneau, comme Diogène (****), à la recherche de la Vérité, thème familier aux intellectuels de la maçonnerie et toujours d'actualité en vertu du principe qu'on ne la trouvera que lorsqu'on ne la cherchera plus. On l'y voyait enfin conduisant un disciple, l'endoctrinant sans doute sur le fait du Nazaréen qu'il déteste, l'accusant d'avoir posé les principes du communisme et du fascisme, du moins à ce que nous en dit le Frère-Maçon Dumesnil de Grammont présent à ces agapes.

Mais, Zénon-Lantoine, tout à coup retourne son péplum. Il va proposer une trêve à l'Église!
Comment en un plomb vil, l'or pur s'est-il changé?
Ici, un peu de patience nous sera nécessaire car les métamorphoses ne s'expliquent pas toujours aussi aisément qu'elles se produisent et leur cause, souvent cachée, ne se découvre qu'au prix d'un temps de réflexion parfois austère avant de recevoir tout à coup, comme les Frères, la Lumière de l'initiation.

LA DÉMOS-IDÉOCRATIE

Vers 1935 apparaît le PACTE SYNARCHIQUE POUR L'EMPIRE FRANCAIS, document très secret dont une page de garde porte des menaces contre quiconque serait convaincu de sa détention illicite. En treize points et cinq cent quatre-vingt-dix-huit articles on y expose techniquement la planification générale de la nation, du continent, de la planète et à tous les points de vue depuis le gouvernement mondial, jusqu'aux entreprises, aux syndicats, et aux religions. Quoique secret, ce document n'a rien d'initiatique et circule par communications individuelles, clandestines, soigneusement contrôlées, parmi des "profanes" sélectionnés ou il fait des adeptes au Comité Synarchique Révolutionnaire. On se lie par serment à ce mouvement et sous le sceau du secret. Ce document a été découvert par la suite dans une Loge Martiniste de Lyon et plusieurs fois publié. L'ensemble du texte qui porte bien la marque du Martinisme, ne fait que mettre en forme pseudo-scientifique, technocratique et accommodée à notre époque la doctrine contenue dans Saint-Yves d'Alveydre.

Passons sur le côté international politique, économique et social du système. Ce qui nous intéresse ici, c'est son but religieux. Le système, totalitaire, est au premier chef antiromain.
Le régime de la révolution synarchiste se dresse d'abord contre le CLÉRICALISME TRADITIONNEL.
Ainsi l'avait annoncé Roca cinquante ans auparavant. N'entendons-nous pas cette déclaration de guerre reprise par un jeune clergé reprochant à l'Église d'avoir corrompu le christianisme primitif et de pactiser avec le capitalisme ploutocratique (*****)? Ces prêtres se rendent-ils compte qu'ils ne font là que répéter, à leur insu bien sûr, le présupposé des Saint-Yves, des Roca, du martinisme à l'instauration de la Nouvelle Église et du Nouveau Sacerdoce dans l'Humanité nouvelle rêvés par les sectes?

Cette nouvelle Église, celle du "Christ-social", c'est la "démos-idéocratie", c'est-à-dire de l'opinion informée et drainée par la puissance étatique rassemblant dans sa main et dans sa main seule les organes de la vie intellectuelle et de la vie religieuse du peuple:
Aucun individu n'est en dehors de la nation culturelle dans une démocratie véritable comprise en mode synarchique.
C'est par la maîtrise du système sur tout élément civique, sur tout mode de penser et d'agir que l'on prétend régler une fois pour toutes les rapports de l'Église et de l'État! L'intégration totalitaire de la première dans le second supprimerait, en effet, les problèmes:
"

Comme état culturel de fait, la Nation synarchique se manifeste ontologiquement par l'ensemble de ses universitaires, de ses pédagogues, de ses ECCLÉSIASTIQUES, de ses artistes, de ses savants, de ses intellectuels et techniciens purs; ils forment une démos-idéocratie de service, de mérite et de talent.

Chaque nation est rectrice souveraine de son domaine culturel.

La pleine synarchisation de l'Empire français nécessite... la réforme du régime culturel pour instaurer l'Ordre culturel de chaque nation dans l'Empire.

Nous étions encore au temps où la France avait des Colonies, c'est pourquoi on parle d'Empire.
On ne relira pas ici sans profit la page du Maître, Saint-Yves d'Alveydre, mise en tête de cette étude. À cinquante ans de distance le programme d'intégration des valeurs, institutions, culture, religions, sans excepter la Franc-Maçonnerie dans un consortium national a été fidèlement gardé, transmis, scrupuleusement traduit en un langage technocratique propre à émerveiller le badaud, à recruter l'adepte.
Cette démos-idéocratie, dit le Pacte, est donc l'ensemble des citoyens qui ont acquis la pleine connaissance culturelle collective et y absorbent professionnellement leur vie: universitaires, pédagogues, ECCLÉSIASTIQUES, artistes, savants, intellectuels et techniciens purs.
Seul, le nom de ce pandémonium a changé. On ne l'appelle plus une église comme Saint-Yves d'Alveydre, mais l'ORDRE CULTUREL dans lequel l'Église romaine ira prendre sa place en associée mineure pour y jouer un rôle strictement adapté à la constitution et à la doctrine de l'État synarchique. En effet:
Une démocratie culturelle n'est réellement constituée en mode
synarchiste que si elle est soustraite à tout privilège de droit ou de fait, au règne de l'incompétence, à l'emprise de l'argent, à l'influence d'une quelconque oligarchie, à la dictature de droit ou de fait de toute classe ou congrégation sectaire ou partisane, aux manœuvres intolérantes de n'importe quel groupement (que son caractère soit ECCLÉSIASTIQUE, philosophique, politique ou autre) qui tendrait à exclure l'une quelconque des formes de la pensée nationale ou impériale fut-elle exprimée par une faible minorité ou par un seul individu.
(9)

Quelle conclusion tirer de ces textes?

Ils donnent la formule d'une sorte de super-fascisme doctrinal. Sous le dehors du libéralisme accueillant aux différentes formes de la culture et des convictions religieuses, ils fondent tout en un système unitaire qui ne le cède pas au nazisme, à cette différence près que celui-ci impose sa doctrine et elle seule tandis que la synarchie réduit tout ce qui existe à un commun dénominateur. Cette réduction postule l'intégration des facteurs divergents. L'insistance du Pacte à nommer les ecclésiastiques montre assez que cette intégration ne doit aboutir à rien d'autre qu'à une Église nationale FAISANT BON MARCHÉ DU POUVOIR JURIDICTIONNEL DU PAPE ET À L'OCCASION DE SON MAGISTÈRE DOCTRINAL. D'autres passages de ce document ne cachent pas en effet la prétention de s'opposer au viol des consciences libérées" et à l'admission de quelque orthodoxie que ce soit, sauf celle du régime bien entendu. Car celle-ci existe. Ne serait-ce par exemple que cette base constamment rappelée à tous les chapitres du Pacte: L'HUMANISME INTÉGRAL païen et panthéistique des Hautes Sociétés Secrètes d'où vient, dit encore ce texte, LA PRIMAUTÉ DU SPIRITUEL DANS NOTRE MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE. Curieux échos aux titres d'ouvrages de M. Jacques Maritain, publiés à la même époque et dont le succès, resté dans toutes les mémoires, témoigne de la vogue de certains mots-clefs.

Cette vogue n'est pas un effet du hasard, mais elle n'emporte pas la conclusion que ces idées ont été tirées directement du pacte synarchique par des vulgarisateurs mis dans le secret. Il y en a sans doute, mais le Pacte, à l'époque, est confidentiel. Qui est affilié doit en répandre les idées autour de lui, c'est la consigne, mais sans pour autant en produire le texte à la vue de ses auditeurs. De cette façon, une vague de théories nouvelles dont on ignore à la fois les prolégomènes lointains, les principes secrets, la source profonde et le bénéfice qu'en espèrent leurs auteurs dans un avenir indéterminé, crée un climat. Nous en sommes désormais à la renaissance du spiritualisme dans des milieux que le rationalisme et le matérialisme avaient adressés contre l'Église. Dans la maçonnerie, divers scandales financiers et surtout l'affaire Stavisky qui découvrent les agissements de certains Frères-Maçons politiciens et besogneux incitent les autres, horrifiés, à reconsidérer les valeurs spirituelles, à renoncer vis-à-vis de l'Église aux vieilles habitudes du Combisme et même à entretenir certaines relations. Le secret du Pacte, le virage spiritualiste d'un bon nombre de Loges, une certaine ouverture vers le socialisme assortie d'un fort mouvement en faveur de l'organisation professionnelle au moment ou le parti communiste se montre menaçant, tout cela sous le signe d'un humanisme universel dans une atmosphère de détente, de confiance en des techniques sociales nouvelles, égare l'opinion.

Tout cela persuade des ecclésiastiques qu'une union raisonnable avec ce monde nouveau doit être tentée. L'idée du rapprochement entre l'Église et la Franc-Maçonnerie leur semble un geste de pacification sinon nécessaire du moins utile, tandis que dans une fraction des Hautes Sociétés Secrètes dont nous aurons à parler, le thème du rapprochement apparaît comme LA PREMIÈRE MANŒUVRE TACTIQUE VERS L'INTÉGRATION.

Notes:

(8) Du Frère-Maçon Lantoine qui a écrit également La Franc-Maçonnerie dans l'État. Deux ouvrages historiques très intéressants mais appelant de nombreuses réserves.

(*) Zénon de Citium, philosophe grec, fondateur du stoïcisme, né à Citium (Chypre) à la fin du IVe siècle av. J.-C. Il enseigna à Athènes. On prétend qu'il mourut volontairement (C’est un euphémisme qui veut dire qu’il se suicida), quand il jugea son oeuvre achevée. Diogène Laërce lui attribue la fameuse maxime: «Vivre conformément à la nature.» Et de mourir conformément à sa philosophie en ne respectant pas la vie, même la sienne.


stoïcisme, nom masculin, (du latin stoicus, stoïcien). Doctrine philosophique de Zénon. Fig. Fermeté, austérité, constance dans le malheur: supporter les maux avec stoïcisme. ENCYCLOPÉDIE. Le stoïcisme a pour point de départ une physique assez compliquée. Son idée mère, c'est l'idée de tension, d’effort. Les seuls êtres de la nature sont les corps; mais en tous le principe actif, la cause, la force, est inséparable de la matière: pas de matière sans force, pas de force sans matière. L'élément qui est à la fois la force la plus active et le corps assez subtil pour tout pénétrer, c'est le feu. Dans le monde entier, c'est un feu artiste qui est à l'œuvre. Le souverain bien consiste dans l'effort pour arriver à la vertu. Tout le reste est indifférent, et de ce point de vue la douleur elle-même n'est pas un mal. Les vertus, comme les vices, n'admettent pas de degrés. Le sage réalise l'idéal de toutes les perfections, et son bonheur est sans limites.
Dans la pratique, les stoïciens s'efforcent de rendre les hommes indépendants des circonstances extérieures, et préconisent une insensibilité qui ressemble parfois à de la dureté. De même que l'homme a une âme, l'univers a aussi une âme, qui est Dieu. Les principaux stoïciens ont été Cléanthe et Chrysippe, qui furent, avec Zénon, les fondateurs de l'école; Ariston, de Chio; Hérille, de Carthage; Diogène, de Séleucie; Sénèque, Epictète ct Marc Aurèle.




