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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

samedi, août 30, 2008

SECTON DES

APPENDICES


Voici qu'en transparence la face du Seigneur divinement flamboie! Le Christ vit dans l'Église. Toute opacité s'estompe, toute déception s'évanouit, tout scandale devient tremplin par la vertu de l'amour, peut-Être dans les larmes, pour arriver à la joie de la certitude finale...
(Paul VI, Jeudi -Saint 1963)



I

EXPLICATION DES DEUX GRANDS SYMBOLES DU MYSTÈRE D'INIQUITÉ

Les pages qui précèdent ont pu renseigner le lecteur sur les sources contemporaines et la propagation des desseins les plus immédiats que les sectes veulent réaliser en milieu catholique.

Nous l'avons fait assez clairement, pensons-nous, pour en donner une vue suffisante qui serait d'ailleurs à compléter par d'autres questions que nous ne ferons qu'évoquer dans l'appendice suivant.

Mais il va de soi que tous les problèmes abordés dans cette étude - et nous répétons qu'il y en a d'autres - ne sont que des manifestations partielles d'une conception centrale, d'une doctrine originelle, concentrée, schématisée, en un mot d'une idée-mère de la subversion, réalisant d'un trait la parole de l'Évangile:
qui n'est pas avec moi est contre moi (Mat. 12-30).

C'est pourquoi, afin de fixer l'attention du lecteur, nous avons inséré dans cet ouvrage la reproduction des deux grands pentacles ou symboles ésotériques de la contre-Église. Parlant aux yeux, ils figurent graphiquement à la fois l'unité et la diversité de ce Mystère d'Iniquité qui demeure partout et toujours le même.
Nous donnons ici un bref commentaire de ces deux pentacles:
  1. l'étoile à six branches,
  2. l'étoile à cinq branches
comme un résumé qui permettra de saisir le sens de bien des manœuvres actuelles de la Synagogue de Satan (Pie IX) contre l'Église du Christ.


HEXAGRAMME OU ÉTOILE A SIX BRANCHES

Cette figure représente le grand pentacle kabbalistique formé de deux triangles inversés et enlacés. On l'appelle aussi le SCEAU DE SALOMON.

Au siècle dernier Éliphas Lévi (ex-abbé Constant), ce maître de l'occultisme,l'avait reproduit dans son ouvrage "Dogme et rituel de la Haute Magie", mais il ne l'avait pas créé. Il l'avait repris, à quelques variantes près, de vieux manuscrits kabbalistiques. Serge Nilus à son tour, l'empruntant à Éliphas Levi, l'avait mis tel qu'il est ici reproduit, dans son ouvrage intitulé: "Le Grand dans le Petit et l'antéchrist comme possibilité immédiate du gouvernement" suivi d'un texte des Protocols.

Ce pentacle s'appelle aussi: LE MACROPROSOPE ET LE MICROPROSOPE (le grand et le petit monde) de la Kabbale. En voici les significations les plus accessibles au lecteur non averti.

1°- Le serpent qui se mord la queue entourant l'hexagramme est le symbole de la haute initiation occultiste.

Il figure aussi l'universalité de la science occulte et de la puissance des Mages conquérant l'univers.

2°- La devise Quod superius macroprosopus sicut quod inferius microprosopus est une très ancienne formule hermétiste. Elle signifie: Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas (et réciproquement). On doit y voir d'abord une fausse analogie donnant la création visible comme l'image du monde supérieur invisible dont elle est la réplique.

L'illuminisme et la théogonie des sectes aboutissent ainsi à une inversion DES DONNÉES DE LA RÉVÉLATION et par conséquent de la théologie catholique.
Le Macroprosope (supérieur) coiffé d'une tiare papale est donc l'Homme-archétype, idéal, divin, l'Adam-Kadmon de la Kabbale (voir plus haut: Roca page 155 note 37). Le Microprosope (inférieur) c'est le Mage, l'être "ultra-humain" d'ici-bas, dont la science occulte fait un "de ces êtres invraisemblables qui ne conservent de l'humanité que tout juste l'aspect extérieur, mais dont l'esprit émancipé s'élève à des hauteurs inouïes où l'homme est transformé en demi-dieu" (Oswald Wirth). On pourra"comparer avec les élucubrations délirantes de Pauwels et Bergier dans"Le Matin des Magiciens et leur suite dans la revue Planète.

C'est donc aussi - et ceci est important - la formule de la RÉGÉNÉRATION (ou réintégration) de l'homme par le Grand Oeuvre de l'hermétisme qui fait de l'homme (inférieur) un dieu (supérieur). La régénération de l'homme par la GNOSE (connaissance ésotérique et initiatique) S'OPPOSE DONC À LA RÉDEMPTION PAR LE CHRIST.

3° - Des deux triangles, celui dont la pointe est dirigée vers le bas représente la descente du divin - l' "Esprit"dans la matière. Philosophiquement c'est la théorie gnostique et hermétiste de l'INVOLUTION panthéistique.

Le triangle dont la pointe est dirigée vers le haut représente tout ce qui remonte... vers l'Esprit. Symbole de la remontée spirituelle. Philosophiquement c'est l'ÉVOLUTION noogénétique (1).

Lisons à ce sujet l'exégèse de l'EX-CHANOINE ROCA:
L'Esprit traverse de bas en haut toute la région matérielle et sort du règne de l'animalité pour atteindre sa pleine possession dans le cerveau de l'Homme, dans son intelligence et son génie d'où il s'élance radieux dans la sphère angélique. Une nouvelle carrière s'ouvre alors devant lui: il REMONTE les ordres qui forment les neuf chœurs des anges; il entre ainsi dans le Nirvana harmonieux des mahatmas qui n'est pas, autre chose, je l'ai dit, que le sein d'Abraham de l'ancienne loi et, depuis l'Évangile, le sein du Christ glorieux (2).
(Glorieux Centenaire p. 288).


Ce Christ, il ne faut pas l'oublier, n'est pas, d'après le chanoine Roca, le Christ du Vatican.

Le sceau de Salomon est donc l'image parfaite de la création divinisée, rendue plérome selon les gnostiques, les hermétistes, les occultistes.

Par rapport à l'homme il est la parfaite figuration du mot de la Genèse: eritis sicut dii - vous serez comme des dieux.

4°- Stola Dei (l'étole de Dieu). Nous sommes ici en présence d'une des plus perverses conception des sociétés secrètes: celle de l'androgynie divine. Le triangle noir représente l'hypostase masculine (Osiris dans la théogonie égyptienne) et le triangle blanc l'hypostase féminine (Isis des égyptiens). C'est de là que découlent les invraisemblables doctrines des sectes sur la Vierge Marie et sur un sexualisme spiritualisé, théories que sous diverses formes elles tentent d'insinuer dans la pensée chrétienne.

5°- La Croix de Malte, est le tétragramme kabbalistique (TeTragrammaTon), le grand nom divin, infiniment mystérieux, absolu (Pour Claude de Saint-Martin fondateur du martinisme, c'est l'Imprononçable, Lucifer) (3). N'y voir à aucun titre un emblème chrétien. D'après Éliphas Lévi, c'est le signe des mystères de l'Inde (Swastika et Sauvastika), le Stauros (croix) des gnostiques, le Tau des mystères d'Égypte. Philosophiquement, avec ses quatre éléments c'est l'unité substantielle de la divinité ternaire englobant la nature, notamment l'homme. C'est le panthéisme. Son sens ésotérique est donc païen. Le fort du rosicrucisme est de couvrir ce sens païen d'une apparence chrétienne!

La pensée rosicrucienne aspire à rendre au signe de la Croix la force et la magie que le Christ lui-même lui donne en faisant sortir de sa tige la fleur des Temps nouveaux. C'est pourquoi elle enveloppe la Croix de roses.
(Ed. Schuré. Introduction à l'ouvrage: Les Mystères chrétiens et les Mystères antiques" de Rudolf Steiner - 1908).
La rose est l'emblème de la science: christianisme scientifique, c'est-à-dire gnostique.

L'ÉTOILE À CINQ BRANCHES OU PENTAGRAMME

C'est le signe de l'homme.

Il correspond à la partie inférieure du sceau de Salomon, mais ici ce n'est pas le Mage, c'est l'homme non encore régénéré, en voie de régénération, affirmant son règne, sa souveraineté sans rien au dessus d'elle sur l'Univers. Signe parfait de l'humanisme païen et surtout de l'humanisme initiatique. Les occultistes et Oswald Wirth lui-même lui attribuent des pouvoirs cachés en la possession des Initiés.

On trouve souvent l'image de l'Homme inscrite dans cette étoile: la tête dans la pointe supérieure, les deux bras étendus dans les branches horizontales et les pieds écartés dans les branches inférieures, le tout assorti des principaux signes alchimiques.

Des occultistes "catholiques" dès la fin du siècle dernier ont imaginé d'intégrer ce pentacle dans une symbolique chrétienne. Jouhnet, ami du chanoine Roca dit de lui: "Le Pentagramme est le sceau de l'Homme" mais il ajoute qu'il se rapporte à la Croix dont il est le complément et aux cinq plaies du Christ!

Notes:

(1) C'est la NOOGENÈSE du grec: Noos (Nous), esprit, intelligence et : genesis, naissance, origine.

(2) Comparer avec la Noogenèse de Teilhard de Chardin. D'abord sa vision de "l'Esprit naissant au sein et en fonction de la matière... L'Esprit est une grandeur physique constamment croissante" (Comment je crois p. 9). Et puis, l'évolution: "Je crois que l'Univers est une évolution. Je crois que l'évolution va vers l'Esprit. Je crois que l'Esprit s'achève en du Personnel. Je crois que le Personnel suprême est le Christ universel" (ibid). "La fin du Monde: renversement d'équilibre, détachement de l'Esprit enfin achevé de sa matrice matérielle pour le faire reposer désormais de tout son poids sur Dieu-Oméga" (Le Phénomène Humain p. 320). Ce que le Père appelle lui-même "la genèse cosmique de l'esprit" justifie pleinement la remarque du R. P. Philippe de la Trinité: "C'est, à la lettre L'EXCLUSION LOGIQUE DE LA CRÉATION DE L'AME" (Rome et Teilhard de Chardin p. 51-52). Eh oui! mais puisque pas plus que l'ex-Chanoine Roca, le Père n'identifie l'esprit à la matière qui le conditionne, alors d'où vient l'esprit sinon du milieu divin identifié avec le Fils de l'Homme (M. D. p.40)? Et qu'est-ce alors que ce Christ cosmique - milieu divin inséré dans la matière et émergeant, sinon l'Esprit dans un processus d'involution - évolution théogonique que, sans doute, Teilhard n'évoque pas, mais qu'appelle, qu'exige tout son système, tout aussi bien que celui du kabbaliste Roca? En bonne logique, le Père mène tout droit au Kabbalisme.

(3) Voir notre ouvrage: Bientôt un Gouvernement Mondial? (Éditions St Michel - Saint-Cénéré).

I N R I


Emblème du 33eme degré



I N R I ne signifie pas:

Jésus de Nazareth Roi des Juifs,

mais:

Igne Natura Renovatur Integra.


Par le feu (c'est à dire l'Esprit) la nature est rénovée toute entière, devise essentiellement Rose-Croix.

