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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

dimanche, septembre 07, 2008


TROISIÈME PARTIE

«malgré Rome, contre Rome»
(EX- CHANOINE ROCA)


CHAPITRE IX

LE TRAQUENARD


Dans le discours préliminaire de son premier ouvrage, Me A. Mellor déclarait solennellement:

Le problème maçonnique se pose d'une toute autre manière qu'autrefois, car, à la veille du Concile, les hommes de bonne volonté quels qu'ils soient ont soif d'universalisme. Pour nous, Catholiques du XXième siècle, n'est-ce pas une grande question que de savoir si, au-delà de nos frères des églises séparées, nos regards peuvent se porter beaucoup plus loin?
(Nos Frères sépares les Francs-Maçons).
Et dans quelle direction? Du côté de l'Orient - du Grand-Orient s'entend - l'horizon était bouché, comme nous l'avons vu, on ne se sentait aucune vocation à entrer au confessionnal; on restait non pas séparé mais barricadé. Quant à la Grande Loge de France dont une certaine élite seulement, d'après Oswald Wirth, voulait bien jouer le jeu du christianisme planétaire, le P. Berteloot lui -même avait retiré sa grâce avec tristesse et sans miséricorde à la brebis galeuse dont le retour à la Bible sur le trépied du Grand Architecte ne lui disait rien plus qu'une jésuitique manœuvre indigne de la noble Albion maçonnique.


CANDIDATURE AU CONCILE?

Pour tenter l'aventure du rapprochement il fallait décidément présenter au Sacré-Collège une Maçonnerie chrétienne!

Il y avait bien déjà Haïti. Mais Haïti tout seul c'était un peu maigre!

Or, justement,. le Frèrre-Maçon Marius Lepage, venait de tirer sa révérence au Grand-Orient pour passer avec armes et bagages à la Grande Loge Nationale Française, fondant à Laval, sous cette obédience la loge Ambroise Paré. Le 8 Décembre 1963, il eut la faveur de faire dans une réunion de cette Grande Loge un discours écouté par les délégués des Grandes Loges d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande qui entendirent aussi le Passé Grand Directeur des Cérémonies rappelant les principes: croyance en Dieu, en l'immortalité de l'âme, Bible sur les autels", etc., etc.

Ces maçons qui croient en Dieu dirait le P. Riquet! Ajoutons pour être précis que tout cela se passait... SALLE ADYAR, C'EST-À-DIRE DANS LES LOCAUX DE LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE.

LA GRANDE LOGE NATIONALE FRANÇAISE est fille de la Grande Loge Unie d'Angleterre. Créée en 1913, sise Boulevard Bineau à Neuilly (Seine) et composée de sujets britanniques à ses débuts, elle a semé en France un réseau de loges qui en font aujourd'hui une obédience déjà importante.

Or, LA GRANDE LOGE D'ANGLETERRE, malgré ses fameux principes n'en admet pas moins la pratique d'une religion quelle qu'elle soit si elle est monothéiste, avec l'exposition d'un livre sacré qui n'est pas nécessairement la Bible (laquelle d'ailleurs tient le rôle d'allusion à la symbolique construction du Temple maçonnique). C'est pourquoi, à cette obédience, s'applique aussi bien la sentence de Léon XIII:

En ouvrant leurs rangs à des adeptes qui viennent à eux des religions les plus diverses, ils (les Francs-Maçons) deviennent plus capables d'accréditer la grande erreur du temps présent, laquelle consiste à reléguer au rang de choses indifférentes le souci de la religion et â METTRE SUR LE MÊME PIED TOUTES LES FORMES RELIGIEUSES. Or, à lui seul, ce principe suffit â RUINER TOUTES LES RELIGIONS ET PARTICULIÈREMENT LA RELIGION CATHOLIQUE. Car étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière injure, tolérer que les autres religions lui soient égalées.
(Humanum Genus)
Ce n'est pas tout. À côté de la Grande Loge Unie d'Angleterre (basse maçonnerie des trois premiers grades) fonctionne une Maçonnerie de hauts grades, la SIDE MASSONRY ou maçonnerie parallèle. Grosse astuce pour accréditer la virginale bigoterie de la Grande Loge!


OPÉRATION POLITIQUE ET RELIGIEUSE D'ENVERGURE

Nous voici donc en Maçonnerie libérale pratiquant en Europe un christianisme diffus et ouvert! Or que se passe-t-il?

La Grande Loge d'Angleterre a d'autres prétentions.

Elle affirme qu'elle est la LOGE MÈRE de toutes les Maçonneries qui doivent par conséquent pour être RECONNUES par elle comme RÉGULIÈRES se conformer strictement aux Constitutions d'Anderson (1723) et admettre ses grands principes rappelés en 1929. Ni la Grande Loge de France ni le Grand-Orient n'ont cet honneur.