Péplum.



(**) péplum, nom masculin (mot latin) ou péplos (mot grec). Chez les Anciens, tunique de femme, sans manches, agrafée sur l'épaule.
- ENCYCLOPÉDIE. Le péplum est un vêtement proprement grec. C'est une large couverture enveloppant complètement l'épaule gauche, une moitié passant derrière le dos et l'autre couvrant la partie antérieure du corps, jusqu'à ce qu'elles se rejoignent sur le côté droit, où elles sont attachées de manière à laisser l'épaule et le bras découverts.



(***) Hiram ou Chiram, artiste phénicien, qui, envoyé à Salomon par le roi de Tyr, Hiram, tondit pour le temple deux chérubins en or, la mer d'airain, etc. L’assassinat d’Hiram par trois des ses compagnons jaloux de son mérite est encore symbolisé dans les loges maçonniques, lors des cérémonies de réception au grade de maître.




Diogène, d'après une peinture antique.


(****) Diogène le Cynique, philosophe grec, né à Sinope (413-323 av. J.-C.). La sagesse, selon lui, consiste à vivre conformément à la nature, en méprisant les richesses et les conventions sociales. Il marchait pieds nus en toute saison, donnait sous les portiques des temples enveloppé dans son unique manteau et ayant pour logis habituel un tonneau, qui devint populaire dans toute la Grèce. Alexandre, à Corinthe, lui ayant demandé s'il désirait quelque chose: «Oui, répandit le Cynique, que tu t’ôtes de mon soleil.» Tout le monde connaît cette charmante histoire de l'entant qu'il aperçut un jour buvant à une fontaine dans le creux de sa main: «Cet enfant m'apprend, s'écria-t-il, que je conserve encore du superflu», et il brisa l'écuelle dans laquelle il avait l'habitude de boire. Un autre jour, il assistait à une leçon d'un philosophe sceptique, qui niait le mouvement. Pour répondre au sophiste, il se leva et se mit à marcher. Platon ayant défini l'homme «un animal à deux pieds, sans plumes», Diogène jeta au milieu du cercle de ses auditeurs un coq plumé, en s'écriant: «Voilà l'homme de Platon!» Il professait un si profond dédain pour l'humanité tout entière qu'on le rencontra un jour, en plein midi, dans les rues d'Athènes, une lanterne à la main et répondant à ceux qui lui demandaient la raison de cette bizarrerie: «Je cherche un homme.» C'est lui qui a inventé la simplicité volontaire dont se piquent nos intellectuels sans le sou.

(*****) ploutocratie, nom féminin (de ploutocrate). Régime politique et social, où l'autorité appartient aux riches: Carthage fut une ploutocratie.

(9) Ce «seul individu», d'après un autre document le Schéma de l'Archétype social, contemporain du Pacte synarchique, serait le Primat qu'on trouve déjà dans Saint-Yves d'Alveydre.

vendredi, septembre 12, 2008

CHAPITRE VII

LA LETTRE AU SOUVERAIN PONTIFE



C'est à ce moment que le Frère-Maçon Albert Lantoine, entre en scène.

En 1937, il publie aux éditions du Symbolisme dirigées par le Frère-Maçon Oswald Wirth, 33° comme lui du rite écossais et préfacé par celui-ci, sa LETTRE AU SOUVERAIN PONTIFE. Ces détails sont à retenir pour mettre en lumière la trame continue qui unit les promoteurs du plan synarchique du temps des Saint-Yves d'Alveydre, des Abbé Roca, des Papus, avec les équipes présentes et à venir qui tenteront d'attirer l'Église dans le système par des campagnes toujours plus pressantes en faveur du rapprochement avec la Franc-Maçonnerie aidés en cette besogne par des ecclésiastiques chez qui l'ambition le dispute peut être à une grande naïveté. Avec la Lettre au Souverain Pontife nous entrons dans une nouvelle phase de l'affaire. Il ne s'agit plus de conversations plus ou moins confidentielles visant à modérer les polémiques, mais bel et bien cette fois d'une alliance. La question est officiellement posée de savoir si l'Église consent à collaborer avec la Maçonnerie dans le but tout temporel de défendre la civilisation contre la barbarie montante, si elle consent à un modus vivendi des deux puissances sur la base de leurs spiritualismes, irréductibles c'est vrai, mais qui ont en commun de s'opposer tous deux au matérialisme.

Ce n'est pas précisément le contenu de la Lettre qui nous intéresse ici, mais ses effets. Or, ce thème simpliste en un moment où la requête n'était ni nécessitée par les événements, ni justifiée par les circonstances équivoques de sa parution, suscita bien sûr du côté catholique des étonnements compréhensibles mais aussi quelques approbations qui paraissaient moins chaleureuses que conditionnées par un complexe préétabli.

L'analyse de la Lettre, loin d'appeler ces approbations eut dû logiquement les interdire; le ton général en est insolent malgré l'offre du Cessez le feu qui d'ailleurs s'accompagne des vieilles accusations maintes fois reprises contre l'Église: l'inquisition, son esprit de domination, son intolérance, sa doctrine bien éloignée paraît-il du christianisme primitif, sans oublier l'assaut habituel contre les antimaçons de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes ou d'ailleurs. On nous permettra donc de nous étonner à notre tour, non pas de la Lettre au Souverain Pontife d'Albert Lantoine, formule reprise de l'exchanoine Roca (10), mais de la réponse que le P. Berteloot y fit en Septembre 1938 dans la Revue de Paris (11). Dirons-nous que le zèle sacerdotal du Père Berteloot pour la conversion des Francs-Maçons fait quelque doute? Certes non! Mais, nous avons le droit, nous estimons même avoir le devoir de trouver étrange et de ne pas approuver sa façon de l'exercer.

Le Père Berteloot donne l'impression que de trop assidues fréquentations des Frères parmi lesquels on rencontre assurément des hommes de valeur et de caractère sympathique l'ont habitué à juger, à travers ces hommes, une institution qui les conduit comme des aveugles vers des buts toujours plus lointains qu'ils ignorent.

Mais il en est d'autres qui connaissent ces buts et nous n'hésitons pas à dire qu'en l'occurrence, le Père Berteloot cautionnait en somme une opération politique, CAR IL S'AGISSAIT D'UNE OPÉRATION POLITIQUE. Pas de celle dont on avançait ostensiblement les motifs, dont on invoquait l'urgence. Une foncière opposition au communisme qui eut été valable en soi, appuyée sur les raisons minima du droit naturel, n'existait réellement ni chez les martinistes inspirateurs, du Pacte synarchique, ni chez les hauts maçons gagnés au mouvement. Après avoir repoussé toute imitation étrangère. le Pacte ajoutait:

Par contre NOUS RECONNAISSONS QUE LE BOLCHEVISME CONVIENT ACTUELLEMENT AUX PEUPLES EURASIENS (12), comme le fascisme aux peuples italiens, comme le nazisme aux peuples germaniques, comme le parlementarisme aux peuples britanniques, etc..., et que chacun de ces régimes paraît bien être la raison d'être de la puissance de l'empire au sein duquel il est né et se
développe.

Et nous venions d'assister aux efforts du groupement TABLE RONDE ET FRONT COMMUN, où la Franc-Maçonnerie jouait un rôle actif, rassemblant les forces de gauche dans une action qui se voulait parallèle à celle du Frente popular espagnol.

Cette opposition résolue n'existait pas davantage dans la partie de l'opinion catholique menée par une minorité tapageuse d'intellectuels et d'ecclésiastiques. Nous étions au temps de L'Aube de Francisque Gay, de Temps Présent succédant à Sept sabordé à la suite des observations du Saint-Siège, de Terre Nouvelle et des sympathies bruyamment exprimées de Georges Hoog envers le Front populaire. Dumesnil de Gramont, Grand Maître de la Grande Loge de France renvoyant la balle écrit:

IL EST ASSEZ PIQUANT DE CONSTATER QUE SI LE P. BERTELOOT, DANS LA REVUE DE PARIS, TEND AUX FRANCS-MAÇONS UNE MAIN TIMIDE, CERTAINS ECCLÉSIASTIQUES NON MOINS QUALIFIÉS MANIFESTENT AU COMMUNISME MÊME LORSQU'ILS COMBATTENT THÉORIQUEMENT SA DOCTRINE, UNE SYMPATHIE AUTREMENT CHALEUREUSE.

Et là-dessus de citer Daniel Rops, le P. Ducatillon, dominicain, le P. Villain, jésuite, qui ignorant sans doute ou insoucieux de la Ligue des Athées soutenue par les Soviets, ne critique le communisme qu'avec une complaisante admiration:
Le communisme est une religion extrêmement vivante, une religion qui, réellement, cherche à conquérir toute l'humanité, une religion d'apôtres,

qu'il ne peut s'empêcher de comparer aux premiers chrétiens. Pour un
peu, la comparaison rejoindrait le jugement du Chanoine Roca:

Karl Marx èt Bakounine ne m'apprennent rien en définitive si ce n'est qu'ils sont au fond plus chrétiens qu'ils ne se le figurent eux-mêmes. Tout ce qu'ils ont publié est dans nos Saints Livres.

(La Crise fatale p. 248.)

Le P. Villain était Directeur de l'Action populaire qu'avait précédemment animée le P. Desbuquois , tandis que le P. Berteloot continuait ses actives relations avec le Rite écossais.

Alors, le motif du rapprochement Église-Franc-Maçonnerie basé sur la lutte anticommuniste n'était pas le vrai.