II

APRÈS LE CONCILE: D'UNE ORTHODOXIE... CHRÉTIENNE À L'OECUMÉNISME MAÇONNIQUE

Dans son nouvel ouvrage De l'initiation maçonnique à l'orthodoxie chrétienne, le Frère-Maçon Yves Marsaudon (1) nous conte les désillusions que lui a causées le Concile. La primauté pontificale n'a pas sombré dans les remous d'une collégialité au sommet appelée de tous leurs vœux par les sociétés secrètes; leur vision d'une Église universelle à la manière de Saint-Yves d'Alveydre s'en est quelque peu ressentie; les lois du mariage sont toujours debout et l'inoubliable journée où Marie fut proclamée Mère de l'Église, apparemment, ne lui a pas plu. Ses espérances n'ont pas survécu à la troisième session. Avant la quatrième, il a pris, héroïquement, un parti plus consolant pour son sentimentalisme digne des latomies, ces carrières abandonnées qui servirent de prisons aux Athéniens en 413 avant Jésus-Christ, et aussi selon l'esprit de la Maçonnerie. Entre le biblisme individuel du protestantisme et les formules dogmatiques de l'Église romaine, nous explique-t-il pudiquement, il n'a vu qu'une voie largement ouverte à tous les chrétiens épris de liberté: l'orthodoxie.

Mais il n'y va pas là que de ses états d'âme. Sa gourmandise d'un œcuménisme ceinturant la planète en passant, non par Rome, mais par Chicago, Tachkent en Russie, et l'Himalaya a aussi déterminé son passage à l'ÉGLISE CATHOLIQUE ORTHODOXE DE FRANCE (2).

Avant de nous pencher sur cette Église, examinons un peu les motifs qui, selon le porte parole de la Grande Loge Nationale, motiveraient la conversion des chrétiens à cette orthodoxie.
(
C'est d'abord, comme toujours, le désir de voir la doctrine de la Foi remplacée peu à peu par une philosophie élastique, étirable jusqu'au panchristisme cosmique, voire jusqu'à un subtil ésotérisme et dont le P. Teilhard de Chardin serait canonisé confesseur et docteur.

À ce point de vue il serait permis d'affirmer que la métaphysique à forme volontairement mal définie de l'orthodoxie (Paul Evdokimov) se rapprocherait alors des idées de Teilhard de Chardin basées
elles-mêmes sur une philosophie scientifique. Et si nous poussons plus loin notre raisonnement nous pourrions alors admettre que ce relativisme métaphysique une fois admis, le point Oméga de Teilhard de Chardin se situe à un niveau tellement éloigné des dogmes qu'il n'a plus rien d'absolu et que même le relativisme mathématique d'Einstein admis par la philosophie chrétienne
d'aujourd'hui dépasse singulièrement Bergson et que dans ce domaine très élevé de la pensée, il n'est pas interdit de songer à une possibilité de doute initial aboutissant à une conjonction de la science et de la mystique, à un accord désormais possible, le point Oméga coïncidant finalement avec l'infini mathématique.

La coïncidence, ne serait-ce pas plutôt le point d'interrogation?

C'est ensuite - et le Chanoine Roca, s'il revenait, ne se tiendrait pas d'aise - que des millions d'hommes qui ont soif de la parole, non seulement verront cette soif étanchée par la théologie des Suprêmes Conseils, mais qu'encore, par leur conversion à l'orthodoxie, vidant l'Église romaine de son contenu, ils mettront fin au papisme.

Nous avons donc tenté de leur faire voir une autre forme de christianisme, plus respectueuse de la tradition, éloignée depuis longtemps de tout concept à base Césaro-papiste, de tout totalitarisme, de toute action temporelle et de toute prétention à l'exclusivité dans la vérité.

(De l'initiation maçonne à l'orthodoxie Chrétienne p.228)

C'est sans doute aussi qu'après les échecs des tentatives des P. P. Berteloot, Riquet et d'A. Mellor pour baptiser la Maçonnerie, il fallait enfin en fabriquer une toute pure. Il fallait découvrir une vraie Maçonnerie chrétienne, non pas seulement avec la Bible dans la Loge, mais bien fournie d'un essaim de Frères poursuivant entre les colonnes du "Temple", sous la lumière du triangle en verre dépoli brillant des feux du Grand Architecte, des oraisons enflammées, comme de Vestales ardentes, commencées à l'Église - pas celle de Rome évidemment - et en plein accord avec elle.

Eh bien ça y est!

L'Église orthodoxe de France est le terrain spirituel sur lequel nous avons finalement atterri. Nous nous y sentons parfaitement à l'aise tant comme homme' qu'en qualité de franc-maçon.

(ibid).

Cette église qui n'est aujourd'hui en communion avec aucun patriarcat ou église autocéphale orthodoxe (3) fut fondée vers 1928 par un prêtre catholique romain, Charles-Irénée Winnaert (1880-1937) ancien curé de Viroflay, commune de Seine-et-Oise à trois kilomètres de Versailles, professeur à l'Institut Catholique de Paris, sous forme d'une communauté dépendant de l' "Église Catholique libérale" qui n'est autre qu'une Église gnostique. Sacré évêque à Londres par cette église dont les tendances théosophiques le portèrent à s'en détacher, winnaert transforma son groupement en "Église Catholique libre" dont il tenta vainement le rapprochement avec l'Église romaine. Le patriarcat russe le reçut alors sous certaines conditions. À sa mort Monseigneur Kovalesky, d'origine russe, reprit la direction de la communauté.

Eugraf Kovalesky, né en 1905, a été élevé à la dignité épiscopale le 11 Novembre 1964, sous le nom de Jean-Nectaire Kovalesky. Le voilà donc évêque de l' "Église catholique orthodof{e de France". Les francs-maçons, paraît-il, ne manquent pas parmi ses ouailles et le Frère-Maçon Y. Marsaudon nous dit:

C'est grâce à la Maçonnerie que nous avons trouvé une voie qui pour être personnelle n'en est pas moins ouverte à tous nos compatriotes; nous comptons d'ailleurs au sein des différentes obédiences françaises plusieurs membres de notre Église et non des moins actifs, chrétiennement parlant.


Si l'on s'en rapporte en effet au Suprême Conseil du rite écossais dont firent partie Riandey et Marsaudon, un certain nombre de loges russes se constituèrent en France après la guerre 1914-1918 au sein de ce rite, sous la dépendance de la Grande Loge de France pour y regrouper les réfugiés, chassés par la Révolution de 1917. Elles formèrent même tout un réseau d'influence, jusqu'à l'étranger où elles entretinrent des contacts avec d'autres loges ou groupements maçonniques russes, à Londres notamment et dans d'autres pays, l'un d'eux ayant pris le nom de Loge Maxime Kovalesky (4) à Belgrade. Ces loges qui n'ont pas chômé se sont livrées à une intense activité spirituelle. En 1949 par exemple, l'une d'elles, L'Aurore Boréale, travaillait la question de la liberté de l'homme au sein de l'Église orthodoxe. Il est tout naturel que, par un phénomène d'osmose, l'orthodoxie assez particulière des fidèles de Jean-Nectaire Kovalesky se soit répandue chez des maçons français du même rite et surtout parmi ses hauts grades et qu'elle soit devenue pour eux un cheval de bataille tout trouvé pour essayer de prouver à l'opinion le bien fondé des campagnes menées depuis longtemps par les sociétés secrètes, à savoir qu'entre le christianisme et la Franc-Maçonnerie, il ne peut y avoir de désaccord sinon par la faute de la seule Église catholique. N'est-ce pas ce que nous répète après les Guaïta, les Saint-Yves d'Alveydre, les Roca et tant d'autres, Marsaudon lui-même? La Franc-Maçonnerie n'est-elle pas capable d'abriter toutes confessions, de promouvoir même par ses rites, ses symboles, sa philosophie et finalement son ésotérisme la religion du Christ enfermée par l'Église romaine dans le corset des dogmes, étouffant sous la férule du magistère Césaro-papiste, incapable dans ces conditions d'apporter à l'humanité son épanouissement complet dans le christianisme ouvert? Voyez donc: lorsque l'équipe des hauts grades, Riandey, Marsaudon et d'autres quittant le Suprême Conseil de France ont rallié la grande Maçonnerie universelle régulière, c'est-à-dire la Grande Loge Nationale Française, (5) le Grand Maître de celle-ci, Van Heké leur a réservé une chaleureuse réception. Il a parait-il rendu grâce à Dieu Grand Architecte de l'univers et donné sa bénédiction aux nouveaux régularisés, heureux d'un si beau retour à la Foi maçonnique... par le détour de la foi orthodoxe (et réciproquement), tandis que Marsaudon se confond en remerciements envers Mgr Kovalesky de ses excellents rapports avec les francs-maçons.

Ce serait à coup sûr attendrissant si nous ne pouvions nous souvenir que dès 1946 le Frère-Maçon Marsaudon annonçait la formation de deux blocs au sein de la Chrétienté: d'un côté l'Église romaine et de l'autre l'Église évangélique (orthodoxe et protestante), cette dernière ayant toutes les chances de réaliser l'"œcuménisme", c'est-à-dire la fameuse et vaste OPÉRATION POLITICO-RELIGIEUSE dont nous avons déjà parlé.

Nous ne sommes guère préoccupés par l'échéance d'une telle parousie. Nous constatons seulement que, de son côté, Mgr Kovalesky donne dans cette orthodoxie spéciale propre à l'édification du NÉO-CHRISTIANISME appelé de tous leurs vœux par les sociétés secrètes. Nous voyons en effet certains de ses prêtres palabrer doctement et, semble-t-il, d'une façon assez régulière au CENTRE INITIATIQUE NATYA à Paris. Marsaudon nous dit lui-même, parlant de son église bien entendu, qu'

un des caractères de l'orthodoxie, c'est son
cosmisme

que son évêque professe un christisme où l'on voit

l'homme potentiellement divinisé,


où l'église (la sienne toujours)

progresse vers l'unité; le corps total cosmique

et où la Vierge Marie

suscite plus un langage symbolique que des définitions abstraites

qui n'établissent pas, contrairement à la logique romaine, sa Médiation auprès de Dieu son Fils.

Un langage symbolique, même cultuel, sans une base doctrinale n'a ni consistance ni garantie de durée et par conséquent ouvre la voie à toutes les interprétations. Ce dernier point du Credo marial de Mgr Kovalesky, cité par Marsaudon et qui vise au premier chef les formules dogmatiques de l'Église romaine, spécialement du dogme de l'Immaculée Conception; ne tarde pas, en effet, à porter des fruits qu'on trouve en un article des Cahiers Saint Irénée (de l'église orthodoxe de France): Mission de la femme dans la perspective de l'Ancien et du Nouveau Testament. Conformément à la plus pure tradition ésotérique, l'auteur, Madame A. de Souzenelle (6) part de l'androgynie divine et adamique à laquelle la femme a pour mission de ramener l'homme. Bien entendu, Marie est l'exaltation de ce rôle suprême MATRICE DU MONDE, mais qui cette fois contient Dieu... incarné dans la Matière cosmique", le lecteur imaginera le sens donné alors au "oui" (sic) de Marie.