Il va sans dire que cette prétention ne repose pas sur des arguments historiques valables. Pour nous cette_ "régularité" ne ressort pas des données de l'histoire, elle n'exprime qu'une position toute subjective par rapport aux intérêts de la Grande Loge d'Angleterre. Nous tenons que la Maçonnerie est partout la Maçonnerie. Tout cela n'est pour l'intéressée qu'un cheval de bataille, que L'INSTRUMENT D'UNE POLITIQUE DONT LES FICELLES SONT TIRÉES DERRIÈRE ET AU-DESSUS DES FRÈRES DE LA GRANDE LOGE D'ANGLETERRE comme cela se passe dans toutes les maçonneries.

Cette politique consiste à anathématiser puis à diviser les organisations maçonniques qui ne sont pas de son obédience et à s'agréger par le monde en plus de ses propres loges, le plus grand nombre possible de ces organisations, reconnues par elle et tenues dans sa mouvance. C'est ainsi qu'en 1923 l'Association maçonnique internationale qui comptait trente huit obédiences diverses groupant un demi-million de maçons lui fit craindre de perdre le sceptre maçonnique dans une future Europe synarchisée. En 1929 elle agita donc le grelot de la régularité, de Dieu personnel, Grand Architecte révélé, de la Bible (coiffée de l'équerre et du compas) sur les autels pour lancer ensuite des excommunications et recueillir des adhésions qui commencèrent par celle de la Grande Loge de New-York. Mais en 1940 les Grandes Loges américaines quoique pleines de vénération pour leur sacristine de grande mère Loge, se prirent à ne pas comprendre la régularité comme un fil à la patte! Il arriva même qu'en 1944 des arguments financiers assez décisifs leur attribuèrent un peu partout une notoriété qui porta ombrage à leur biblique matrone et de nouveau la Grande Loge Unie d'Angleterre, soucieuse de se tailler un regain de suprématie, surtout dans un tiers-monde en espérance remit en œuvre sa diplomatie. C'est ainsi par exemple qu'après beaucoup d'autres scissions survenues en Europe, grâce à elle, celle toute récente du Suprême Conseil de France a porté les amis du P. Riquet et de Me Mellor, les Frères-Maçons Riandey, Marsaudon, Naudon et Hazard à faire allégeance à la Grande Loge d'Amsterdam... régulière. Le Frère-Maçon Lepage, lui, avait déjà émigré vers la Grande Loge Nationale Française.

LE RÉSULTAT DU RAPPROCHEMENT ÉGLISE-FRANC-MAÇONNERIE par le biais désiré de la régularité obédientielle vis-à-vis de cette bonne maçonnerie chrétienne, serait d'étendre le dit rapprochement à tout le système maçonnique anglo-saxon depuis le Commonwealt les Indes, l'Australie, le Canada, les États-Unis, les maçonneries allemande, hollandaise, danoise, norvégienne et suédoise, tout le bloc anglo-saxon et protestant, non pas seulement des basses maçonneries, mais directement ou indirectement avec celles-ci des maçonneries des hauts grades; side-massonry anglaise, Suprêmes Conseils américains, hautes maçonneries allemandes, chapitres et hautes loges suédoises et norvégiennes, Hautes Sociétés Secrètes enfin dont les membres irradient dans toutes les organisations. Car, répétons-le, malgré la documentation complètement fausse sur ce point d'A. Mellor et d'un P. Riquet tous ces organismes se compénètrent sous le couvert du secret.

Opération politique et religieuse d'envergure!

On ne nous croirait sans doute pas si nous étions seuls à le dire. Relisons alors, la citation que nous avons faite page 92 de B. Derpane dans le Symbolisme où l'on trouve parfois des vérités inattendues: L'OPÉRATION EST POLITIQUE. Écoutons le Grand-Orient de France dans son bulletin de Janvier-Février 1964 (page 84):

Celle qui fait de la "POLITIQUE" au sein de la Maçonnerie est précisément et surtout la Grande Loge d'Angleterre! Et le Frère-Maçon Corneloup du Grand Collège des Rites, précise qu'il s'agit "d'une vaste opération politico-religieuse dont les deux pôles sont Rome et Londres.
Et l'histoire ne les démentira pas, son rôle a maintes fois été prépondérant dans les affaires internationales.

Le résultat du rapprochement saute aux yeux. Ou la maçonnerie est intégrée dans un œcuménisme dit chrétien comme le prétendent les uns. Alors, suivant le mot de Saint-Yves d'Alveydre, le catholicisme sera un syncrétisme que le patriarche de l'Église gnostique expliquait ainsi:

L'élément commun à toutes les religions (catholicisme) est rationnel et traditionnel et par conséquent éternel.

.........

Le catholicisme proprement dit n'est pas en cause, mais
SEULEMENT L'ORTHODOXIE ROMAINE, toujours destinée à tomber un jour.