Était-ce apaisement des cœurs, assoupissement des nerfs inclinant la maçonnerie, oh! nous ne dirons pas à un Canossa impensable, mais à la recherche d'une mutuelle compréhension ou tout au moins à la satisfaction d'un désir quasi-unanime du Rite écossais qu'avec candeur le P. Berteloot estimait moins opposé que le Grand Orient à cette conversion insolite?

Pas davantage. Le Grand Orient manifestait, précisément à cette époque, un regain de radicalisme intransigeant. À la Grande Loge de France, les Frères furent aussi étonnés de la Lettre au Souverain Pontife que nombre de catholiques. Elle y fit même sensation, nous dit son Grand Maître Dumesnil de Gramont, à tel point qu'il se crut obligé, pour calmer les esprits, d'écrire deux articles réticents dans le Bulletin de l'Ordre. L'ensemble de l'écossisme n'était pas disposé au rapprochement.

D'où venait donc la proposition?

L’insistance d'Oswald Wirth dans sa préface à la Lettre à nous dire que l'initiative d'A. Lantoine fut à la fois personnelle et celle de L'ÉLITE INTELLECTUELLE de la Maçonnerie, désigne clairement une partie des Hauts grades et en particulier ceux du Suprême Conseil de France. Quatre noms nous sont déjà connus: lui Oswald Wirth, CauweI, A. Lantoine, Antonio Cohen. Ceux-là sans compter les autres, évidemment, tel le Frère-Maçon Lepage du "Symbolisme", membre du Grand Orient. Mais le Frère-Maçon Dumesnil de Gramont, à côté de la netteté de ses réserves sur le principe, se retranche dans un refus prudent de désigner nominativement cette "élite". Toutefois, estimant que ce terme fait injure à l'ensemble des autres Frères qu'on prend ainsi pour des ilotes, il déclare:

Ilotes ou non, nombreux sont les Maçons qui se sont inquiétés des suggestions d'A. Lantoine et se sont demandés si CEUX QUI ONT LA CHARGE D'ADMINISTRER L'OBÉDIENCE N'ÉTAIENT PAS TENTÉS DE S'EN INSPIRER.
C'est ici que Dumesnil de Gramont en dit trop ou pas assez. Ceux qui administrent l'Obédience ne sont pas gens de la basse maçonnerie, mais de hauts gradés, voire 33°, du Suprême Conseil et nous pouvons déduire de là que l'initiative partait de ce Suprême Conseil. Le Frère-Maçon Marcel Cauwel bien que modéré aurait-il pu prendre sur lui la responsabilité d'appuyer de son autorité la Lettre lancée dans le public? Oswald Wirth qui n'eut jamais au Suprême Conseil un pouvoir de décision en rapport avec sa réputation de maître à penser suivi par de nombreux disciples eut-il pu le faire davantage? Quant à Antonio Cohen et à A. Lantoine, le Grand Maître Dumesnil de Gramont nous apprend que leur conversion au rapprochement était assez récente, d'autant plus qu'A. Lantoine, nous dit toujours Dumesnil de Gramont:
Il n'y a pas si longtemps... faisait profession non seulement d'anticléricalisme mais d'antichristianisme.
Y aurait-il donc eu chez eux une conversion rapide et spectaculaire aux yeux des Frères ébahis sans qu'aucune puissance ne les ait déterminés à ce pas en avant, ni approuvés, ni même ne leur ait donné l'ordre de claironner le Cessez le feu?

Non, rendons-nous à l'évidence!

Tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Maçonnerie la marche vers l'Ordre nouveau se fait plus rapide sous la poussée anonyme du martinisme et d'une partie des hauts grades, même au Grand Orient de France.

Dans les sphères politiques, VICTOR BLANCHARD, haut fonctionnaire de la Chambre des Députés, 33° du rite écossais, 96° de l'Ordre de Memphis, Grand Maître de l'ORDRE MARTINISTE ET SYNARCHIQUE mais surtout autrefois, brillant second du Mage Papus dont il a recueilli l'héritage avec celui de Saint-Yves d'Alveydre, travaille avec Léon Blum et Spinasse au noyautage du monde parlementaire de droite et du centre: propagande pour un socialisme technique, pour une planification économique, pour un essai d'organisation de grandes ententes industrielles sur les propositions de Flandin, Marchandeau et Spinasse (dans son Cabinet ministériel figurait Coutrot).

Au niveau des entreprises, Jean Coutrot, coryphée des technocrates noyaute le Patronat sur le thème du Comité de l'Organisation scientifique du travail (C.N.O.S.T.) dont il est président. Grâce à lui et à ses synarques un nouveau credo économique et social se propage de proche en proche.

La science et la technique au service d'une concentration universelle et d'une hiérarchisation implacable opéreront le miracle de tout unir, économie et culture dans un univers pacifié, dynamisé au maximum. Cette foi nouvelle est présentée par des groupements diversifiés sous des formes appropriées aux différents milieux. L'Ordre nouveau renverra au néant les oppositions sociales, raciales, religieuses, internationales; l'humanisme, son plus beau fleuron, en fournira la raison déterminante. Autour de Jean Coutrot, dont la mort mystérieuse quelques années plus tard au moment de la découverte du Pacte synarchique dans une loge martiniste, indiquera le sens initiatique et les redoutables secrets, se pressent donc des catholiques. Au CENTRE D'ÉTUDES DES PROBLÈMES HUMAINS LE PÈRE TEILHARD DE CHARDIN travaille côte à côte avec Coutrot, Aldous Huxley, le Comte du Nouy et l'occultiste Dr Alendy. Les JOURNÉES DE PONTIGNY, fondées en 1910 où fréquentaient déjà, dit-on, des ecclésiastiques reprennent très prisées, très suivies sous la direction de ceux qu'on appelle l'équipe synarchique de la banque Worms. Au GROUPE FRANCE 50 plus spécialement politique, le PÈRE DILLARD, lui aussi de la Compagnie de Jésus, figure dans l'équipe directrice, il y collabore avec Dautry, Marjolin, aujourd'hui de la Communauté Économique Européenne, Joxe dont le synarchisme n'est pas plus à dire que la réalité des accords d'Évian troquant l'Algérie française pour le mirage de l'Eurafrique prévue dans le Pacte synarchique. Des journaux spécialisés travaillent la pâte catholique pour l'ORDRE NOUVEAU, c'est le titre d'un organe publié par Denis de Rougemont dans lequel écrit Daniel Rops. Pour parler comme le synarchiste Abbé Roca c'est un Monde Nouveau, une Nouvelle Terre que prêchent les Dominicains de Juvisy dans la VIE INTELLECTUELLE. Dans cé même moment TEMPS PRÉSENTS, TERRE NOUVELLE pensent à l'instar dudit Abbé et du Frère-Maçon Lantoine, que:

LE CHRISTIANISME A ÉTÉ CONTAMINÉ PAR L'HISTOIRE.

(Sept. 29-536).

On entend donc lui rendre sa pureté en le coulant dans le moule du progressisme. Et tandis que l'on combat les structures traditionnelles, on prétend leur substituer cet Ordre nouveau cher aux rédacteurs du Pacte synarchique; par une synthèse du genre hégélien on affirme pouvoir étouffer les oppositions dans les liens de l'organisation apte à tout, polyvalente, car, pour dire encore comme le Chanoine apostat ROCA:

UN CHRÉTIEN ANIMÉ DU PUR ESPRIT DE L'ÉVANGILE CONCILIE AISÉMENT TOUS LES EXTRÊMES SANS CESSER D'ÊTRE ORTHODOXE OU PLUTÔT PARCE QU'IL EST ORTHODOXE.
Et que faisait-on dans les Loges?

Pour bien le comprendre il faut savoir qu'en 1908, Papus et Victor Blanchard en lançant les Congrès spiritualistes se proposaient à la fois de fédérer les sociétés secrètes: gnostiques, théosophes, kabbaliste etc... et d'entreprendre à l'aide de ce regroupement la restauration du spiritualisme ésotérique au sein des grandes obédiences maçonniques alors politisées, matérialisées à l'extrême. À l'heure donc qui nous occupe une singulière offensive se dessinait au sein des Loges pour les entraîner vers un syncrétisme doctrinal propre à réaliser l'emprise des Hautes Maçonneries sur l'ordre nouveau. Il fallait en premier lieu leur infuser le spiritualisme qui leur manquait et sur ce point on devait constater des résultats appréciables. En second lieu il s'agissait de leur faire admettre l'idée du rapprochement avec l'Église et nous savons que cette affaire, non seulement au Grand Orient mais aussi à la Grande Loge de France rencontrait de très sérieuses difficultés. Enfin, à supposer atteints ces deux premiers buts, le troisième consistait à amorcer une vaste campagne de propagande pour ce singulier œcuménisme de toutes les religions: l' "Église Universelle" selon la terminologie des Congrès maintenant bien connus, l'Église Catholique selon les termes audacieux de Saint-Yves d' Alveydre. C'était tout le programme de la Contre-Église synarchique, Nouvelle Église" à la recherche de laquelle Jules Romain consacrait un ouvrage qui ne fut pas sans influence dans les milieux catholiques et maçonniques!

Voici par exemple, en ce qui concerne le travail entrepris, un fait des plus caractéristiques, c'est la création du GRAND PRIEURE DES GAULES. Le Frère-Maçon Camille Savoire, membre du Grand Collège des Rites du Grand Orient de France avait amorcé la propagande spiritualiste au sein de cette obédience réputée à juste titre la plus ouvertement anticléricale. Ses efforts ne furent que très partiellement couronnés de succès. Il résolut alors, quittant le Grand Orient, de réveiller en France la vieille obédience templière dont fit partie autrefois Joseph de Maistre. Cette maçonnerie pseudo-chrétienne pratiquant le "Rite écossais rectifié" subsistait en Suisse sous le nom de Grand Prieuré. En 1935, le Grand Prieuré des Gaules une fois créé, entraînait dans la dissidence un certain nombre de francs-maçons qui d'ailleurs rallieront plus tard l'actuelle Grande Loge nationale Opéra.

Pour le moment, le travail intérieur des hauts grades, et encore d'un cercle restreint parmi eux, s'accompagne au-dehors d'une publicité silencieuse qui attire la sympathique curiosité des profanes avec lesquels on multiplie des contacts. Par exemple, on offre aux Francs-Maçons en tenue blanche fermée une conférence d'EMMANUEL MOUNIER sur les théories néo-catholiques: le sens de la vie collective suivant les doctrines chrétiennes. (27 avril 1939). (Remarquons bien ici qu'il n'y a pas identité entre la doctrine caholique tout court et la pluralité des doctrines chrétiennes). De ces rapports s'engendre dans le monde catholique un phénomène d'osmose. De là aussi le succès croissant de notions vagues et malsaines pour la foi: néochristianisme ou christianisme des origines et surtout celle du progrès spirituel de l'humanité lié à l'évolution parée désormais de tous les caractères messianiques. L'Évolution Rédemptrice n'est pas une idée propre au P. Teilhard de Chardin; on l'a vue prônée par le Chanoine Roca aux beaux temps de Saint-Yves d'Alveydre, puis dans le Pacte synarchique et dans une littérature maçonnique où fleurit la louange du Père qui avait, aux yeux des adeptes, le mérite de démarquer les cosmogonies des sectes.