Marie est une femme comme les autres. L'Église romaine en a fait une privilégiée, une "mise à part" qu'un deus ex machina a exemptée de la faute originelle. Que nous importe alors, dans la perspective de la marche du monde le sort de cette femme qui n'est pas des nôtres et que nous importe ce Dieu qui joue de nous comme de pantins?


Et nous ne poussons pas plus loin la citation pour le moment!

À l'Église orthodoxe de France, on a blâmé après coup, nous dit-on, la parution de cette étude. Cela ne change rien à l'affaire. Sa présence dans les échanges de vues libres des Cahiers Saint Irénée ne montre pas seulement la place que tiennent dans l'Église orthodoxe de France des Francs-maçons de haut grade amis du Frère-Maçon Marsaudon, l'aisance avec laquelle y évolue leur christianisme particulier, la facilité des rapports avec un cercle initiatique. Elle confirme surtout l'usage qu'ils entendent faire de l'Église orthodoxe de France pour l'avancement de cet œcuménisme maçonnique dont nous entretient, au cours de deux ouvrages, avec abondance et pertinence, Y. Marsaudon lui-même.

Notes:

(1) Le baron Marsaudon est Frère-Maçon du 33e degré, ex-membre du Suprême Conseil de France (Rite Ecossais - celui de la Grande Loge de France) passé à la Grande Loge Nationale Française, inféodée au système de la Grande Loge Unie d'Angleterre.

(2) Il ne s'agit pas ici de l'exarchat russe en Europe occidentale.

(3) Messager de l'exarchat russe no. 49 de Janvier-Mars 1965 et 51 de Juillet-Septembre 1965.

(4) Nous ignorons si un lien de parenté unit Mgr. Kovalesky à cet économiste et juriste russe dont les opinions libérales peu d'accord avec la politique de Stolipine mais plutôt favorables à celle du Comte Witté, semble être de ces grands notables qui ont préparé leur propre ruine et celle du peuple russe avant 1917. (Voir Gouvernement Mondial - chap. Rideau de Fer).

(5) Derrière laquelle, répétons-le, travaille la Grande Loge d'Angleterre.

(6) Mr G. de Souzenelle est membre du rite écossais ancien et accepté (grande loge de France) et membre très actif de l'Église orthodoxe de France, nous dit Y. Marsaudon.

jeudi, août 28, 2008

III

LA JAMAA EST-ELLE UNE MYSTIQUE NOUVELLE?

Nous n'aurions pas songé à ajouter un troisième appendice à cette étude, si une des citations que nous y avons faites du Chanoine Roca, ne nous avait valu de la part de quelques personnes préoccupées par la JAMAA, des questions dont l'une a été posée dans Le Monde et la Vie n° 153 de Février 1966.


Tout d'abord qu'est-ce que la Jamaa? Dans son n° 152 de Janvier 1966, Le Monde et la Vie, sous la signature de Peritus a exposé les grandes lignes de ce mouvement qui se veut à la fois communautaire, méthode d'évangélisation et recette spirituelle étonnante d'une voie d'union que le P. Tempels qualifie d'essence même de l'Église (Notre Rencontre p. 27). Dans cette mystique le thème de l'amour dans toutes les répercussions psychologiques et PHYSIQUES est exploité. Le réalisme sexuel qui en fait partie ... est spiritualisé. Le don de soi qui nous fait devenir amour dans notre être tout entier comporte également et singulièrement celui des sens et du corps en tel mode qu'il n'a pas seulement comme élément l'OFFRANDE DE LA PERSONNALITÉ COMME TELLE. Il comporte aussi comme élément constitutif la RENCONTRE CORPORELLE et cela même dans l'union au Christ et à la Vierge, prototype des rencontres des jamaïstes entre eux. Cette rencontre corporelle non pas vécue extérieurement mais VÉCUE EN ESPRIT est don total (esprit, cœur, CORPS) qui sanctifie tout l'être dans une pensée sainte: C'est ainsi que nous devons juger n'importe quel membre, n'importe quelle partie et n'importe quel geste de notre corps. La Jamaa qui vient d'un mot arabe signifiant: union, comportant une initiation progressive et des formalités tenues secrètes, n'est pas, paraît-il, une société mais un mouvement qui se communique par l'acquiescement initial et continu à l'initiateur et il est arrivé quelquefois que des membres de la Jamaa prétendaient avoir été favorisés d'apparitions de la Sainte Vierge.


Nous ne nous proposons pas, en la circonstance, de faire de la théologie sur le cas de la Jamaa, mais seulement d'exposer, en un raccourci, ce qu'en matière semblable... ou parallèle nous savons des sociétés secrètes, de leur mystique et des rapports de similitude avec la Jamaa. Nous le ferons surtout, comme à l'habitude, en citant des textes.


Mais avant de répondre à la question qui se posait tians Le Monde et la Vie à 1'occasion du chanoine Roca, il nous faut rappeler un principe. Reportons-nous en effet à l'explication donnée à l'Appendice l sur l'étoile à Six branches à propos de la Stola Dei. La Divinité, non seulement kabbalistique, mais gnostique, hermétiste et celle de beaucoup d'autres sectes ou religions payennes est ANDROGYNE. Elle comporte, personnifiées par diverses divinités, une hypostase masculine et une hypostase féminine, l'une principe créateur et l'autre générateur passif (en général la Nature) et l'on considère ceci comme une vérité appuyée sur l'autorité de la génèse.



MARIE


Il est donc exact que dans l'esprit de Roca et des Initiés, ses amis, Marie ne fut qu'une manifestation terrestre du principe féminin (la Sophia des Illuminés). Par conséquent, il est encore exact qu'ici-bas l'union physique des sexes symbolise et constitue pour eux l'élément évoluteur de l'homme vers le retour à la perfection de l'Homme-Archetype divin, androgyne. Mais alors, bien entendu et quoiqu'ils disent, leur "Marie" n'est plus la nôtre. Exemplaire matériel du principe féminin, c'est au fond la nature, le naturalisme. Les sectes considèrent le culte de Marie comme la suite de ceux des divinités païennes et notamment de l'Isis des Égyptiens déesse de la terre et de la GÉNÉRATION (2). C'était encore là le thème d'un long article publié il n'y a pas longtemps par Le Martinisme. Mais à la vérité, les doctrines ésotériques, les mystiques de sectes, sont sur ce point si nombreuses, si variées, nébuleuses et multiformes, que ce babélisme demeure impuissant à attendre la Mère de Dieu. Pour simplifier, nous dirons que si prenant à rebour le texte de la Génèse: il le fit à son image, on imagine non pas l'homme semblable à Dieu par son âme spirituelle, mais, inversement, Dieu à l'image de l'homme, mâle et femelle, il s'ensuit que le divin étant sexualisé, la vie spirituelle ne peut se rapporter, essentiellement, qu'à la sexualité.



VÉCUES EN ESPRIT... DÉJÀ


Les unions du genre de "Notre Rencontre" sont-elles donc chose nouvelle et possible? Déjà au XVIIe siècle un malicieux abbé ridiculisait, à leur grande fureur, les Rose-Croix pour ces sortes de spéculations qu'il appelait ironiquement des mariages avec les Sylphides. L'ILLUMINISME nous en offre des témoignages dans les apparitions qui comblèrent de leurs faveurs Jacob Bœmhe (1574-1624) et dont la réalité, bien entendu, s'apparente à celle des états psychiques de cet occultiste visionnaire. Mais plus caractéristiques encore sont les "noces" de GICHTEL, son disciple, avec la Vierge-Sophia en 1709 peu avant sa mort. P. Mariel dans les Cahiers de la Tour Saint Jacques (1960) en a fait, d'après diverses correspondances une description de grand intérêt. C'est, par exemple, une lettre de Kirchberger contant l'affaire à Claude de Saint-Martin:


Il dépeint la première visite que lui fit sa divine fiancée, le jour de Noël 1673, le ravissement du bienheureux mystique qui vit et entendit dans le troisième principe cette vierge d'une beauté éblouissante. Il lui apprend qu'elle l'accepte pour époux, CONSOMMANT AVEC LUI SES NOCES SPIRITUELLES... tous les mystères les plus cachés lui furent découverts.

Et Saint-Martin qui a eu les mêmes visions de répondre:


J'aurais une histoire de mariage à vous raconter où la même marche a été suivie par moi.

Plus tard Kirchberger ajoute:


Sophia laisse passer par elle toutes ces merveilles et, est
proprement CONSERVATRICE DE TOUTES LES FORMES MATÉRIELLES; elle habite toujours avec Dieu et quand nous la possédons ou plutôt quand elle nous possède, DIEU NOUS POSSÈDE AUSSI PUISQU'ILS SONT INSÉPARABLES DANS LEUR UNION quoique distincts dans leurs caractères.

Gichtel d'ailleurs va lui-même préciser:



Elle arrive à son but comme une fiancée qui soupire depuis de longs mois après le fiancé Jésus et qui est enfin CONDUITE DANS LA CHAMBRE NUPTIALE... Et bien qu'elle descende quelquefois RÉJOUIR SON AMANT DANS LA CONVOITISE TÉNÉBREUSE afin qu'il ne s'amoindrisse et ne désespère pas, elle ne reste pas longtemps.

La Sophia nous est DANS LE SPIRITUEL CE QU'UNE ÉPOUSE SERAIT DANS LE MATÉRIEL: une matrice où nous jetons notre semence spirituelle...

..............

L'inappréciable Sophia ne se jette pas si tôt et si facilement DANS LES BRAS DE SON AMANT; elle fait longtemps l'expérience de son cœur, mais lorsqu'elle trouve une âme constamment fidèle... ELLE SE LIVRE enfin en toute humilité et UNIT SA TEINTURE (3) À CELLE DE L'ÂME. CE QUI SE PASSE ALORS DANS CETTE UNION, C'EST CE QUE LA BOUCHE NE SAURAIT EXPRIMER.



Kirchberger pensait que la Sophia céleste intervenait dans ces rencontres conjugales unie à l'humanité de Marie. Ni Gichtel, ni Saint-Martin ne sont aussi affirmatifs; ils en tiennent plutôt pour la vierge pléromatique du ternaire blasphématoire (4). Quoiqu'il en soit, la mystique de J. Bœhme, mise en acte par ses disciples, révèle bien la possibilité de ces rencontres, "vécues en esprit" et "totales" comme dirait le P. Tempels, caractérisant la "VIRGINITÉ NOUVELLE DANS L'ESPRIT DU CHRIST" (J. Bœhme - Le Grand Mystère). Et de cette sophianité, Berdiaev, commentateur de J. Bœhme, donne l'interprétation suivante:



C'est seulement en Marie, Mère de Dieu que la Vierge céleste, la Sophia (5), revient sur terre... La sophianité c'est l'androgynie signe de l'éternité de l'Homme et le Christ est androgyne (6).


...Il (l'initié) tend vers une intégrité virginale progressive, c'est-à-dire vers LA TRANSFIGURATION DU SEXE... La virginité n'est pas la sexualité: elle est LE SEXE DIVINISÉ. L'intégrité et la plénitude supposent non point la négation du sexe, mais sa transfiguration, son apaisement...