(Barbier - Infiltrations maçonniques dans l'Église p. 100)

Ou ce qui revient au même, l'Église Catholique sera intégrée, comme d'autres le disent, dans l'œcuménisme maçonnique et c'est son asservissement à la SYNARCHIE-UNIVERSELLE selon l'exposé de Saint-Yves d'Alveydre (pages 1 et suivantes).

Oublier que la doctrine synarchique, ébauchée voilà trois siècles, mise au point à l'époque de Saint-Yves d'Alveydre et revue vers 1935, ne sépare jamais la politique des affaires religieuses, mais les confond, au contraire, dans les perspectives d'un Gouvernement mondial qui ne serait autre que celui de la Contre-Église, est une aberration. On ne peut dès lors concevoir le rôle d'une Maçonnerie quelconque sans le remettre dans le plan d'ensemble, ses attitudes particulières vis-à-vis de l'Église n'étant fonction que des circonstances de temps et de lieu, de l'opportunité, de la tactique à envisager pour la combattre. Il faut une ignorance quasi-complète de la chose maçonnique ou une étrange complaisance pour dire comme le P. Riquet:

Mieux informées les autorités compétentes pourrait alors comme le souhaite Mgr Mendez Arceo (17), reconsidérer s'il n'y a pas lieu de modifier ou, simplement, d'interpréter plus libéralement des mesures disciplinaires qui ne peuvent concerner indistinctement des GROUPEMENTS (18) qui s'inspirent d'un idéal et poursuivent des buts non seulement différents, mais diamétralement opposés.

Remarquons d'abord que le P. Riquet semble n'avoir jamais lu une ligne des doctrinaires de la maçonnerie anglaise qui lui sont en fait diamétralement opposés. C'est le moins qu'on puisse dire.

Ajoutons ensuite qu'il n'a pas davantage pris en considération la note du P. Cordovani, Maître du Sacré Palais, parue dans l'Observatore Romano du 19 Mars 1950.

Ce qui apparaît comme une note nouvelle dans cette renaissance maçonnique, c'est le bruit qui circule dans diverses classes sociales que la Franc-Maçonnerie d'un certain rite ne serait plus en opposition avec l'Église, que serait même intervenu un accord entre la Franc-Maçonnerie et l'Église, en vertu duquel même les catholiques peuvent tranquillement s'inscrire à la secte sans danger d'excommunication et de réprobation. Les chefs de cette propagande savent certainement que rien n'a été modifié dans la législation de l'Église relativement à la Franc-Maçonnerie, et s'ils continuent à faire cette propagande, c'est pour profiter de la naïveté des gens simples. Les évêques savent que le canon 684 et spécialement le canon 2335 qui excommunie ceux qui ont donné leur nom à la Maçonnerie sans distinction de rites, sont en pleine vigueur aujourd'hui comme hier , tous les catholiques doivent le savoir et se le rappeler pour ne pas tomber dans ce piège et pour savoir aussi juger comme il se doit le fait de certains naïfs qui croient pouvoir se dire impunément catholiques et francs-maçons. Ceci, je le répète, vaut pour tous les rites maçonniques, même si certains d'entre eux, dans des circonstances ou éventualités variables de personnes et de choses, se déclarent non hostiles à l'Église.

Ajoutons enfin que nous constatons ici, UNE FOIS DE PLUS, qu'il s'exprime en des termes diamétralement opposés à ceux de Léon XIII:

Si des circonstances particulières de temps ou de lieux peuvent persuader à certaines fractions de demeurer en deçà de ce qu'elles souhaiteraient de faire ou de ce que font d'autres associations, il n'en faut pas conclure pour cela que ces GROUPES soient étrangers au pacte fondamental de la Maçonnerie" (18 bis).

À l'égard du Siège Apostolique et du Pontife romain, l'inimitié de ces sectaires a redoublé d'intensité. Après avoir, sous de faux prétextes, dépouillé le Pape de sa souveraineté temporelle, nécessaire garantie de sa liberté et de ses droits, ils l'ont réduit à une situation tout à la fois inique et intolérable, jusqu'à ce qu'enfin, en ces derniers temps, les fauteurs de ces sectes en soient arrivés au point qui était depuis longtemps le but de leurs secrets desseins: à savoir de proclamer que le moment est venu de supprimer la puissance sacrée des Pontifes romains et de détruire entièrement cette Papauté qui est d'institution divine.
(Humanum Genus.)

Notes:

(17) C'est au Concile que fut formulé par Mgr Mendez Arceo ce souhait insolite. D'autre part on lit dans l'hebdomadaire Dimanche du 19/12/65:

Puerto Ordaz - Au cours d'une réunion extraordinaire la loge de cette ville vénézuélienne a reçu l'évêque de Ciudad-Bolivar. Elle voulait lui remettre une requête destinée à Paul VI et priant le Pape d'annuler la bulle de Clément XII excommuniant les membres des loges maçonniques.
(18) C'est nous qui soulignons.

(18 bis) C'est nous qui mettons en majuscules, pour faire remarquer l'opposition entre Léon XTII et le Père Riquet cité plus haut.

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