QUEL SPIRITUALISME?

Mais en face de quel spiritualisme se trouvait-on? Les relations d'ecclésiastiques avec de hauts maçons qui en faisaient sincère ou feinte profession passaient alors pour ouverture d'esprit large intelligence des problèmes de l'heure. Nous avons souvenir d'un prêtre bien connu dans les milieux parisiens pour ses idées traditionnelles, qui, malgré son opposition à la Franc-Maçonnerie faisait l'éloge du Frère-Maçon Camille Savoire. Nous ignorons si le fondateur du Grand Prieuré des Gaules aujourd'hui décédé est mort dans le giron de l'Église. Ce qui nous importe ici c'est, objectivement, l'œuvre du F.·. Camille Savoir dont le retour au spirituel, malgré la publicité n'était pas un retour à la foi catholique mais une affirmation plus nette, devant le matérialisme stérile de tant de francs-maçons, de la métaphysique très spéciale des hautes sociétés secrètes. Pour résumer sa position avec la brièveté qu'impose la présente étude, citons ce qu'il écrivait en 1939 dans la préface à un opuscule du Frère-Maçon Chevillon, Grand Maître de l'Ordre martiniste:
Ce livre constitue pour l'adepte un véritable catéchisme et un guide sur la route de l'INITIATION CONDUISANT À LA GNOSE, cette connaissance suprême qui ne connaît pas les limitations de connaissance. C'est en effet l'acquisition de la GNOSE QUI CONSTITUE L'OBJET PRINCIPAL DE L'INSTITUTION. Car elle est indispensable à la recherche de la Vérité sans laquelle on ne saurait travailler au perfectionnement individuel et collectif des êtres.

Notes:

(10) Le Christianisme, le Pape et la Démocratie du Kabbaliste Roca avait la forme d'une Lettre au Souverain Pontif".

(11)

Lors de la préparation de sa lettre (et jusqu'à sa mort) Lantoine avait eu de nombreux contacts avec un Jésuite, le R. P. Berteloot...

(Le Frère-Maçon Corneloup du Grand Orient' de France).



(12) La Russie soviétique.

mercredi, septembre 10, 2008







Panthéon de Paris.



Panthéon, célèbre monument de Paris, sur la place du même nom, au sommet de l'ancienne montagne Sainte-Geneviève. Construit sous Louis XV par l'architecte Soufflot dans le style néo-grec, surmonté d'une coupole dont l'extrême sommet atteint 80 m, cet édifice devait être d'abord une église placée sous l'invocation de la patronne de Paris, sainte Geneviève. La Révolution (4 avril 1791) en fit un temple destiné à recevoir les cendres des grands hommes de DE FRANCE SELON LES DÉSIRS DE LA FRANC-MAÇONNERIE et lui donna le nom de Panthéon, avec cette célèbre inscription: Aux grands hommes, la patrie reconnaissante. Les restes de Voltaire (PLUS CATHOLIQUE QUI LUI, TU MEURS!) (1791) et ceux de J.-J. Rousseau (L’INVENTEUR DU BON SAUVAGE QUI NAÎT BON, MAIS QUE LA SOCIÉTÉ CORROMPT... UN AUTRE BON CHRÉTIEN...) (1794) y furent transportés; puis, sous l'Empire, ceux de divers généraux et fonctionnaires. Il fut successivement église sous la Restauration (Soufflot y fut inhumé en 1829); temple de la Gloire sous Louis-Philippe, église sous le second Empire. La IIIe République rendit le Panthéon au culte des grands hommes, à l'occasion des funérailles nationales de Victor Hugo
(UN CATHOLIQUE CÉLÈBRE... QUI TROMPAIT SA FEMME ALLÈGREMENT. EN FAIT, COMME NOS ASTRONAUTES MODERNES, IL FAISAIT LA NAVETTE SOCIALE ENTRE SA FEMME ET SES MAÎTRESSES. UN VRAI HÉROS QUOI), dont les restes furent transportés dans la crypte (1885). Les cendres de Lazare Carnot, de La Tour d'Auvergne, de Marceau, de Baudin, les restes de Sadi Carnot, de M. Berthelot, d'Émile Zola, de Jean Perrin, de Paul Langerin, de F. Eboué, de V. Schœlcher, etc., y furent aussi déposés. Depuis 1874, de magnifiques peintures murales, auxquelles Meissonier, Gérome, Puvis de Chavannes, Bonnat, Blanc, Cabanel, Baudry, Detaille, etc., ont collaboré et dont les sujets sont pris dans l'histoire nationale (sainte Geneviève, Jeanne d'Arc, etc.), et des statues remarquables décorent l'intérieur de l'édifice.







À Montréal, quand le célèbre homosexuel, séparatiste , communiste et anticlérical Pierre Bourgeault est mort, la Franc-Maçonnerie demanda, et obtint bien sûr, que la cérémonie franc-maçonne eut lieu dans la plus belle basilique de Montréal, celle de Notre-Dame. Notre bon cardinal Turcotte avait reçu la visite d’un ange venu du ciel, lui affirmant que Bourgeault, selon sa dernière lettre écrite dans le journal, s’était amendé. Le même ange m’affirmait le contraire. Mais l’évêque qui présida la cérémonie préconisait un panthéon comme celui de Paris. Cherchez l’erreur!



Panthéon de Rome. (Phot. Alinari, Larousse.)

Panthéon, temple fameux, situé à peu près au centre du champ de Mars, à Rome, et consacré au culte de tous les dieux. Achevé en l'an 28 av. J.-C., par Vipsanius Agrippa, il a été consacré au culte catholique, sous le nom de Santa Maria Rotanda, et beaucoup d'hommes célèbres de l'Italie, notamment le cardinal Consalvi et Victor-Emmanuel II, ont été inhumés dans ses chapelles,

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Hegel (Georg Wilhelm Friedrich), philosophe allemand, né à Stuttgart, mort à Berlin (1770-1831). Son ouvrage capital est la Science de la logique. Sa philosophie ou hégélianisme, aux tendances panthéistiques, dérive des doctrines de Kant, Fichte et Schelling, et eut une influence considérable sur l'évolution de l'esprit allemand.

hégélianisme, nom masculin. Doctrine de Hegel.
- ENCYCLOPÉDIE. La philosophie de Hegel a été appelée «Idéalisme absolu» parce que, dans ce système, l'absolu est l'Idée, la pensée pure (avant toute chose pensée), l'abstraction logique. Cet absolu n'est pas immuable. Il est d'abord pensée pure et immatérielle; il est ensuite existence extérieure à la pure pensée; c'est la nature. La pensée revient ensuite à elle-même, prend conscience d'elle-même et devient esprit pensant. Tout ce qui est est rationnel, car il est une manifestation de la logique absolue de l'Idée. L'histoire est le développement de l'idée dans le temps. La force qui triomphe est le symbole du droit, car elle est l'idée, le rationnel manifestés. La force crée donc le droit. Telles sont les doctrines essentielles de l'hégélianisme. Ajoutons que la marche de la pensée (qui reproduit le développement de l'être absolu) procède, chez Hegel, par trois étapes: la thèse, l'antithèse et la synthèse, qui réunit les deux premières (par exemple, l'idée, la nature, l'esprit pensant).

hégélien, enne nom. Partisan de Hegel. Adjectif. Qui appartient au système de Hegel: l'école hégélienne.

panthéisme nom masculin (du préfixe pan, et du grec théos, dieu). Système de ceux qui identit1.ent Dieu et le monde. Attitude d'esprit qui consiste à se représenter la nature comme une unité vivante, pour laquelle on professe une sorte de culte.
- ENCYCLOPÉDIE. Le panthéisme s'est manifesté tout d'abord sous une forme religieuse et grandiose dans les doctrines de l'Inde. Il devint une doctrine philosophique chez les Grecs, dans le stoïcisme et le néoplatonisme. C'est dans le système philosophique de Spinoza que le panthéisme trouve son expression la plus vigoureuse et la plus cohérente. Dieu est la seule substance; elle est nécessaire, une, infinie, éternelle, indépendante, simple et indivisible. Cette substance a deux attributs à nous connus: la pensée et l'étendue. Les êtres ne sont que des modes de ces attributs. La substance divine se développe selon des lois nécessaires à sa nature: Dieu n'est déterminé Que par lui-même, mais il est déterminé dans un sens unique et irrévocable. Le panthéisme de Spinoza a pour conséquence le déterminisme universe1. Les systèmes philosophiques de Fichte et de Hegel sont aussi des systèmes panthéistes. Le monisme, doctrine scientifique qui a rencontré de nos jours tant de faveur, n'a aucun rapport avec le panthéisme: le monisme est une hypothèse relativiste, qui reconnaît les résultats de la critique de la connaissance; le panthéisme est une doctrine métaphysique, qui dépasse l'expérience et prétend atteindre l'essence des choses.

panthéiste adjectif. Qui a rapport au panthéisme. Nom. Partisan de cette doctrine: Les panthéistes allemands.

panthéistique adjectif. Qui a le caractère du panthéisme. (Peu usuel.)

mardi, septembre 09, 2008

DES REPRÉSENTANTS DE L'ÉGLISE SÉCULIÈRE ET RÉGULIÈRE

Un tel spiritualisme n'empêchait pas les avances d'ecclésiastiques en mal d'un œcuménisme surprenant quand bien même, à côté de francs-maçons qui pouvaient abonder de bonne foi dans cette erreur, d'autres ne voyaient qu'une tactique à en faire profession. Que penser du P. Berteloot se laissant prendre à la duplicité des offres du F.·. Lantoine? Il semble avoir éprouvé un surcroît de confiance en la "Lettre au Souverain Pontife" du fait que son auteur était revenu, à la demande du Père, de la traditionnelle accusation de la maçonnerie contre les Jésuites d'avoir rédigé les fameux "Monita secreta"! Politesse pure et simple vis-à-vis d'un allié naïf. Le F.·. Lantoine n'en demeurait pas moins anti-chrétien malgré la main tendue à l'Église. N'écrivait-il pas un an après la parution de la Lettre à propos de la remise de la Bible sur les autels de la Grande Loge de France (non par conviction mais pour s'aligner sur la Grande Loge d'Angleterre):

Ils (les Francs-maçons) pensent que l'unité de la F.·. M.·. vaut bien une capitulation comme Henri IV disait: «Paris vaut bien une messe». Or, de même que cette messe a assuré en France pour des siècles l'hégémonie du catholicisme, qui sait si cette capitulation ne marquerait pas pour la F.·. M.·. française, la première étape d'une régression?