Nous verrons plus loin comment et dans quel but l'abbé Mélinge-Alta dont nous avons parlé dans cette étude a repris la doctrine. Pour l'instant, constatons que cette divinisation du sexe demeure impeccablement dans la ligne de la théogonie du Mystère d'iniquité représenté par le grand pentacle kabbalistique et qu'elle est à la racine d'une mystique réelle, effective dont les Illuminés de l'école bœhmienne et les Martinistes décrivent les réalisations.


Ces réalisations virginales et sexuelles à la fois n'ont rien que de pur parait-il - et c'est aussi, nous l'avons vu, l'opinion du P. Tempels - parce que les adeptes de ces mystiques - et de ces mystères -, appellent cela une sublimation et que la rencontre n'est pas - comme dirait encore le P. Tempels - vécue extérieurement, mais en esprit:


Si profonde et, intérieurement, si totale dans la totalité du bu-muntu de l'être) que LA RENCONTRE EXTÉRIEURE N'AJOUTE RIEN, devient inutile et est sentie comme pouvant diminuer la rencontre et l'amour d'être à être .
(Notre Rencontre - page 148)



ÉSOTÉRISME-ÉROTISME



Ne nous arrêtons pas à la conformité de ce langage avec celui de Gichtel lui-même sur: ce qui se passe alors dans cette union. Mais l'étonnement pourrait peut-être nous induire à croire qu'il s'agit là des rêves d'une imagination débridée, à douter aussi de ses répercussions physiologiques.


Or, la rencontre, l'union sexuelle, celle du corps, vécue en esprit s'accomplit effectivement de diverses manières si l'on s'en rapporte aux mystiques de l'Inde comme Shri Aurobindo Ghose ou Ramakrishna. LE TANTRISME n'est pas sans analogies doctrinales et pratiques avec la mystique sophianique.
Dans la Revue Théosophique de Novembre 1932, Desmarquettes qui l'a connu, exposant la doctrine d'Aurobindo nous dit en premier lieu que celui-ci:


se détache de ces systèmes yoga de développement occulte plus que douteux qui font entrer DANS LEURS RÉALISA TIONS et leurs manifestations des pratiques sexuelles, des pratiques d'ordre plus ou moins clair, plus ou moins avouables et qui prétendent parvenir à DES CONTACTS AVEC LE DIVIN EN SOI par l'amour, par l'amour manifesté, pratiqué et autres gymnastiques de ce genre.



Fi donc du rite du Pancha-tattava décrit par Alexandra David-Neel et qui prétend amener au contact du divin par des rapprochements qui ne sont pas tellement de purs esprits! Mais la réprobation d'Aurobindo Ghose vise peut être aussi l'union sexuelle, vécue "en esprit" de certains yogas où l'initié n'y parvient qu'à la suite de la mise en œuvre d'une mécanique ascétique dont Serouya nous fait la description dans son ouvrage: Le Mysticisme.



Aux Indes certaines expériences mystiques requièrent la participation de la sexualité, bien entendu sous une forme particulière. C'est une érotique mystique dont les interprétations variées semblent tendre à l'image terrestre la plus parfaite de la jubilation des bienheureux. Brachadranyaka donne sur la substitution de la femme à l'autel des précisions qui INCLUENT LA SENSUALITÉ AU SENTIMENT DU SACRÉ. L'acte sexuel ici qui permet à l'homme de se libérer plus complètement encore du monde, incarne exactement la fusion de l'être humain et
de l'universel et éclaire ainsi la méthode du yoga. Si le yogi doit se rendre maître de la force du souffle, il doit également (dans certaines sectes) se rendre maître de la force sexuelle de façon qu'il puisse lui assurer son autonomie. Les deux grandes puissances de l'homme sont l'esprit et le sexe. Si l'initié retient en lui le souffle, il doit aussi retenir la semence, soit par un effort de la pensée, soit par une technique physique afin d'éviter d'engendrer et de provoquer le retour abhorré des existences.


L'apprenti en yoga mis en présence d'une femme dévote doit lui servir pendant quatre mois de domestique et dormir dans sa chambre au pied de son lit afin d'apprendre à se familiariser avec elle sans la désirer. Ses sens, une fois amortis au bout ·de ce temps par cette cohabitation austère, il continue à la servir, mais cette fois-ci il couche dans son lit à gauche d'elle, puis il se place à sa droite pendant quatre mois encore. Enfin la femme et le futur Yogi dorment enlacés et celui-ci doit éprouver le plaisir suivant les conditions dont nous avons parié plus haut.


............


La femme prend alors LE CARACTÈRE D'UNE DÉESSE: elle offre à son AMANT SPIRITUEL des fleurs et des pâtes de Santal; lui-même, tandis que les aides la baignent, s'incline dix neuf fois devant elle et lui présente des gâteaux sur une feuille de banane et un verre de camphre à cause des propriétés apaisantes de cette substance. La femme est alors transportée sur le lit et l'acte sexuel à lieu mais l'initié doit faire s'élever dans son propre corps la semence en se servant des dix neuf moyens de la physio-mystique hindoue.
(p. p. 38-39).



Le résultat de l'expérience serait déjà probatoire de la rencontre vécue en esprit, si, d'après Desmarquette, toujours dans la Revue théosophique, Aurobindo qui ne récuse pas la chose, bien au contraire, mais la méthode, n'en recommandait une autre, plus spirituelle si l'on peut dire:


non pas de se détourner de la vie, de s'en détacher, mais au contraire de la comprendre au sens vrai du terme, c'est-à-dire de la prendre en soi pour EN SUBLIMER TOUS LES ASPECTS MULTIPLES... DANS UNE RÉALISATION COMPLÈTE, IMMÉDIATE ET SANS OBSTACLE DE LA PRÉSENCE DE LA SHAKTI DIVINE (7), de la VOLONTÉ PURE qui est à travers l'homme la manifestation la plus élevée, la plus puissante et la plus infinie DE LA PRÉSENCE DE DIEU.


LA KUNDALINI


La Shakti divine! Mais qu'est-ce donc que cette manifestation DANS L'HOMME de la présence de Dieu, la plus puissante? Interrogeons René Guénon préoccupé d'identifier cette force avec le LUZ hébraïque (et kabbalistique), symbolisant "tout ce qui est caché, couvert, silencieux, secret". Cette puissance c'est:


ce que la tradition hindoue dit de la force appelée KUNDALINI, QUI EST UNE FORME DE LA SHAKTI CONSIDÉRÉE COMME IMMANENTE À L'ÊTRE HUMAIN. Cette force est représentée sous la figure d'un serpent enroulé sur 1ui-même, dans une région de l'organisme subtil correspondant précisément aussi à l'extrémité inférieure de la colonne vertébrale; il en est du moins ainsi chez l'homme ordinaire; mais par l'effet de pratiques telles que celles du Hatha-Yoga, elle s'éveille, se déploie, s'élève à travers les roues (Chakras) ou lotus (kamalas) qui répondent aux divers plexus...
(Le Roi du Monde p. 65).


Dans Centres de Force et serpent de Feu (1910), Leadbeater qui fut un des principaux doctrinaires de la SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE fondée par Madame Blavatsky, énumère les Chakras (Centres de force) DANS L'ORDRE ASCENDANT VERS LE MENTAL: base de la colonne vertébrale, ombilic, rate, coeur, gorge, espace entre les sourcils, sommet de la tête. "Le premier de ces centres, dit-il, situé à la base de l'épine dorsale est le séjour de cette force mystérieuse appelée le Serpent de Feu"; elle est RÉPUTÉE LA FORCE UNIVERSELLE DU LOGOS, APPORTANT LA VIE DIVINE DANS LE CORPS PHYSIQUE. C'est la Prana ou vitalité. Ce dynamisme vital s'identifie donc bien avec l'instinct sexuel divinisé résidant en l'homme, par lui divinisable et, comme les Illuminés, comme Aurobindo, Leadbeater s'élève contre son usage purement animal QUI N'APPORTE RIEN EN EFFET À LA DOCTRINE DE LA SEXUALISATION DU DIVIN ET À LA DIVINISATION DU SEXE, MAIS AU CONTRAIRE PAR SA BRUTALITE COMPROMET LA SUBTILE PERVERSION DU MYSTÈRE D'INIQUITÉ ET CONCOURT À JUSTIFIER PLUS VISIBLEMENT LA DOCTRINE CATHOLIQUE METTANT LA LUXURE ET L'ORGUEIL AU RANG DES PÉCHÉS CAPITAUX.



ON DIT OUI DANS LA JAMAA?


Leadbeater, en eftet. dans une conférence prononcée en 1910, blâmant ceux qui' excitent les passions, ajoute:


Il est une école de Magie Noire qui utilise volontairement cette force dans le but de vivifier par son moyen les centres inférieurs dont NE FONT JAMAIS USAGE LES ADEPTES DE LA BONNE LOI.


Cette magie noire déclenchant le mécanisme érotique n'est pas un mythe, car la Kundalini c'est aussi l'exploitation de sa puissance psychique selon des techniques appropriées et cette exploitation existe aussi bien en Occident sous d'autres formes:


l'un des pouvoirs mystiques des yogis... c'est une force électro-spirituelle, un pouvoir créateur qui une fois éveillé à l'activité peut tuer aussi bien que créer... Kundalini est appelé le pouvoir serpentin ou annulaire à cause de son travail ou progrès en spirale dans le corps du yogi qui développe ce pouvoir en lui-même.
(Blavatsky - La Voix du Silence p. 14 et s.)


Laissons l'électricité en spirale à Me Blavatsky qui abonde souvent en fantaisies descriptives. Ce pouvoir une fois acquis peut aussi s'exercer en volonté pure (aurobindo) sur les autres. Celui des gourous de l'Inde est connu et il y a en Occident des gourous et des initiés. Il y a une trentaine d'années, l'école Gurdjief, qui a laissé des disciples, a donné tristement l'exemple de ce pouvoir sur autrui ressortissant à une fausse et dangereuse exaltation de l'humain qui n'est pas présentement de notre sujet. Mais, en ce qui concerne celui que nous traitons ici, Pauwels, dans son ouvrage: Monsieur Gurdjief, nous rapporte une anecdote qu'il intitule le violateur fantastique et que nous n'osons reproduire ici, où ce Mage russe, venu du Thibet, qui fit tant de ravages en Occident et en France même, exerçait cet art du déclenchement érotique chez les autres (8).

Une mystique comme celle de la Jamaa comportant, selon ce qu'en dit Mgr Bernard Mels, UNE CERTAINE INITIATION PROGRESSIVE et celle-ci comportant elle-même DES FORMALITÉS TENUES SECRÈTES PAR LES INITIÉS EN SORTE QUE MÊME LE PRÊTRE QUI S'OCCUPE D'EUX EN IGNORE SOUVENT LE PROCESSUS ET LE CONTENU, se devrait, pour échapper à toute ambiguïté, de faire la lumière, notamment quant à son PROCESSUS INITIAL et non de s'enfermer dans le secret!


Il n'y a pas d'initiation jamaaïste sans le oui réciproque du candidat fils (initié ou initiée) et du candidat père (initiateur ou initiatrice) - (Notre Rencontre p. 80). Il est même dit que dans cet accord "Il s'agit plutôt d'un lien vivant qui doit être gardé continuellement vivant par le "oui" continuellement renouvelé tant du père que du fils" (p. 81). Nous avouons que la réciprocité ne nous paraît pas claire, ni si libre que le dit le Père, le premier "oui" de l'initié étant purement passif, devant celui de l'initiateur chargé activement du secret sinon de la chose, qui va suivre, du moins de son mécanisme. Comment l'initiateur peut=il bien donner le départ brusqué, immédiat à la première rencontre avec le Christ ou la Vierge, au premier incident-choc qui d'après des témoignages dépend du "oui" donné par l'initié? Il Y a là quelque chose de bien troublant.


Quoiqu'il en soit, nous n'arrivons pas à imaginer une imposture qui consisterait dans le déclenchement du rêve érotique sous l'apparence du Christ et de la Vierge chez des fidèles naïfs, confiants et finalement trompés. Mais quand des infiltrations trop réelles en milieu catholique de la "théologie" des sectes, se sont produites voilà moins d'un siècle et se produisent encore, nous ne pouvons que nous demander si elles ne sont pas directement la cause de formidables déviations de la mystique.



ENCORE LES OCCULTISTES CATHOLIQUES


Il faut bien convenir qu'à la fin du siècle dernier, l'œuvre de l'ex-chanoine ROCA s'est présentée comme le prototype du christianisme ésotérique moderne et que, selon l'abbé JEANNIN dans son Église et fin de siècle (voir plus haut) ce christianisme est la réédition des mystères antiques et par conséquent des grands mystères des sociétés secrètes. C'est même le tronc principal de leur religion universelle dont on aura en effet saisi, par les citations faites au cours de cet ouvrage, la manière d'universaliser le naturalisme sublimé jusqu'à la divinisation.


Et n'était-ce pas aussi la position du trop fameux abbé MELINGE-ALTA (voir LE DOCTEUR ALTA, plus haut), ami de Roca, qui, resté dans l'Église, écrivait à la fois chez les occultistes et dans "la Justice sociale", le journal moderniste de l'abbé Naudet? Ne fonde-t-il pas toute sa réintégration dans la vie parfaite sur l'idée que l'âme humaine projetée dans la matière s'y est brisée, séparée dans deux corps différents, le masculin et le féminin et, au mépris de saint Paul qu'il tient toujours au bout de sa plume, qu'étant un seul en deux chairs différentes, chacun doit retrouver ici-bas dans l'autre sexe le seul et unique complémentaire de lui-même pour ainsi dire formé de toute éternité. Cela ne va-t-il pas très loin?


Tout mariage si légalisé qu'il soit n'est véritablement qu'un adultère, c'est-à-dire le commerce avec la femme d'autrui si ce n'est le mariage d'amour avec la femme unique qui est votre complémentaire.
(L'Étoile, 12 Février 1890).


Sans doute, reconnaissons-le, l'abbé vante les chastes mariages de la loi chrétienne, mais à quoi correspondent donc ses mariages vierges où l'amour procède bien moins de l'amour de charité théologale, que d'une correspondance à la loi de l'androgynie développée par l'auteur et qui exige une initiation prenant modèle sur celle des grands initiés?


La norme serait donc pour l'aristocratie des âmes dans une société d'amour pur non dans une loi d'isolement... Même quand elle est innée du reste, cette aptitude (à la virginité) réclame néanmoins pour se réaliser l'entraînement progressif d'une initiation savante et prudente. Schuré dans son beau livre des GRANDS INITIÉS nous a décrit comment Pythagore dirigeait cette haute ascension morale. Si quelque initiateur digne de ces grands ancêtres surgissait parmi nous, je ne doute pas qu'il acceptât, mais pour les fusionner en une seule, les deux associations (9).
(ibid).


Lui aussi parle donc, déjà et, qui plus est, en faisant appel à un futur initiateur, d'initiation à cet amour pur où l'union des sexes devient le sommet de la vie spirituelle et le complément normal du sacerdoce et qui, parait-il était la règle des temps apostoliques!



Car le témoignage de saint Paul est incontestable: les apôtres, même saint Pierre, avaient leur femme et la menaient à travers le monde. Pourquoi donc nous aussi n'aurions-nous pas une sœur ÉPOUSE comme les autres apôtres et les frères du Seigneur et Pierre? Numquid non habemus postestatem mulierem sororem circumducendi sicut et caeteri: apostoli et fratres Domini et Cephas
(I Cor. IX - 5).


(ibid)


Signalons d'abord que l'abbé sollicite ici le texte de Saint Paul qui n'autorise pas son exégèse car l'apôtre parle de pieuses femmes et non pas d'épouses même "spirituelles" (10). Mais tout son effort vise à accréditer non pas précisément le mariage des prêtres mais ces unions en esprit qu'on ne peut s'empêcher de comparer à celle des "Myriam" de la Jamaa avec des laies et même et surtout avec des prêtres! Il faut, avouons-le, avoir une courageuse résolution d'esprit pour s'interdire toute comparaison et pour ne pas penser que voilà une situation qui fait fi du mariage sacramentel.


Le Christ n'a-t-il pas dit:


Et moi je vous dis que quiconque regarde une femme au point de la désirer a déjà commis l'adultère avec elle dans son cœur.


Ce qui frappe en tout cela, c'est que la spiritualisation de la sexualité repose invariablement sur un abominable fondement: l'introduction du fameux principe féminin dans l'adorable Trinité divine! Mais, communément professée par les sectes cette blasphématoire monstruosité n'a pas manqué d'exercer enfin son influence sur la pensée de certains catholiques, même de certains prêtres, de s'insinuer dans trop d'esprits au point qu'il faut voir là une des sources, un des motifs lointains du mystère d'Iniquité poussant à la subversion morale actuelle.


C'est l'abbé MELINGE en 1890, faisant comme les autres appel à l'interprétation hermétique de la Genèse:


Aussi, nous dit la Bible, Dieu dès le commencement a créé l'homme masculin et féminin, le texte m§me spécifie que c'est en cela que l'homme est créé à l'image de Dieu.
(ibid)

Un peu plus tard, avec JOURNET le kabbaliste catholique déjà évoqué dans cet ouvrage, ami de Roca et des compagnons de l'Étoile, nous retrouvons plus clairement encore les sources distillées dans ce pseudo-christianisme. Dans son ouvrage les infiltrations maçonniques dans l'Église, l'abbé Barbier en cite tout un passage sur l'introduction du principe féminin dans la Trinité où LA SEXUALITÉ S'INSTALLE AU SOMMET, POTENTIELLE DANS LA DIVINITÉ, ACTUELLE DANS LA CRÉATION (règne hominal).



Peut-être, vu la tonalité attractive du divin féminin, est-ce en mode attractif, en mode de surassomption, au cœur du Paradis, que s'accomplira un jour l'incorporation de la femme-type dans la divinité, alors que c'est en mode expansif et du ciel vers la terre que s'est accomplie l'Incarnation de la divinité dans l'Homme-type.


Du reste ce prodige qui s'est ellectué avec une intensité suprême dans le Christ et qui s'effectuera peut-être un jour avec une intensité complémentaire dans la Vierge EST OPÉRABLE AVEC UNE INTENSITÉ MOINDRE DANS CHAQUE HOMME, CHAQUE FEMME.
(J-C. d'après l'Évangile - 1900)


TEILHARD DE CHARDIN lui aussi féminise


Le fond (et l'intérêt) de la question mariale (du fait "marial") c'est à mon avis de trahir un irrésistible besoin chrétien de féminiser (fut-ce par une atmosphère ou enveloppe externe) un Dieu (Iawé) horriblement masculinisé. Ce qui est simplement une des façons présentes de la surdécouverte du Dieu à la fois "cosmisé" et "féminisé" en réaction contre un certain "paternalisme néolithique " trop souvent présenté comme l'essence définitive de l'Évangile.
(Lettre à Maryse Choisy citée par le P. Philippe de la Trinité dans Rome et Teilhard de Chardin p. 59).


De cette abominable théologie gnostique nous voyons exposé, plus crûment encore, le principe fondamental d'androgynie divine et d'éternel féminin dans l'article déjà cité des Cahiers saint Irénée de l'ÉGLISE ORTHODOXE DE FRANCE dirigée par Mgr Kovalesky (11). Si, nous le pensons, elle n'en a pas tiré les conséquences pratiques des jamaïstes, l'article n'en pose pas moins le point de départ. C'est dans l'Évangile (apocryphe) de Thomas que A. de Souzenelle en a été chercher la révélation (12). "Lorsque vous ferez les deux, UN,... Et si vous faites le mâle et la femelle en un seul... alors vous entrerez dans le Royaume".
Telle est donc le but et le sommet de la vie surnaturelle? Et l'on reste atterré devant l'audace du P. TEMPELS extrapolant la parole de Jésus aux noces de Cana, que nous reproduisons ici avec le propre soulignement de l'auteur:


FEMME, MAINTENANT IL N'Y A PLUS RIEN entre TOI ET MOI! NOUS SOMMES! NOUS SOMMES UN!.
(Notre Rencontre p. 206).

Tel est le fond, la racine de sa doctrine spirituelle.


Cette falsification du texte évangélique est une imposture! (13). Le nihil obstat ne changera rien, pour qui connaît les philosophies secrètes, à son sens double mais clair qui falsifie la parole du Sauveur et que corrobore l'ensemble de son ouvrage: Notre Rencontre.


Toute une tradition s'étend donc en chaîne depuis le siècle dernier au sein du catholicisme, parallèle à celle des Hautes Sociétés Secrètes, y conformant sa pensée, transposant ses dogmes, lui empruntant ses formules... faudrat-il dire ses adeptes? Car si Jacob Bœhme, si Gichtel son disciple ne semblent pas avoir une postérité directement initiée par eux, l'enseignement de Gichtel subsiste. P. Mariel, dans les Cahiers de la Tour saint Jacques, déjà cités, nous apprend que cet enseignement se trouve mêlé à des éléments hétérogènes dans la doctrine d'une secte des Pays-Bas et Sédir, nous signale l'existence en Hollande, du "Lectorium Rosicrucianum" dont le siège est à Harlem, organe d'édition de la "Septuple Fraternité Mondiale des Rose-Croix d'or". Et celle -ci aurait sa correspondance en France à Ussat près de Montségur au pays des Albigeois. Les cathares aussi niaient la virginité de Marie à la façon des gnostiques et des manichéens...



Notes:


(1) Nos citations concernant la Jamaa sont presque toutes tirées du Monde et la Vie qui indique les références, notamment à "Notre Rencontre" du P. Tempels que nous avons d'ailleurs sous les yeux. Tous les soulignements de cet Appendice sont de nous ainsi que tout ce qui concerne l'étude des autres mystiques secrètes.


(2) La formule de Roca rapportée plus haut exprime bien, elle aussi, cette ascension vers la perfection de l'Homme par le principe féminin: Pour que de ce royal hymen sortit... une race vraiment divine. Et il s'agit bien pour lui du Naturalisme traditionnel du paganisme et des sectes car il ajoute: "Arcane de la double maternité de Marie: l'Eva des Vedas et du Sepher, cette matrice universelle d'où sont sorties les formes de toutes les créatures et de qui doivent renaître sur la terre toutes celles qui viennent s'y régénérer après l'expatriation de l'Éden zodiacal (G.C. p. 499).



libation: Effusion de vin ou d'autre liqueur, que les Anciens faisaient en l'honneur des dieux: les libations précédaient en général le sacrifice.