Le F.·. Lantoine confirme ici implicitement que le rapprochement proposé ne constituerait pas un retour si timide soit-il vers l'Église. Car, le plus piquant de cette citation c'est qu'on la trouve dans le chapitre intitulé le piège de Canossa (*) d'un livre écrit en 1939. Ce n'est donc pas la Maçonnerie qui devrait aller à Canossa, mais bien l'Église elle-même, sollicitée de revenir sur ses condamnations par une campagne prenant prétexte de l'anti-communisme et de la défense de l'esprit. Comment tant de prêtres ont-ils pu monter ingénument sur la galère du rapprochement? Combien étaient-ils à ces colloques fallacieux?

Des conversations se nouèrent entre des personnalités catholiques et maçonniques. Certaines se poursuivirent dans les années 1938 et 1939 chez Oswald WIRTH qui me demanda d'y prendre part. Les plus intéressantes avaient pour protagonistes catholiques deux dominicains, dont l'un était le R. P. GORCE. Elles étaient intéressantes parce qu'au lieu de s'en tenir à une préoccupation purement défensive contre le danger signalé par LANTOINE, elles en étaient venues à examiner quelque chose de constructif: la possibilité d'une collaboration sur le plan social, suggérée par la citation de CLAVEL donnée par LANTOINE à la fin de son livre:
Le christianisme et la Franc-Maçonnerie se complètent l'une par l'autre et peuvent se prêter un mutuel concours pour le bonheur de l'humanité.

Le R. P. GORCE se montrait particulièrement fougueux.
Extrapolant les thèmes de l'encyclique "Rerum Novarum" de Léon XIII (qu'il devait reprendre et commenter dans son ouvrage "La politique de l'Éternel", 1941), le R. P. GORCE partait en flèche et reprochait aux Francs-Maçons leur conservatisme social.

Ces conversations furent interrompues par la guerre.

(Schibboleth par le F.·. Corneloup du G. O. F. 1965)

De son côté, le F.·. Y. Marsaudon, du Suprême Conseil (rite écossais) écrivait de cette époque, dans Le Temple en 1946:

Nous appartenons à ce groupe de francs-maçons qui, depuis de nombreuses années, a tenté d'aplanir les difficultés qui semblaient insurmontables entre l'Église romaine et notre Institution. Tout n'a pas été facile. Il est cependant permis d'affirmer qu'à la veille de la guerre, de sensibles progrès avaient été réalisés dans le sens d'un "modus vivendi" acceptable pour les deux parties. Il ne s'agissait d'ailleurs que de conversations strictement privées; mais elles ont progressivement été élargies et des maçons de plus en plus nombreux ont pris contact avec des représentants qualifiés de l'Église séculière et régulière qui ont fait eux-mêmes un honorable effort afin de comprendre les buts réels de notre Ordre.


La guerre et l'occupation n'interrompirent pas le cours de colloques ailleurs que chez Oswald Wirth. En 1929 était apparu une Union de libres penseurs et libres croyants où les Abbés Lugan et Viollet ainsi que Marc Sangnier prenaient place à côté des francs-maçons. Voici que pendant l'occupation, on ressuscitait le même club sous le même nom. Si l'on pouvait supposer, sans doute, un sentiment d'union patriotique bien naturel en la circonstance, ce club n'en constituait pas moins au dire du Frère-Maçon Marsaudon une résurgence de l'ancien avec la persistance des manœuvres du rapprochement qui allaient gagner en profondeur après la guerre. On y trouvait, du côté maçonnique, le F.·. Lehman et le Comte Foy tous deux du Suprême Conseil de France et parmi les catholiques, le P. Dillard (13) et, refaisant surface, le P. Desbuquois . Le F.·. Yves Marsaudon qui rapporte cela dans son livre: L'œcuménisme vu par un Franc -Maçon de tradition, nous paraît ici au-dessous des réalités que le F.·. Corneloup , du Grand Orient de France, semble préciser davantage dans une curieuse note relative à l'action du F.·. Cauwel de la Grande Loge et dont voici un passage:

Peu avant son décès il avait remis un dossier à un de ses amis personnels (membre du G.·. O.·. de F.·.) que ce dernier me fit tenir plus tard. Ce dossier contenait des originaux et des copies de lettres de Cauwel, Riandey, de moi-même et... du R. P. Berteloot.

J'eus ainsi la surprise et la tristesse d'apprendre que, dans le même temps où nous conférions avec nos amis de la Grande Loge de France, ces derniers entretenaient une active correspondance avec le R. P. Il y était envisagé ce que l'on a appelé l'Union des forces spirituelles et il y est mentionné des conciliabules dont l'objet n'est pas précisé.

Dans ce dossier, j'ai trouvé aussi une singulière note dactylographiée, sans indication d'origine. Certains indices me portent à supposer qu'elle est de source anti-maçonnique. Cette note fait état de démarches de dignitaires écossais (nommément désignés) auprès du Provincial des Jésuites à Lyon en Novembre 1943 et peu après d'une audience accordée à Vichy par Pierre Laval.

Cette déclaration du Frère-Maçon Corneloup dans son ouvrage sur les démêlés intérieurs de la maçonnerie semble accuser davantage l'ampleur de tractations dont le Frère-Maçon Péloquin va, lui aussi, nous donner un écho.


Notes:

(*) Canossa, bourg d'Italie (Emilie, province de Reggio). C'est au château de Canossa, aujourd'hui ruiné, qu'en 1077 l'empereur d'Allemagne Henri IV alla faire amende honorable au pape Grégoire VII, au cours de la querelle des Investitures. Cet événement a donné naissance à la locution aller à Canossa, c'est-à-dire s'humilier devant celui auquel on résistait.

(13) Lehman et le P. Villard sont morts en déportation.



Grande Chapelle, rue de Puteaux, réservée aux fêtes maçonniques pour les trois premiers degrés. (le MONDE et la VIE, n° 131, Avril 1964)


Ouais! Les putois se réunissent rue de Puteaux... dans ce qui ressemble bien à une chapelle bien garnie et richement décorée.


Les Francs-Maçons ont un double discours: d’un côté ils se réclament de la religion universelle, mais satanique, ce qu’ils ne veulent pas ébruiter; et de l’autre ils affirment que l’humanisme ne soit pas une religion. Ha! Ha! Ha!
Savez-vous que la religion franc-maçonne soit la plus riche au monde? C’est elle qui imprime l’argent? fermente toutes les guerres? Qui a le culot de dire que le Vatican soit la richesse même, alors que le Vatican n’imprime pas les billets de banque et que les Rockfeller & cie ne soient pas catholiques?
Que de questionnement!!!


La rue des Putois est vraiment mal fréquentée.

CHAPITRE VIII
DE LAVAL A HAÏTI


Nous voici arrivés à la période d'après guerre. Les colloques qui n'ont cessé de se poursuivre vont reprendre plus activement, mais d'une autre manière. En 1945, au Convent du Grand Orient de France, on fait état de l'un d'eux qui aurait eu lieu au début de 1944. Le Général Franc-Maçon Péloquin sollicité:

en tant que dignitaire de la Franc-Maçonnerie pour prendre part à une réunion où devaient être présents un membre important de l'Église Catholique, le président des Jeunesses catholiques, le président des démocrates chrétiens, un membre de la ligue des Droits de l'Homme et un membre de la Ligue de l'Enseignement, déclare: «Je me suis trouvé en relation avec un prêtre d'allure distinguée auquel il fallait donner le titre de "Monseigneur..." Le prêtre nous a proposé une trêve... Une note a été rédigée en commun. Il avait été entendu qu'elle serait donnée à la hiérarchie ecclésiastique» (14).
Il serait sans doute indiscret de pousser l'enquête pour savoir à quelle autorité Monseigneur destinait une note discutée avec le Grand Orient de France en compagnie du Président des démocrates chrétiens de cette époque. Si les circonstances et la nature de la délégation ne portent pas à croire que le colloque avait un but spécifiquement religieux, elles confirment opportunément un état d'esprit assez éloigné de celui des encycliques pontificales. Rien ne pouvait être plus agréable assurément à ce groupe des hauts-grades que la doctrine synarchique déterminait à rechercher l'intégration de l'Église dans des appareils culturels nationaux ressemblant à s'y tromper aux "églises nationales" de Saint-Yves d'Alveydre. Cette politique que Mgr Jouin appelait, pour l'avoir souvent dénoncée la laïcisation de l'Église ne pouvait évidemment commencer que par des silences, des sourires et de compromettants efforts de conciliation.

"DE TOUTE ÉVIDENCE À L'INTENTION DES CATHOLIQUES"

Mais il fallait convaincre les catholiques. Le Père Berteloot reprit sa tâche. En 1947, LA FRANC-MAÇONNERIE ET L'ÉGLISE CATHOLIQUE paraissait en deux volumes aux éditions du Monde Nouveau. Le premier: Motifs de condamnation, et le second: Perspectives de pacification, amplifiaient la matière de son article à la Revue de Paris en 1938. Si le Père termine son premier livre en donnant raison à Léon XIII, on peut se demander, surtout à propos du second, quelle connaissance réelle il pouvait bien avoir d'une institution basée sur des symboles et surtout des secrets successifs et d'un grade à l'autre qui font de ses plus hautes instances de véritables supérieurs inconnus. Le Père étaye son argumentation sur des documents, des correspondances qu'on a bien voulu lui communiquer sans tenir compte des desseins cachés aux Frères eux-mêmes et que, d'ordinaire, des faits ou des découvertes souvent très postérieures dénoncent par la suite. Le Père Berteloot et ses imitateurs catholiques avec lui se sont montrés par là inconscients disciples des Frères, tel Dumesnil de Gramont, qui proclament la main sur le cœur la parfaite correction de leurs documents officiels vis-à-vis de l'Église, alors que la seule lecture des comptes-rendus de Convents révèle une suite ininterrompue d'attaques contre elle. Cette méthode a conduit le Père a une incroyable naïveté dans son deuxième volume où il se plaît à reproduire les lettres qu'il a reçues de Francs-Maçons jugés par lui favorables à l'Église. À coup sûr l'émouvante sincérité de certains d'entre eux habités par la nostalgie de la Foi perdue ou par le désir de la Vérité ou même par l'amour de la paix, ne fait aucun doute. Mais croire à l'amélioration de l'institution par des hommes qui ne sont pas maîtres de ses plus hautes instances! Mais prendre pour argent comptant les déclarations d'un Frère-Maçon Roosevelt, d'Albert Lantoine, de Wittemans , membre des Congrès pour la fameuse religion universelle, de Dumesnil de Gramont et d'Oswald Wirth!