Fig. Action de boire beaucoup de vin par plaisir: nous fîmes à ce repas d'amples libations.


En Grèce et en Italie, les libations turent constamment un des rites principaux des sacrifices et constituèrent parfois tout le sacrifice. La nature de cette offrande liquide était strictement déterminée par le formalisme religieux des Anciens (vin, hydromel, etc.). À Rome, le prêtre goûtait, puis taisait goûter par les assistants la liqueur de la coupe à libations et la versait entre les cornes de l'animal du sacrifice. D'autres fois, les libations étaient versées à terre ou dans la flamme du feu sacré. De même, dans les repas, l'usage s'était établi de libations initiales destinées à gagner la faveur des dieux.


richi n. m. Dans la mythologie hindoue, nom donné aux êtres d'une sainteté parfaite, qui ont rédigé un des Védas sous la révélation divine de Brahma.


Védas (mot sanscrit, signifiant science, révélation; de la rac. vid, savoir). Livres sacrés des Hindous. Écrits en langue sanscrite, les Védas sont des recueils de prières, d'hymnes, de formules de consécration, d'expiation, etc., dictés, suivant la tradition, par Brahma aux richis. Ils comprennent quatre livres: le Riq- Véda, le Sâma-Véda, le Yadjour-Véda et l'Atharva-Véda (ce dernier de date plus récente). Les Brâhmanas, les Oupanichads, etc., sont des commentaires de ces livres. V. VÉDISME.


Védânta (fin du Véda), le dernier venu des six grands systèmes philosophiques de l'Inde, fondement de sa religion actuelle, l'hindouisme: le Védânta a pour objet l’explication métaphysique et mystique des Védas.


védantin, e adj. Qui appartient à la doctrine du Védânta. N. Partisan de la doctrine du Védânta.


védantisme [tiam'] D. m. Doctrine religieuse du Védânta.
védantiste [tiW] n. Adhérent du védantisme. Adjectlv.: philosophie védantiste.


(3) En termes ésotériques la Teinture de Vénus.


(4) Ce en quoi ils ont raison! C'est d'ailleurs avouer qu'il s'agit d'un phénomène démoniaque.


(5) Esprit du ternaire.


(6) Ce qui explique les noces de Gichtel avec le Christ, car il ne s'est pas contenté de la Sophia.


(7) Le principe féminin.


(8)Que le lecteur croie bien que nous sommes au-dessous de la réalité. La décence, il le comprendra, nous oblige à une réserve nécessaire. Mais en ce moment même, par milliers, des tracts sont envoyés sous plis fermés, sur l'envoûtement érotique et la pratique de la magie sexuelle


(9) Une société de pureté et une société d'amour pur créées à cette époque par une dame Angèle de Saint François. On remarquera la résonnance nettement ésotérique de tout ce passage.


(10) Cette sollicitation de texte est aveuglante: circumducere n'a pas du tout le sens de ducere uxorem (et non mulierem). De même le texte grec.


Les évangélistes sataniques sont mereilleux pour citer l’Évangile hors contexte et essayer d’en changer le sens. Dans la majorité des cas, une simple lecture du texte au complet suffit pour remettre les montes à l’heure. Paul a renoncé d’avoir droit à une femme chrétienne qui le servirait, pas à une femme qui lui servirait d’épouse. C’est toute une différence.



1 CORINTHIENS 9.1-23
Paul a renoncé à ses droits



Ne suis-je pas libre? Ne suis-je pas apôtre? N'ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur? N'êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur? Si pour d'autres, je ne suis pas apôtre, pour vous au moins je le suis; car le sceau de mon apostolat, c'est vous qui l'êtes, dans le Seigneur. Ma défense contre mes accusateurs, la voici: N'aurions-nous pas le droit de manger et de boire? N'aurions-nous pas le droit d'emmener avec nous une femme chrétienne comme les autres apôtres, les frères du Seigneur et Céphas? Moi seul et Barnabas n'aurions-nous pas le droit d'être dispensés de travailler? Qui a jamais servi dans l'armée à ses propres frais? Qui plante une vigne sans en manger le fruit? Ou qui fait paître un troupeau sans se nourrir du lait de ce troupeau? Cela n'est-il qu'un usage humain, ou la loi ne dit-elle pas la même chose? En effet, il est écrit dans la loi de Moïse: Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain. Dieu s'inquiète-t-il des bœufs? N'est-ce pas pour nous seuls qu'il parle? Oui, c'est pour nous que cela a été écrit; car il faut de l'espoir chez celui qui laboure, et celui qui foule le grain doit avoir l'espoir d'en recevoir sa part. Si nous avons semé pour vous les biens spirituels, serait-il excessif de récolter vos biens matériels? Si d'autres exercent ce droit sur vous, pourquoi pas nous à plus forte raison? Cependant, nous n'avons pas usé de ce droit. Nous supportons tout, au contraire, pour ne créer aucun obstacle à l'Évangile du Christ.
Ne savez-vous pas que ceux qui assurent le service du culte sont nourris par le temple, que ceux qui servent à l’autel ont part à ce qui est offert sur l'autel? De même, le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l'Évangile de vivre de l’Évangile. Mais moi, je n'ai usé d'aucun de ces droits et je n'écris pas ces lignes pour les réclamer. Plutôt mourir!... Personne ne me ravira ce motif d'orgueil! Car annoncer l'Évangile n'est pas un motif d'orgueil pour moi, c'est une nécessité qui s'impose à moi: malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile! Si je le faisais de moi-même, j'aurais droit à un salaire; mais si j'y suis contraint, c'est une charge qui m'est confiée. Quel est donc mon salaire? C'est d'offrir gratuitement l'Évangile que j'annonce, sans user des droits que cet Évangile me confère. Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous, pour en gagner le plus grand nombre. J'ai été avec les Juifs comme un Juif, pour gagner les Juifs, avec ceux qui sont assujettis à la loi, comme si je l’étais - alors que moi-même je ne le suis pas -, pour gagner ceux qui sont assujettis à la loi; avec ceux qui sont sans loi, comme si j'étais sans loi - alors que je ne suis pas sans loi de Dieu, puisque Christ est ma loi-, pour gagner ceux qui sont sans loi. J'ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile afin d'y avoir part.


(11) Une circulaire du Centre Orthodoxe d'Information de Février 1967 nous apprend que le 10 de ce même mois, le Synode des Évêques de l'Église Orthodoxe Russe hors-frontières érigé en Tribunal Ecclésiastique a prononéé l'exclusion de Mgr J. Kovalesky et de ses adeptes, pour avoir présenté à la prêtrise un homme non reçu dans l'Église orthodoxe et en lui indiquant la possibilité de "vivre en concubinage", et "a autorisé le 7 novembre 1965 dans son église un service commémoratif maçonnique.


Le délai de quinze jours avait été donné à Mgr Kovalesky pour faire appel de la décision du Synode devant le Concile. Ce délai étant passé son exclusion semble être maintenant définitive.


(12) Le texte de cet évangile a été retrouvé récemment dans la collection des manuscrits gnostiques de Khenoboskion.


(13) Le texte grec dit:

Qu'y a-t-il à moi et à toi?

Voir d'ailleurs Crampon Saint Jean II, 4.

mercredi, août 27, 2008

IV

L'ÉGLISE DE LA DIVINE SYNARCHIE

Le développement de la révolution intérieure à l'Église - car il s'agit bien d'une révolution - est lié à la marche des événements politiques internationaux. Nous sommes ici en présence d'un complexe politico-religieux conjuguant dans sa totalité la décadence du catholicisme doctrinal et institutionnel avec les projets d'un gouvernement mondial qui, en définitive, nous l'avons dit ailleurs, ne serait lui-même, au moins visiblement, qu'une super-église universelle intégrant des églises nationales. Dans chacun de ces deux domaines, des processus parallèles sont orientés vers ce même but de sorte que si les uns se hâtent de parcourir une trajectoire politique ordonnée à leur mondialisme, les autres, sous le couvert de l' œcuménisme, mais en réalité en vue d'une ouverture dogmatique polyvalente et maçonnique, s'activent à parfaire cette révolution. Les progrès sont tels que l'on parle ouvertement de ce gouvernement mondial.

Le Monde du 16 février 1967, citant en exemple le rapprochement dans l'œcuménisme des églises chrétiennes en disait par avance, comme Perrette de la fable, les avantages inespérés: plus d'affamés, ni d'épidémies, échanges amicaux et limitation des naissances (**). Georges Hourdin, dans Croissance des Jeunes nations (no. 61) cité par le Courrier Communautaire du 15 janvier 1967, avait un programme géopolitique plus informé des grands ensembles synarchiques:

Il faut accepter de grouper les états en grandes Confédérations régionales, uis en un gouvernement mondial. Il faut ensuite, et très rapidement, planifier les naissances et les économies.


La pilule qui, on le voit, tient une grande place dans la diplomatie mondialiste, a le bonheur de faire aussi le trait d'union entre celle-ci et l'œcuménisme des clercs de la nouvelle Église. Mais ce n'est là qu'un petit côté de l'homogénéité du système qui veut que la construction de la Nouvelle Église, aussi largement ouverte à tous les fidèles de multiples confessions que le gouvernement mondial à tous les peuples de la terre, si désirée, tant attendue, dont aujourd'hui on nous présente avec enthousiasme l'Église de Hollande comme le prototype, soit une entreprise politico-religieuse.


On s'en rendra compte en lisant, dans Le Figaro, les articles de l'abbé Laurentin sur Le catholicisme hollandais de mutation. Pour lui

la Hollande est un pays ouvert aux libertés de l'intelligence depuis les premiers ouragans du XVIe siècle.

Il oublie de dire à ses lecteurs qu'il en était ainsi parce que la Hollande était alors un foyer de rose-croix et de sectes qui, de nos jours, à ne considérer que les centres maçonniques de Harlem et de La Haye, où s'oublient, nous dit-on quelques bons Pères, n'a pas laissé faiblir son activité. Ceci pourrait expliquer cela. Mais cela, qui intéresse si vivement l'abbé, c'est le jaillissement subit des énergies chrétiennes. Lisons-le, en effet (c'est nous qui soulignons):

Les premiers symptômes étaient perceptibles DÈS 1950. Ils étaient liés au développement ÉCONOMIQUE et intellectuel qui changeait la condition des catholiques hollandais. Le phénomène prit des PROPORTIONS CONSIDÉRABLES PEU AVANT L'OUVERTURE DU CONCILE. Vatican II CATALYSA LA RECHERCHE et provoqua une
immense espérance, mais qui devint une DÉCEPTION dès la deuxième session du Concile.

(Le Figaro - 19/2/1967)


Monsieur l'Abbé Laurentin ne sait-il pas qu'il ne faut jamais parler de corde dans la maison d'un pendu?


Que se passa-t-il donc dès 1950?