Ne récusons pas, bien sûr, chez certains correspondants, la "bonne volonté". Mais pourquoi le Père n'a-t-il pas montré aux catholiques l'immense danger de ces conciliabules avec des interlocuteurs, même de bonne foi, dont le langage, étranger au nôtre, tout pétri de l'irréductible opposition de la doctrine des Loges au catholicisme, s'insinuera dans l'esprit de nombreux ecclésiastiques et dans la littérature qui foisonnera autour du Concile? Voici, par ~xemple qu'on dénonce la Curie, ennemie de l'Unité:

- Le Vatican peut tout s'il se hausse au-dessus de la Curie romaine... Je regrette - et combien! - que la formule de l'infaillibilité ex sese non autem ex consensu ecclesiae soit quand même un obstacle au sint unum.


Un autre parle comme Saint-Yves et les Néo-Templiers:

- Combien d'hommes s'écrient: «Le Pape avec nous!»

Un troisième:

- C'est dans une réformation du christianisme primitif qu'il faut chercher la planche de salut.

Celui-ci chante au Père un hymne qu'aurait bien signé Teilhard de Chardin:

- La nature est en marche vers plus de pensée et vers plus d'amour c'est-à-dire vers plus de christianisme.

Convaincu des besoins partout répandus d'un spiritualisme nouveau, mais à la manière ésotérique d'Oswald Wirth, cet autre déclare:

- La magnifique ampleur de notre enseignement initiatique nous permettra de les concevoir... Nous nous adapterons à ce jeu car nous ne sommes entravés par aucune conception dogmatique étroite... De tout mon cœur je souhaite pour le bien général que l'Église comprenne aussi et réalise sur elle-mbme les réformes nécessaires.

Enfin voici le syncrétisme interconfessionnel:

- Si le Pape veut commander urbi et orbi il faut qu'il présente un front plus large que celui qu'il représente à ce jour.

Tout au long de ces correspondances, prises parmi celles qui ne sont ni les pires ni les meilleures s'étale l'étrange œcuménisme de la Maçonnerie Universelle

- au-dessus des religions dogmatiques actuelles

(Cahiers de la Grande Loge de France 1949, n° 10, p. 1).

L'enthousiasme du P. Berteloot semble bien avoir fait de lui la première victime d'une équivoque qui en fit d'autres parmi ses lecteurs, car s'il avait la chance d'intéresser quelques maçons sans les guérir de leur panthéistique philosophie ni leur ouvrir le chemin de l'Église, il avait la disgrâce d'induire les catholiques en une erreur manifeste sur la mentalité générale et les desseins réels de l'institution. Ainsi l'avait compris la Grande Loge de France:

Le livre du P. Berteloot fut écrit de toute évidence à l'intention des catholiques et non point à l'intention des francs-maçons... C'est donc aux catholiques que le P. Berteloot s'efforce de faire admettre la possibilité et l’intérêt d'une entente courtoise entre deux Institutions qui n'ont aucune raison de se combattre aussi longtemps qu'elles respectent l'une et l'autre la liberté de conscience.

(Les Cahiers 1949 n° 11, p. 8.)

Cette réponse froide et distante aux bonnes dispositions du Père n'allait pas sans un couplet cinglant à l'adresse des hauts grades qUi, se prétendant l'élite du Rite Ecossais avaient entretenu les illusions. Comme au temps de Lantoine et même du P. Gruber, la basse maçonnerie n'était pas mllre pour donner à l'Église une main que le Père crut voir tendue du côté de la maçonnerie anglo-saxonne.
Qui donc avait pu suggérer cette dernière idée au Père Berteloot sinon cette "élite" des hauts grades écossais, membres du Suprême Conseil, disciples et aussi héritiers spirituels du plan synarchique des Saint-Yves, Oswald Wirth, Papus même? Pour amener l'opinion catholique et l'Église elle-même à réviser ses jugements sur la Maçonnerie il fallait pouvoir leur faire prendre en considération une obédience franchement déiste sinon religieuse. La Grande Loge de France, en dépit de la Bible sur ses autels - et à fortiori le Grand Orient - n'avait décidément aucun talent pour cette figuration. De son côté le Père ne voyait pas sans satisfaction la religiosité officielle de la Grande Loge Unie d'Angleterre et de sa fille la Grande Loge Nationale française du Boulevard Bineau a Neuilly renforcer sa douce obsession qu'il y avait dans la Maçonnerie spéculative un fondement originairement chrétien, susceptible, en ressurgissant, d'arranger les choses.


Notes:

(14) Lectures Françaises Nov.-Déc. 1963 reproduisant ce texte du bulletin du Droit Humain p. 4.

lundi, septembre 08, 2008

ON PERFECTIONNE LA MÉTHODE

Cette trouvaille consolait le Père de ses déboires à tel point que se prenant d'un zèle étonnant pour sauvegarder la virginité de la Grande Loge d'Angleterre et de la Loge de Neuilly il sacrifie ses amis de la Grande Loge de France qui pourtant, désireux de rentrer en grâce, mais pour des raisons politiques, auprès de l'omnipotente Maçonnerie anglaise avait repris la Bible.

Les dirigeants de la Grande Loge, écrivait-il dans la Table Ronde de Mars 1955, ont donc pensé qu'il convenait de faire amende honorable de façon spectaculaire, d'où la reprise de la Bible sur l'autel... Bien entendu ils ont du admettre d'abord les exigences des Loges régulières: croyance à Dieu, en l'immortalité de l'âme, etc... Mais qu'importe! Il s'agit là d'un engagement du bout des lèvres ne reposant sur aucune garantie religieuse et il n'y a aucune illusion à se faire quant à la valeur de ces proclamations solennelles. Que la Maçonnerie anglo-saxonne prenne garde car il en va de ses destinées. Il est des échanges mortels et on ne peut admettre en soi ce qui contient un germe de dégénérescence sans risquer de périr soi-même.

Nous ne savons pas si la Grande Loge de France reçut le coup comme un coup de stylet ou comme une pieuse admonition, mais nous imaginons volontiers les évêques, les pasteurs anglicans, les lords, les gentlemen de la Grande Loge d'Angleterre, accueillant en tenue solennelle d'un flegmatique: Charming!, la pommade du Jésuite français (15). Quant à nous nous ne pouvons celer notre admiration sans réserve pour les savants zig-zag d'un apostolat estimant moins pressé d'entreprendre directement la conversion des Frères à l'Église catholique que de leur montrer en exemple la Grande Loge d'Angleterre dont la glaciale neutralité recouvre plus habilement l'hostilité anti-romaine commune à toutes les Maçonneries!


La Maçonnerie chrétienne! Le retour aux sources! Voilà les deux mamelles qui désormais vont nourrir la politique de rapprochement. La première incitera les catholiques à une complaisance attendrie envers cette maçonnerie dévotieuse à un Grand Architecte de l'Univers qu'on pourra appeler le Bon Dieu; la seconde attirera les Frères vers la divinité que certains appellent l'Esprit, d'autres l'Imprononçable ou encore le "dieu bon" des lucifériens, mais qui sera toujours et partout le Grand Architecte tant cet insaisissable individu possède de cartes d'identité!

Déjà circule dans la presse le bruit que l'Église romaine laisse fléchir sa discipline; on prétend non sans un semblant de raison si l'on considère le nombre des conciliabules privés, mais avec beaucoup d'audace en feignant de croire à une détermination officielle, que des rapports de composition mutuelle sont établis entre l'Église et la Maçonnerie. En Autriche le Père Aloïs Schrott fait cette déclaration à la Die Wochen Presse:

Les méthodes de controverse ne sont plus les mêmes. La Franc-Maçonnerie n'est plus aujourd'hui étroitement antireligieuse mais cherche un rapprochement avec l'Église. L'Église tout en maintenant que l'appartenance à une Loge entraîne l'excommunication est devenue plus élastique (16).

En Italie des bruits et des tentatives semblables pour égarer l'opinion émanent d'un Groupe du Rite Ecossais, malgré les protestations des obédiences au sein de leurs réunions intimes. Partout on décèle une manœuvre générale tendant à tromper les catholiques tout en mettant en garde les Frères" contre un prétendu abandon par la Maçonnerie de ses principes et de son action. Et c'est chez des membres du clergé catholique que pareille manœuvre trouve un échos favorable. A plusieurs reprises le Vatican doit intervenir; en 1950 l'Observatore Romano publie une note de Mgr Cordovani, Maître du Sacré Palais pour rappeler les positions de l'Église. Le P. Caprile publie une série d'articles dans la Civilta Catholica. Cela n'empêche pas qu'en France la campagne va être poussée plus fébrilement.


Notes:

(15) Nous parlerons plus loin de la "religiosité" de la Grande Loge d'Ang1eterre.

(16) Reproduite par la FREIMAURISCHE CORRESPONDENZ (15/2/61) ensuite par la Lettre mensuelle du Frère-Maçon Vinatrel et enfin par LECTURES FRANÇAISES de Nov.-Déc. 1963. Ce texte est repris de Lectures Françaises.

LE PÈRE RIQUET À LA LOGE VOLNEY


C'est alors qu'entre en scène le R. P. Riquet de la Compagnie de Jésus.

Ancien déporté, il a subi les humiliations et les privations des camps de prisonniers en compagnie de Francs-maçons, victimes comme lui de leur patriotisme et des sévices de l'occupant. Il a contracté là-bas des amitiés respectables, bien sûr, mais qui, si elles ont à juste titre développé ses sentiments de charité, n'ont apparemment pas aiguisé en lui l'intelligence de la chose maçonnique aussi bien quant à l'histoire qu'aux réalités présentes et aux principes posés par les encycliques.

Le Père Riquet est un interlocuteur valable.