On se souvient de la Bombe Schumann amorçant dans l'opinion la constitution de la Communauté européenne Charbon-Acier. Ainsi prit le départ la réputation de Père de l'Europe que partagea Robert Schumann avec Jean Monnet dont la puissance synarchique internationale et les relations financières sont en raison directe de la discrétion dont il les entoure. Aussitôt, les Études des R.P. Jésuites, dans leur numéro de Juin, embouchèrent la trompette en faveur de "l'épopée christiano-européenne". Mr Robert d'Harcourt exalta dans un couplet sur le "réalisme allemand" les vues profondes et les talents de M. Adenauer. On rapportait que le chancelier, fier du rôle de l'Allemagne Fédérale dans cette affaire, affirmait que celle-ci avait accompagné de son influence décisive Robert Schumann à la Conférence de Londres et qu'elle devenait de ce fait un facteur avec lequel la politique internationale doit compter.

Ce doit compter" n'était pas une figure de rhétorique.

Ne reprochons pas à M. Adenauer d'avoir voulu faire l'Europe et, pour ce faire, d'avoir utilisé les forces et l'audience internationale de son parti, le parti Démocrate chrétien. Mais dès le départ, l'entreprise comptait des partenaires qui n'étaient ni de son bord ni dans ses propres desseins et son parti dont, en 1946, il attribuait les succès ,au concours du financier Pferdemanges, communiqua à ses semblables européens un dynamisme dirigé par d'autres puissances, celles de l'Europe des Banquiers, moins zélées que lui pour la cause de l'Église romaine.

Pferdemanges était un protestant pieux ayant appartenu à la banque Salomon Oppenheim de Cologne, ancien président de la Chambre de Commerce et de l'Association des banquiers de cette ville. Ayant aidé M. Adenauer à constituer un parti puissant, il fut élevé par celui-ci au rang de Grand Croix. Pferdemanges était président de la Reinische-Westphalische Crédit Bank de Cologne et vice-président de sept groupements industriels rattachés, sans compter son fauteuil à la Dresdner Bank. Sa mort ne mit pas fin à d'autres appuis dont celui d'un ami d'Adenauer et son conseiller financier: M. Abs, catholique, parait-il. Avec M. Abs, nous entrions dans un cercle très voisin de celui de la Dresdner Bank, mais plus puissant que lui, celui de la Deutsche Bank dont dépend la Reinische-Wesphalische Bank de Düsseldorf. Avec M. Abs, encore, nous accédions de plein pied au World Understanding (Intelligence mondiale) par le canal des fameux Bilderbergers aux réunions desquelles il prend part assidûment et dernièrement encore à Cannes avec une brochette de financiers allemands. M. Abs présidant aux destins de l'économie ouest-allemande et surtout du Groupe Rhin-Wesphalie jouit à la fois de la confiance des anglo-saxons et tient les fils qui relient entre eux de puissants consortiums cosmopolites depuis la Hambros Bank de Londres, la banque Lazare et la Banque Internationale de Luxembourg, bien connue de M. Van Zeeland, Bilderberger, lui aussi, jusqu'au géant hollandais l' A.K.U. et ses trusts dont plusieurs sont présidés par M. Abs et qui, comme chacun sait, financent plus ou moins discrètement les partis dits de droite à tendance catholique ou protestante. Parmi les organes catholiques, citons Volkskrant (175 000 ex.), le Tydg et sa chaîne de quatre quotidiens (114 000 ex.), dont on parle beaucoup en ces temps de Concile national.

Dans ces perspectives, on peut concevoir, en effet, comme le dit l'Abbé Laurentin que la condition économique des catholiques hollandais ait changé. (1)
Le mouvement Schumann-Adenauer-Monnet-Gaspéri était né à Luxembourg. Il se fixa également à Strasbourg. Disons tout de suite que l'artisan principal et toujours discret en était Jean Monnet.

La bombe Schumann était bourrée d'arguments percutants, si percutants qu'en milieux démocrate-chrétien on en perçut le retentissement jusqu'à Strasbourg où dès 1950" - toujours - diverses personnalités soit ès qualités (*), soit représentant différents mouvements catholiques appartenant à onze pays (2) établirent un Secrétariat Catholique des Problèmes Européens (S.C.P.E.)précédemment fondé à Luxembourg lui aussi et qui se définissait ainsi:

Organe technique mis à la disposition des organisations et personnalités catholiques s'intéressant aux problèmes européens. Son but essentiel est donc d'établir entre eux des réseaux d'information et de documentation. Le S.C.P.E. s'informera et informera les personnes intéressées des projets pouvant venir en discussion dans les organismes appelés à travailler à l'unité européenne. En outre, il établira les dossiers et les thèmes d'études qui faciliteront l'examen des problèmes européens engageant la conscience chrétienne et réclamant l'étude et la présence des catholiques.


La présidence en fut dévolue au président de l'Action catholique italienne, M. Vitorino Veronese qui, en 1957 à la présidence de l'U.N.E.S.C.O. célébra le tricentenaire de Coménius le fameux Rose-Croix du XVIIe siècle. La direction en resta à M. Baumgartner, ancien ministre des finances en compagnie de qui on demeurait dans l'orbite des Bilderbergers. Le docteur Roesen président de commission au Katolikentag y était délégué par les catholiques allemands. C'était bien dû.

En 1951, la Documentation Catholique recensant les divers mouvements européens présentait avec avantage l'impulsion donnée par le comte de Coudenhove-Kalergi et l'action de M. Van Zeeland. Cette évocation d'une authentique lignée synarchique ne doit pas faire oublier qu'en outre M. Van Zeeland passait en plus d'un lieu pour disposer en dollars d'une masse de manœuvre impressionnante (3) ajoutée à la présidence de la Ligue économique de coopération européenne où vice-présidait M. Giscard d'Estaing. La même année le Comité de la rue de Penthièvre animé par M. Boutémy, secrétaire général du Patronat Français disposait, lui aussi, disait-on,

de fonds considérables dont tous n'étaient pas d'origine française et agissait énergiquement en liaison avec l'organisation internationale dirigée par l'ancien ministre belge, M. Van Zeeland pour promouvoir un statut fédéral de l'Europe . (J. Marteau)

La même année encore, année d'élections, les communistes, peu suspects de reconnaître les miracles, devaient constater avec stupéfaction que, le tripartisme enterré, leurs anciens alliés démocrates chrétiens étaient tout à coup devenus européens et mondialistes. C'était un beau travail auquel un organe technique, comme s'intitulait le Secrétariat catholique de Strasbourg, n'était pas étranger. Il avait bien mis sans nul doute à la disposition des organisations, des personnalités, ses réseaux, sa documentation, ses dossiers et ses thèmes d'études, mais le reste? Son propre budget devait être très lourd et de telles réussites coûtent cher. Le reste n'avait pas pu être négligé. Le 6 Mars 1953, à Strasbourg, au Congrès de l'Europe des Six, quelle autorité politique et financière autre que celle de M. von Brentano ministre de l'Allemagne de l'Ouest, pouvait mieux, dans des termes presque identiques à ceux du Pacte synarchique, préciser l'action entreprise?

La mission reçue des six ministres des Affaires étrangères et l'acceptation d'une tache que nous conduisons maintenant à sa fin provisoire constituent une sorte de révolution silencieuse; l'opinion publique s'est bien aperçue de ce travail sans toutefois en saisir la
portée.


Et le résultat était là, vaste comme l'Europe des Six, profond comme la masse du M.R.P. dont Robert Schumann était une tête dirigeante et du Mouvement des Travailleurs chrétiens pour l'Europe siégeant à la C.F.T.C. On comprend dès lors que dans un milieu aussi étendu, dans une ambiance aussi favorable, dans un système aussi bien accordé à l'immense dessein des politiques, dans un vivier pour tout dire aussi bien choisi quant à ses dimensions, ses ressources et sa sécurité, les intellectuels du Secrétariat catholique pour l'Europe aient pu, heureux comme poissons dans l'eau approfondir leurs thèmes d'études et pousser leurs projets. Dans les perspectives européennes et mondialistes la théologie nouvelle apercevait, certaine maintenant d'y parvenir, des lointains à la mesure continentale des confessions chrétiennes et les profondeurs d'un œcuménisme défiant les formulations dogmatiques de l'étroite catholicité. Comme le prédisait l'occultiste abbé Mélinge, protestants libéraux et catholiques à vues larges pouvaient briguer à frais communs la construction d'une nouvelle Église. À frais communs c'était, semble-t-il, tout à fait le cas. Mais si la révolution des politiques était silencieuse, celle des théologiens l'était assez peu pour pouvoir entraîner les masses dans le sillage du monde nouveau et suffisamment discrète pour qu'on ne se rendit pas compte du travail auquel on s'activait afin de tenter de faire passer au futur Concile, soutenus par des Éminences et des Excellences bien connues, les schémas préparés pendant ce long mûrissement qui a conduit les théologiens français, allemands, belges et autres à préparer de loin Vatican II' (Courrier communautaire - Janvier 1967).
Le phénomène prit des proportions considérables peu avant l'ouverture du Concile (Laurentin - Le Figaro 19-2-1967), mais l'effort ne se relâcha pas pendant les sessions. Ce n'est ni à la littérature péri-conciliaire s'élevant comme une flambée de révolution dans la presse, ni aux déclamations à grand renfort de coûteuse publicité des théologiens de l'avenir que nous pensons seulement. Il y avait aussi à Rome, leur offrant une tribune, des tables rondes, des carrefours, pouvant imprimer sur le champ et distribuer aux Pères leurs causeries et leurs thèmes d'études toute une organisation qui constituait un instrument de propagande et de pression formidable.

Notes:
(*) ès: Vieux mot qui signifie en les, en matière de: docteur ès sciences. (Ne s’emplie qu’avec un nom au pluriel. Dans le texte, cela signifie que les gens sont choisis pour leurs qualités... Mais lesquelles?...

(**) LE MINISTRE DE LA FAMILLE CONTRE LA FAMILLE

En 1965 le Québec avait commencé la Révlolution tranquille avec le Premier ministre Jean Lesage qui avait assisté à la réunion des Bilderbergers de 1965, en Italie. Le plan synarchique parle de la Révolution silencieuse, et nous parlons de la «Révolution tranquille» pour le Québec. René Lévesque fut aussi un artisan de cette fameuse Révolution. En relisant aujourd’hui les propos du ministre de la Famille du gouvernement Lesage, nous voyons à quel point ce gouvernement suivait le plan mondialiste sur la planification des naissances. Voici des exgtraits de textes qui datent de cet époque et qui incriminent celui que bien des gens prennent pour le plus grand homme politique au Québec. Quant à moi, c’est le plus grand fraudeur et traite de son propre peuple. Naturellement, il était un bon Franc-Maçon, divorcé, il avait abandonné femme et enfants pour courir les jupons. Alors qu’il était Premier ministre du Québec, ivre au volant, il a roulé sur un vagabond qui était couché sur la chaussée. Il était reconnu pour ses crises de colère et sa violence.

Un mémoire a été soumis par la province de Québec à la dernière conférence fédérale provinciale. L'un des articles de ce document propose la planification des naissances . Si l'on en juge par la déclaration qu'il a faite au journal montréalais LA PRESSE , le ministre de la Famille dans le cabinet Lesage, M. René Lévesque , s'est posé comme un ardent promoteur de ce projet. En effet, le 19 janvier 1966, en page 25 de ce journal, nous lisions la déclaration suivante du ministre de la Famille : «Il faut partir de deux postulats , a-t-il dit, 1. Le Québec est une société pluraliste qui compte des catholiques pratiquants, mais qui compte aussi des protestants, des juifs, des agnostiques, etc. Donc, qui réunit des personnes qui elles, ont droit à tout ce qui du point de vue anti-conceptif peut être fourni. 2. Le concile lui-même s'est préoccupé d'aborder la question et une commission doit remettre un rapport à ce sujet. D'où il ressort , a-t-il continué, que : - Le problème ne peut être évité et on n'a pas le droit de jouer aux autruches, la tête dans le sable. - Les familles nombreuses ont le droit de pouvoir limiter le nombre de leurs enfants.

Tout d’abord, mettons bien au clair ce principe: il est faux de définir le Québec comme une société pluraliste et de conclure deux lignes plus bas: «Donc, une société qui réunit des personnes qui elles, ont droit à tout ce qui du point de vue anti-conceptif peut être fourni». C'est Pie XI qui rappelait dans Casti Connubii que: «tout usage du mariage, quel qu'il soit, dans l'exercice duquel l'acte est privé, par l'artifice des hommes, de sa puissance naturelle de procréer la vie, offense la loi de dieu at la loi naturelle». En conséquence, aucune personne, qu'elle soit catholique, protestante, juive ou agnostique - aucune société de ces personnes ne peuvent s'attribuer le droit de faire une chose qui infirme la nature humaine et offense la loi de Dieu et la loi naturelle.

Le 27 septembre 1953, Mgr. Montini - aujourd'hui Paul VI, mais alors secrétaire de Pie XII - écrivait ce qui suit dans une lettre au Cardinal Siri: «C'est un crime que la raison d'État ou quelque prétexte d'eugénisme ou d'économie ne saurait aucunement justifier d'attenter d'une façon ou d'une autre contre la vie, dans son itinéraire qui va de l'union des époux jusqu'au berceau : et il faut entendre par là, non seulement le meurtre direct de l'innocent, mais également fa fraude contre les dessins de la nature qui, en tant que tels, expriment la volonté du Créateur. Si le sens profond du bien commun est l’âme de tout était sain et fort - avertissait Pie XII dans le message du 14 septembre 1946 au peuple suisse -, la dignité et la sainteté de la vie conjugale en est comme la colonne vertébrale . Que celle-ci vienne à subir une grave lésion, c’en est fait de la vigueur de l'État, et c'est tôt ou tard, la ruine du peuple.»

Il est donc raisonnable de conclure que la proposition de M. René Lévesque, ministre de la Famille de la province de Québec, est criminelle, elle est inacceptable au bon sens de tout être humain, et elle est radicalement incompatible avec le Bien commun de notre société. Introduire législativement dans le Québec ce pseudo-droit anti-familial, droit revendiqué par le ministre de la Famille lui-même, postule un agnosticisme moral absolu, c'est à dire une négation pratique des dix commandements du Créateur de l'homme et Fondateur des sociétés humaines, négation qui aurait pour conséquences de livrer notre peuple à une pratique politique sans Dieu .

C’est Lénine, l’initiateur de la pratique politique sans-Dieu qu’est le communisme athée, qui se demandait:

Dans quel sens nions-nous la morale, l'étique? Mais dans le sens prêché par la bourgeoisie qui déduit la moralité des commandements de Dieu. Nous disons naturellement, à ce propos, que nous ne croyons pas en Dieu...

400 MÉDECINS ALLEMANDS CONTRE L’AGNOSTICISME MORAL D’un point de vue médical, 400 médecins d’Ulm, en Allemagne (parmi lesquels M. Hermann Knaus, le célèbre auteur de la méthode Knaus-Ogino) ont affirmé dans un mémorandum adressé au ministère de la Santé d'Allemagne, le péril mortel de l'agnosticisme moral pour les forces vitales de la société humaine. «La sexualité humaine , écrivent-ils, est par essence l'union complète de deux êtres humains, dans leur vie physique, spirituelle et intellectuelle. L'enfant en est l'expression visible. Elle signifie par conséquent : conservation de la race humaine et formation de la communauté. Un mauvais usage unilatéral et égoïste dégrade et détruit la personne humaine et la communauté. La dégradation actuelle des forces créatrices de 1'homme à la poursuite d'un plaisir personnel et dans l'exploitation physique de son semblable ne sont en rien naturelles. La propagande publique pour les contraceptifs qui se repend actuellement, poursuivent-ils, fait partie d'une sorte d'éducation sexuelle moralement neutre (agnosticisme moral) qui conduit à l'irrespect et au cynisme et fait tomber les dernières défenses morales

Et ces 400 médecins font remarquer dans leur mémorandum que:

L'Union soviétique et la Chine Rouge considèrent la dégradation du sens moral de la société des pays développés et des pays sous-développés comme l'étape préliminaire à l'anéantissement de ces sociétés.

( Herder Correspondance, Revue MISSI , avril 1965, France).

M. RENÉ LÉVESQUE ET LE CONCILE

En 1965, M. René Lévesque n'est pas médecin; mais il est ministre de la Famille, donc, par sa charge et son domaine, il doit servir le Bien commun des familles qui forment notre communauté politique autant sinon plus qu'un médecin. Or il appert que les "postulats" sur lesquels le ministre de la Famille prétend fonder ce pseudo-droit d'une société dite pluraliste à promouvoir la limitation des naissances « par tout ce qui au point de vue anti-conceptif peut être fourni », ne relèvent pas d'une saine logique ou d'une morale chrétienne, ni même naturelle, mais bien plutôt d'un abus dialectique de la parole - abus dialectique que le Pape Paul VI, dans Ecclésiam Suam, reconnaît être particulier à certains systèmes de pensée négateurs de Dieu, spécialement le communisme athée: «Abus dialectique de parole, dit le Pape, qui ne vise plus à la recherche et à la vérité objective, mais se trouve mise au service de fins utilitaires préétablies» (Eccl. Suam, Ed. Apostolat de la Presse, p. 53).

Monsieur René Lévesque prend comme deuxième postulat le Concile du Vatican lui-même pour arriver aux fins utilitaires qui sont les siennes. « Le Concile lui-même, dit-il, s'est préoccupé d'aborder la question et une commission doit remettre un rapport à ce sujet. D'où il ressort, a-t-il l’audace de conclure, que les familles nombreuses ont le droit de pouvoir limiter le nombre de leurs enfants ». S'annexer le Concile et détourner dans son sens le droit reconnu aux parents de déterminer raisonnablement le nombre de leurs enfants pour justifier une politique anticonceptionnelle contraire à la loi naturelle et à tout l'enseignement de l'Église, est une pratique mensongère de la dernière malhonnêteté. Nous protestons avec force, en tant que citoyens et en tant que catholiques, contre cet abus dialectique de la parole qui, bien loin de procurer le Bien commun de notre peuple, vise sciemment à le tromper ! Cette méthode de penser disqualifie celui qui l'utilise ; elle le rend inapte à remplir le poste qu'il occupe, poste qui exige une haute probité intellectuelle et morale.

M. René Lévesque ne peut plaider ici l'ignorance: le 4 octobre 1965, le Pape a déclaré sans nulle équivoque aux Nations Unies (la TV et les journaux du monde entier ont rapporté ses paroles) «que la tâche de ceux qui sont au service des droits et des devoirs fondamentaux de l'homme, est de faire en sorte que le pain soit suffisamment abondant à la table de l'humanité, et non pas de favoriser un contrôle artificiel des naissances qui serait irrationnel, en vue de diminuer le nombre des convives au banquet de la vie » (Discours du Pape à L'ONU, A.-Q., nov. 65, p. 17). C'est donc le droit naturel premier de l'homme, le droit à la vie, que le ministre de la Famille écarte en déclarant que la politique de son ministère sur la limitation des naissances consiste actuellement à encourager le plus possible, par l'intermédiaire d'agences sociales qui sont le plus près de la population, la création et le maintient de centres de planning familial" (LA PRESSE, 19/1/66, p. 25). M. Lévesque va encore plus loin ; il veut que la loi civile qui interdit la vente ou l'usage de produits anti-conceptifs soit abrogée : "C'est évident que cette loi doit être abrégée", dit-il. « Tout attentat des époux, disait Pie XII le 29 octobre 1951 aux Sages-Femmes, dans l'accomplissement de l'acte conjugal ou dans le développement de ses conséquences naturelles, attentat ayant pour but de le priver de l'énergie qui lui est inhérente et d'empêcher la procréation d'une nouvelle existence, est immoral et aucune "ndication ou nécessité ne peut transformer une action intrinsèquement immorale en un acte moral et licite.» «Cette prescription est en pleine vigueur aujourd'hui, comme hier, et elle le sera encore telle demain et toujours, parce qu'elle n'est pas un simple précepte de droit humain, mais l'expression d'une loi naturelle et divine. » Et l’on sait que Paul VI, en novembre 65, a réaffirmé à ce sujet que les enseignements de Pie XI et Pie XII sont clairs, qu'ils ne sont pas dépassés, qu'ils sont et resteront toujours en vigueur, étant l'exposition de la loi naturelle et divine.

M. RENÉ LÉVESQUE ET L'AUTORITÉ DE DIEU

Toutes les propositions de M. Lévesque sur la limitation des naissances sont en désaccord complet avec la nature et le christianisme : elles sont anti-naturelles et anti-chrétiennes. En terminant, nous pouvons nous poser cette question : Pour quelles raisons et à quelles fins M. René Lévesque s'est-il fait "l'apôtre" du planning familial et de l'abrogation de la loi interdisant les moyens anti-conceptifs ? Certainement pas pour le Bien commun de notre société ; le témoignage de 3 Papes et de 400 médecins nous ont suffisamment prouvé que ces mesures de planification des naissances sont le fait d'un agnosticisme moral on ne peut plus contraire au Bien commun humain. Alors, pourquoi?

Le 21 octobre 1963, M. René Lévesque prenait la parole devant la Chambre de Commerce de Montréal. Dans ce discours qui a été rapporté par M. Réal Pelletier, en première page du DEVOIR du 22 octobre 63, il y a en conclusion, sous le titre "Réévaluation des esprits" deux ou trois affirmations de M. René Lévesque, notre actuel ministre de la Famille, que nous ferions bien de nous rappeler : « Au départ, a dit M. Lévesque, il faut que s'opère une réévaluation psychologique chez nos gens. «Il faut se débarrasser de cette mentalité qui vise à perpétuer "une certaine élite", élite qu'on ne doit pas élargir parce que çà amincit les sangs. « Pour changer de mentalité on est tous obligés de se violer un peu l'esprit. Avant, les gens se contentaient de peu, de "l'autorité de Dieu.» Nous n'ajouterons pas de commentaire.


(1) Une partie de ces renseignements sont pris à "L'Europe des Banquiers" de M. Coston.

(2) "Les Catholiques dans la tourmente" de J. Marteau.

(3) J. Marteau -id-

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