De l'autre côté, le Frère-Maçon Marius Lepage, alors Secrétaire Général de la Préfecture de la Mayenne, Maître en chaire de la Loge Volney à Laval (Grand Orient de France), Directeur de la revue Le Symbolisme fondée par Oswald Wirth dont il fut le disciple. Avec Marius Lepage, c'est la suite du même groupe agissant, celui des Wirth, des Cohen, des Cauwel, des Lantoine où il convient de ranger maintenant Riandey et Marsaudon. Mais il s'agit cette fois beaucoup moins d'un dialogue que d'une manifestation spectaculaire, d'un flash donnant le départ à une campagne orchestrée où le public doit voir un revirement de l'Église en rapport avec l'ouverture du Concile.

Le 10 Février 1961, Marius Lepage envoie donc une circulaire aux Francs-Maçons de Laval, aux Vénérables de Loges de la Correspondance, exposant que le Dr Mérigot du Grand Orient de France, membre du parti communiste, Conseiller Général du Cher et Maire de Vierzon fera une conférence à la Loge Volney sur l'athéisme. Il ajoute que pour exposer sur la même question le point de vue catholique, le P. Riquet y parlera le 18 Mars en tenue blanche fermée. D'après lui, quelques démarches personnelles, malgré les interdictions canoniques pesant sur la Franc-Maçonnerie, ont, à sa grande surprise, abouti rapidement; il a obtenu la permission de l'Évêque. La circulaire insiste sur l'importance d'une telle manifestation car c'est, dit-elle, la première fois depuis près de deux cents ans qu'un prêtre catholique est autorisé à pénétrer dans une loge et à prendre la parole devant un auditoire exclusivement composé de Francs-Maçons.

Il est impossible de suivre le Frère-Maçon Marius Lepage dans ses allégations sur la rapidité de ses démarches personnelles. La chose demandait en effet une préparation à laquelle Me Alec Mellor revendique sa part, importante à ce qu'en dit l'article de la Semaine Religieuse de Paris qu'on lira plus loin et qui en tout état de cause requérait aussi la permission des Supérieurs du P. Riquet.

Le Père fut donc introduit dans la Loge maillets battants, grand honneur! Le Figaro toujours friand de nouvelles religieuses susceptibles d'émerveiller le bourgeois - il confiera ses colonnes pendant le Concile à la plume intelligente de l'Abbé Laurentin, prophète de la collégialité en marche - se chargeait du compte-rendu. On le trouve à la une du Figaro Littéraire (25 mars 1961) sous le gros titre: LE P. RIQUET À LA LOGE VOLNEY". Exactitude garantie grâce à l'obligeance du Père et de Marius Lepage; annonce simultanée du livre de Me Alec Mellor, Avocat à la Cour de Paris: NOS FRÈRES SÉPARÉS LES FRANCS-MAÇONS. Cet ouvrage était édité par la Maison Marne autrefois parée du titre d'éditeurs pontificaux en même temps que, suprême coquetterie, fondée et dirigée par un franc-maçon: Ferdinand, Auguste, Amant Marne (1811-1893).

Pour un coup de grosse caisse, c'en était un.

Marius Lepage cinq mois après ne s'en tenait pas encore de contentement.
Lisez immédiatement ce livre en attendant que nous en reparlions. Et n'oubliez pas de remarquer l' "Imprimatur" dont il est revêtu. Je me suis frotté plusieurs fois les yeux avant de me faire une raison; j'avais bien lu: «Nihil-obstat»... «Imprimatur»... Diable!... Oh pardon, mes chers lecteurs, le mot m'a échappé. Il n'est plus de circonstances.

L'imprimatur était en effet de Mgr Hottot, de l'Archevêché de Paris, le Nihil obstat du Père Bonnichon de la Compagnie de Jésus, rédacteur aux Études, mentionné par A. Mellor dans son Introduction comme lui ayant apporté sa collaboration, doctrinale bien entendu, dans la rédaction de son ouvrage. Évidemment, le P. Bonnichon ne voulant pas se faire une injure, le Nihil obstat n'avait pas du traîner et Mgr Hottot, en toute assurance ne pouvait qu'y ajouter une garantie qui avait au moins le mérite de montrer au peuple fidèle que l'intentio œcumenica franchissait les barrières du clergé régulier pour· la défense de la Veuve et des opprimés.

C'est bien en effet l'impression qu'on retire à la lecture de ce plaidoyer (car c'en est un) où l'on voit la victime, la Franc-Maçonnerie, condamnée, non sans motif, hélas, mais moins à cause de sa nature profonde originairement chrétienne(!) qu'en raison de ses maladresses, de ses secrets sans grande importance et des excès des frères italiens excitant la bile de Léon XIII dans l'encyclique "Humanum Genus". L'auteur, à l'appui de ces thèses fantaisistes, présente des documents officiels - intéressants en vérité - mais toujours fidèles à la discrétion maçonnique et ne parle - ou si peu et en passant - ni des révolutions de 1789, 1830, 1848, ni du rôle du très illustre Frère-Maçon Palmerston dans la guerre à la Papauté, ni de la révolution de 1917 revendiquée cependant en partie par les Suprêmes Conseils comme étant leur œuvre, ni du Front Populaire en Espagne et en France, etc., etc.

On a pu penser que la réception du P. Riquet ne tire son importance que de la publicité qui lui a été faite. Ce n'est pas notre avis. Il y a presque toujours dans la poursuite d'une politique déterminée un ou plusieurs événements nouveaux, fortuits ou concertés, qui, même passés inaperçus, en constituent l'élément de base, le point d'appui. Dans les perspectives maçonniques la réception de Laval est de ceux-là. La publicité du fait en lui-même ne lui eut rien ajouté si, le livre d'A. Mellor, jetant un voile sur l'œuvre et les buts de la Maçonnerie, n'était comme le motif probant, la raison suffisante de l'événement. Les deux forment un tout qu'une publicité bruyante, tapageuse va jeter dans le public pour tenter de retourner l'opinion d'un seul coup. La publicité intervient donc au moment où la conjoncture politique rend souhaitable au régime qui oriente la presse et possible aux intéressés, l'opération d'asphyxie du grand public.

L'exploitation de l'événement va se poursuivre à un rythme rapide. C'est d'abord le Figaro, depuis longtemps inféodé à la politique synarchique des Schlumberger, des Coudenhove-Kalergi, qui ouvre ses colonnes au P. Riquet. On trouvera dans la DOCUMENTATION CATHOLIQUE DU 4 MARS 1962, plusieurs de ses articles où il développe sans broncher l'énorme farce d'une Maçonnerie spéculative, héritière des bâtisseurs de Cathédrales, du christianisme, de cette Maçonnerie naissante peuplée de catholiques comme s'il n'en était pas de même aujourd'hui, comme si les interdictions pontificales n'avaient pas précisément pour but de combattre cet abus! Tandis qu'Alec Mellor, exaltant probablement à dessein le Jacobinisme des Loges écossaises composées de partisans des Stuart, demeure plus discret sur leur étrange mystique, le P. Riquet, vantant avec émotion ces Maçons qui croient en Dieu, laisse dans l'ombre le fait que les successives condamnations pontificales portent sur l'essence même de l'institution maçonnique, sa constitution, ses actes. On le voit alors prêchant sa bonne nouvelle chez les religieuses de l'Assomption, au Rotary de Mantes, à Perpignan dans une réunion de charité présidée par l'évêque. Parallèlement, A. Mellor énumère ses succès à Témoignage Chrétien, à La Vie Spirituelle des Dominicains, à La Nation Française. Il relate, avec complaisance, la conférence d'un Père capucin sur Teilhard de Chardin dans deux Loges maçonniques d'Amsterdam avec la haute approbation de l'évêque de Harlem. Des publications catholiques emboîtent le pas, montrant que la Maçonnerie n'est pas ce qu'un vain peuple catholique pense. En Octobre 1963, Ecclesia qui semble vouloir se faire une spécialité du genre, publie sous la signature de Serge Hutin, écrivain maçonnique, un autre plaidoyer rempli d'inexactitudes, d'accusations fausses contre les anti-maçons, Mgr Jouin et ses disciples en particulier et qui ne craint pas d'y ajouter l'injure en les traitant de calomniateurs. A. Mellor avait lui-même qualifié d'oligo-phrènes (*), et de frères à la manière de Caïn, (sans doute par opposition symétrique avec nos frères séparés les Francs-Maçons), ces intégristes - toujours l'étiquette facile - jugés sans doute indignes de la charité XXème siècle dont on les accuserait de manquer si seulement ils exprimaient le désir de se mettre sous les portes cochères à l'abri de l'averse.

En 1963, parut encore à la Maison Marne, le second ouvrage d'A. Mellor LA FRANC-MAÇONNERIE À L'HEURE DU CHOIX". Cette fois, le NIHIL OBSTAT était du P. Riquet, mais l'Imprimatur toujours de Mgr Hottot. Gros ouvrage de cinq cents pages. Un coup d'œil sur la table des matières permet de voir qu'il s'agit surtout de l'histoire et de l'Ordonnance intérieure de la Maçonnerie: obédiences, rituels, travaux, problèmes contemporains. C'est un cours à l'usage des catholiques. Cours tendancieux, bien sûr, car on ne touche guère à l'œuvre de la secte: son opposition tantôt ouverte, tantôt cachée à l'Église romaine, le danger de son naturalisme, l'agressivité de son laïcisme militant, les conspirations que lui ont reprochées les Papes et l'histoire, ses visées de dominations religieuses et politique du monde. La nature de l'initiation, du symbolisme et du secret y paraît tellement amoindrie, surtout dans les maçonneries anglo-saxonnes, que seules quelques difficultés facilement surmontables les sépareraient de l'Église!

Si Me A. Mellor était Pape la question serait-elle si vite résolue au gré des désirs de ses amis? Qu'en pensent les Frères?

Notes:

(*) L'insulte étant un art que les Francs-Maçons exercent avec brio, voici ce que cela veut dire:

OLIGO du grec oligos, peu nombreux.

PHRÈNE (du grec, phrenesis, trouble, agitation. Délir furieux.

oligo-phrènes fous furieux peu nombreux.

Ce che Mellor se promenait avec son livre d'insultes sous le bras, au lieu de sa baguette de pain... Quand les arguments viennent à manquer, les acéphalopodes sortent le livre des insultes.
CES CLERCS D'ACCORD AVEC LES MAÇONS

Il faudrait donc aux R. R.P. P. Riquet et Bonnichon un certain héroïsme à persévérer dans leur dessein devant les lecteurs des Études ou du Figaro ou devant des auditoires divers, si d'étonnantes consolations ne leur venaient du côté catholique par des voies parfois inattendues. C'est, par exemple, en date du 23 Mai 1963, la SEMAINE RELIGIEUSE DE PARIS dont Mgr Hottot est le censeur officiel, donnant sous les initiales P.J. que l’on peut supposer être celles de son directeur le Chanoine Paul Jannot, un article bibliographique sur les ouvrages d'A. Mellor. Il faut reconnaître que malgré les objections fondamentales présentées par des Maçons avertis, contre ces ouvrages, la lecture de cette recension constitue pour les catholiques, dans leur presque totalité ignorants de la Maçonnerie, un chaleureux encouragement à adopter les yeux fermés la position des R. R. P. P. , de Me A. Mellor et des Frères-Maçons Marius Lepage, Marsaudon, Riandey, etc., etc. Voici cet article:

Me A. Mellor vient de donner une nouvelle preuve de la sympathie éclairée qu'il porte, dès longtemps, à la Franc-Maçonnerie. Après avoir pris une part importante aux contacts qui aboutirent, le 18 Mars 1961, à la réception officielle du P. Riquet par la loge du Grand-Orient de France à Laval, Me Mellor fit paraftre, au cours de la même année un livre "Nos frères séparés, les Francs-Maçons" où il exposait l'historique et les principes de la Franc-Maçonnerie. Cet ouvrage, qui fit justice de beaucoup d'inexactitudes et de nombreuses contre-vérités fut accueilli avec intérêt et s'attira des éloges aussi bien de la part des Francs-Maçons que des Catholiques. À cette étude de base, l'auteur vient de donner le complément qu'on attendait, par sa dernière œuvre: la Franc-Maçonnerie â l'heure du choix, dans laquelle il relate l'état actuel de la Franc-Maçonnerie. Il débrouille, pour le profane, l'écheveau des diverses obédiences entre lesquelles se partagent les Maçons, nous renseigne sur la diversité des rites et des grades, l'objet de l'activité des maçons, dans leurs "tenues", et hors de leurs loges.

Et tout ceci, documenté de première main, exposé avec une clarté qui n'exclut pas l'humour, nous avertit déjà qu'il faut distinguer entre les maçonneries régulières, fidèles â la croyance originelle au Grand Architecte de l'Univers, à la Bible considérée comme livre révélé, à l'âme spirituelle - et les autres maçonneries qui ont rejeté Dieu, la Bible et sombré dans le matérialisme.

Mais la partie la plus originale de ce maître ouvrage de "maçonnologie" est celle qui étudie l'affrontement de la maçonnerie â ses problèmes actuels: problèmes intérieurs concernant l'attitude des vrais maçons vis-à-vis des sectes occultes, de l'admission des femmes dans l'Ordre ou de la manifestation publique de la qualité de maçon. Il y a surtout les problèmes extérieurs et l’on aborde les rapports de la maçonnerie avec le communisme et, plus encore, ceux de la Maçonnerie avec l'Église. Un certain nombre de ces "maçons· qui Croient en Dieu" comme a dit le P. Riquet, souhaitent échapper à la condamnation générale portée jadis par le Saint-Siège contre les maçonneries, à cause de leurs activités antichrétiennes et de leur fameux "Secret". D'aucuns ont même adressé au Saint Père, en 1962, une requête en ce sens, à l'occasion du Concile.

En laissant de côté les irréductibles infidèles à l'esprit de l'Ordrè, l'heure ne serait-elle pas venue d'un rapprochement entre'l'Église et les Maçonneries déjà prêtes au dialogue et la force que représente leur philosophie ne pourrait-elle être intégrée dans le
mouvement œcuménique? C'est sur cette question que nous laisse l'auteur à la fin de cet exposé dont il nous faut dire, en terminant, la clarté, l'objectivité et l'inspiration chrétienne.

Faut-il conclure à l'ignorance totale des choses de la Maçonnerie de la part de l'auteur de l'article, qui, malgré Léon XIII la qualifiant d'institution spécialisée dans la dissimulation et le mensonge, estime lui, de première main une documentation nécessairement faussée par la vertu du secret maçonnique? Si les dignitaires informateurs de Me Mellor lui avaient tout communiqué, s'ils avaient vidé leur sac", il n'y aurait plus de maçonnerie. Le Frère-Maçon Sirius le dit lui-même et il ajoute: SI Me MELLOR NE DIT PAS TOUT, ce qu'il dit il le dit honnêtement.

Ne semble-t-il pas qu'il serait très utile et même nécessaire aux lecteurs de la Semaine Religieuse de Paris de savoir ce que la philosophie des maçonneries fidèles à L'ESPRIT de l'Ordre et déjà prêtes au dialogue apporterait au mouvement œcuménique, si ce n'est précisément que cette philosophie entend être seule œcuménique et tout spécialement à l'encontre de l'Église romaine? Condamnée pour son naturalisme et son libéralisme qui ne constituent dans la plupart de ses développements que les moins poussées de ses thèses résumées dans les rituels maçonniques, il serait tout à fait surprenant de la voir enrichir le trésor doctrinal et spirituel du catholicisme! Il est vrai que par deux fois dans son deuxième ouvrage (pp. 283 et 470) Me Mellor déclare sous la garantie théologique du P. Riquet, que ces rituels ne sont pas condamnés. Nous ne pensons pas cependant que le Nihil obstat" du P. Riquet ni l'Imprimatur de Mgr Hottot puissent faire oublier l'encyclique HUMANUM GENUS du Pape Léon Xill:

Le but fondamental et L'ESPRIT de la secte maçonnique avait été mis en lumière par la manifestation évidente de ses agissements, la connaissance de ses PRINCIPES, l'exposition de ses règles et de ses RITES et de leurs commentaires... En présence de ces faits il était tout simple que ce Siège Apostolique dénonçât publiquement la secte des francs-maçons comme une association criminelle.

Et qùi sont-ils en nombre et en qualité ces maçons soucieux d'échapper à la condamnation générale portée jadis par le Saint-Siège, qui ont adressé en 1962 une requête en ce sens au Saint Père À L'OCCASION DU CONCILE? Est-il sans intérêt pour les lecteurs de la Semaine Religieuse de savoir si les grandes organisations maçonniques de l'ancien et du nouveau monde, ou du moins de l'Europe, ou seulement de leur pays ont créé par là un courant sincère sinon suffisant de sympathie à l'Église?

OR IL NE S'AGIT QUE DU GRAND ORIENT D'HAÏTI!

Eh oui! du Grand Orient d'Haïti tout seul, qui dans son mémoire au Saint Père se plaint amèrement d'avoir été compris dans les condamnations malgré ses sentiments originairement, constamment, présentement chrétiens, voire même comme le dira, bientôt, par une curieuse coïncidence le Père Riquet de la Maçonnerie anglaise, réprobateurs silencieux, des égarements de tant d'autres maçonneries! Des maçons pontificaux en somme! Et le Saint Siège a mal jugé!
Ne soupçonnons pas quelque sorcellerie dans cette erreur!

Non, le Vaudou n'a aucune raison de jouer des mauvais tours au Grand-Orient d'Haïti! Simplement, ce dernier (encore une coïncidence!) était en relation avec Marius Lepage. L'histoire ne nous a pas dit encore si Marius Lepage avait suggéré la requête au Saint-Siège, mais elle nous affirme que le Grand-Orient d'Haïti en avait envoyé le texte au directeur du Symbolisme pour une publicité incontestablement utile à l'un comme à l'autre et que Me Mellor a jugé faire œuvre pie de reproduire pour l'illustration et la défense de la Maçonnerie chrétienne. En résumé on en revient toujours aux combinaisons œcuméniques du Frère-Maçon Marius Lepage, du R. P. Riquet et de leurs amis!

Ainsi l'article de la Semaine Religieuse de Paris ne s'en tient même pas à une analyse complaisante. C'est un éloge inconditionnel d'inexactitudes et de contre-vérités. Sans critique, sans réserves, sans même la mention loyale de celles qu'ont faites d'autres recenseurs francs-maçons; on y trouve en revanche éclairée la sympathie de l'auteur pour la Maçonnerie! De ce maître ouvrage on vante la clarté, l'objectivité, l'inspiration chrétienne.

Avec l'autorité morale de la Semaine Religieuse, cette louange au cours forcé, comme celui de la monnaie fiduciaire, trompe les fidèles. Elle prend place dans la série des nombreux articles de propagande déversés depuis quatre ans sur le public par des organes catholiques. Un immense progrès s'est donc accompli depuis les premières rencontres pour le rapprochement. Malgré l'apparente hétérogénéité de ce mouvement avec le plan initial de la divine synarchie il n'y a aucune solution de continuité dans l'accomplissement de celui-ci. Il suffit pour s'en convaincre de mettre en parallèle les initiateurs, les exécuteurs francs-maçons et leurs disciples catholiques ou leurs interlocuteurs ecclésiastiques. Au point de départ l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, le Martinisme, le Symbolisme, Saint-Yves d'Alveydre, l'apostat Roca, le Mage Papus, derrière lesquels se profile l'ombre du Mage Noir Guaïta, puis Oswald Wirth; à leur suite les Suprêmes Conseils les Frères-Maçons Reichl, Lenhof, Ossian Lang, Oswald Wirth encore, Cauwel, Cohen, Lantoine, Lehman, Foy, et près de nous, Lepage successeur d'Oswald Wirth, Riandey, Marsaudon. En face: après Roca, les occultistes dits catholiques, l'abbé Melinge-Alta et le mouvement catholique moderniste, l'abbé Lugan, les R. P. Gruber, Mukermann, l'abbé Violet, les R. P. Desbuquois , Berteloot, bien d'autres ecclésiastiques auxquels fait allusion le Frère-Maçon Marsaudon, les R. P. Riquet, Bonnichon, Omez, Me A. Mel1or, des revues ·catholiques...

Relisons ce que Saint-Yves d'Alveydre disait de la Franc-Maçonnerie et de l'Église. On croirait que convaincus de son inévitable victoire, tout ces interlocuteurs catholiques ont capitulé devant la ridicule menace:

Prenez garde... que cette institution... n'accomplisse un jour à votre place la promesse de l'Ancien et du Nouveau Testament.

(S.-Y. D.A.)

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Il nous faut des prêtres de bonne santé spirituelle qui n'oublient pas que les ennemis de l'Église sont toujours debout, même s'ils font momentanément silence, que la Franc-Maçonnerie travaille et se prépare à lancer contre l'Église de nouvelles et violentes offensives.
(Cardinal Feltin, 1953)

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