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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

mardi, août 12, 2008

LE GÉNÉRAL

CHAPITRE V

LE GÉNÉRAL DE GAULLE

Nous croyons inutile de multiplier ici les détails. Ils pourraient être nombreux tout en restant parfaitement objectifs. Notre souci est de montrer par quelques documents qui n'ont rien de confidentiel que le régime instauré en France en juin 1958 est un régime synarchique.

Amorcé sous les troisième et quatrième républiques, ce dernier n'a pu malgré des réalisations partielles manifester sa toute puissance et sa nocivité au milieu des désordres parlementaires. L'année 1958 est donc un véritable avènement dû à une conjuration INTÉRIEURE ET EXTÉRIEURE.

Quant au Général de Gaulle, nombreux sont les écrivains ou les journalistes qui ont accoutumé l'opinion publique à tout rapporter de ses succès à un orgueil démesuré animant une volonté implacable, à une dissimulation amenant la nation à tomber dans ses pièges, faisant du peuple français la victime de ses ruses.

Notre propos n'est pas de porter un jugement sur ces appréciations. Nous voulons simplement dire qu'en concentrant toutes les lumières sur le seul caractère de l'homme, comme pour le faire voir seul acteur sur la scène, on laisse, parfois volontairement, le vrai problème dans l'ombre. Grande insincérité de la part de ceux qui savent. C'est aussi une manière de tromper le public.

Les succès, la durée, l'assurance du Général de Gaulle ne tiennent ni à son génie politique, ni à sa volonté, ni à ses ruses fussent-ils aussi machiavéliques qu'on le dit.

L'orgueil après tout n'est qu'une grande faiblesse. Rien de mieux pour faire marcher un homme. Il devient un instrument.

L'assurance du Général de Gaulle ressemble à celle de Saint-Yves d'Alveydre:

Vous ne pouvez vous montrer qu'entouré d'une garde de soldats tant que vous n'aurez pas accompli ce que je vous soumets ici,

écrivait ce dernier pour les souverains d'Europe (Mission des Souverains, p. 425). Ou encore:

Sur cette base vous devrez élever le conseil des États Européens.


Saint-Yves d'Alveydre n'était sûr de lui qu'en raison des hautes puissances secrètes présentes derrière lui.

1930

À cette époque le Général de Gaulle a atteint la quarantaine. Une absolue nécessité nous oblige à remettre ici sous les yeux du lecteur le passage de Kadmi-Kohen dans son livre L'abomination américaine qui, en une page, brosse d'une façon si saisissante le programme de la Synarchie en Europe en opposition sur certains points avec la conception de l'organisation européenne professée par les synarques américains. Ce passage, tout à fait dans la ligne de Saint-Yves d'Alveydre, annonce l'homme inspiré qui devra se lever en France pour le Grand Oeuvre. Voici le passage sur l'homme:

Il faut quelqu'un qui prenne l'initiative: un homme d'État inspiré sans être illuminé qui croit à une mission supérieure à lui dévolue.


Sans être illuminé le Général de Gaulle connaît assurément et depuis des lustres, les plus hauts personnages politiques, les plus puissants représentants de la haute finance internationale. À coup sûr, il ne fait pas partie pour autant des hauts Initiés. Mais ce qu'on peut affirmer, en raison du programme qu'il réalise presque point par point et de sa correspondance aux idées d'un Coudenhove-Kalergi, c'est qu'il est inspiré.

Et il croit à sa mission supérieure: illuminisme de seconde zone, rayonnement des sociétés secrètes. À son insu? Entre le rêve et les influences extérieures il y a tellement d'affinités...

1935 - 1955

Kadmi-Cohen ajoute que s'il faut un homme d'état pour réaliser ce programme, l'Angleterre ne peut le fournir. C'est qu'en effet son Commonwealth la place dans une catégorie à part, mais:

La France peut le faire. Elle a commencé déjà. Son œcuménisme s'est traduit dans la politique de paix de Briand (il s'agit du mémorandum synarchique de 1930 inspiré par Coudenhove-Kalergi; encore...)

Alors le Pacte synarchique enchaîne (art. 126):

L'ère synarchiste impériale commence pour la France et par la France pour le monde, non pas seulement du fait d'un processus historique de caractère déterministe, mais aussi du fait de notre libre volonté révolutionnaire attachée sans réserve à dégager l'Empire français de l'état anarchique actuel et parce que cette ère synarchiste est en puissance dans cette volonté implacable... etc...


L'attitude à Londres du Général de Gaulle contre Vichy a été exposée dans Le dilemme France-Etats-Unis de Kenneth Pandar (Éditions Beauchemin - Montréal 1946).

On y lira aux pages 336 à 342 les déclarations du Général Odie à l'auteur.

Mais on aura intérêt à lire également à l'appendice IX, page 441 de cet ouvrage, la lettre ouverte du Général Eon, de l'armée française, au Général de Gaulle.

Cette lettre datée de Londres, 28 mars 1943, montre bien comment les Français croient tout simplement avoir affaire à l'ambition dictatoriale de l'homme qui en réalité exécute un plan qui n'est pas le sien:

Vous cachez dans votre conscience le désir d'utiliser les malheurs de notre pays pour établir votre dictature sur la France... Chaque fois que vous parlez aux Français vous dissimulez votre réelle pensée. Vous les trompez... Vous préparez la guerre civile...



On doit reconnaître cependant que le Général de Gaulle dit souvent des vérités dans ses discours, mais pour comprendre le tour équivoque qu'il leur donne il faut connaître leur correspondance voilée aux dessins synarchiques européens.

Une ordonnance du 15 décembre 1943 publiée plus tard au Journal Officiel, rétablissait en effet la maçonnerie, supprimée par le Gouvernement de Vichy. Cette ordonnance était signé: de Gaulle.

Cela n'est toutefois pas un titre à la reconnaissance éternelle des loges dont certaines possèdent une grande faculté d'oubli.


1955

En 1955 parut un ouvrage intitulé LA SYNARCHIE, par J. Weiss (Éditions Adyar, 4 square Rapp à Paris), c'est-à-dire édité par la Société Théosophique de France.

L'ouvrage, paraphrase sans grande valeur des écrits de Saint-Yves d'Alveydre, contient une page signüicative. Bien entendu, l'auteur n'est pas un Mage élu, mais il a des relations, cela se voit, et une certaine connaissance de la doctrine de la synarchie initiatique. Son témoignage sybillin est donc assez précieux quoiqu'il appelle des explications que nous donnerons ensuite (1). Voici le texte:

QUE PENSER DU GENERAL DE GAULLE?

De Gaulle est un homme d'Autorité qui appartient, par son caractère, au Premier Pouvoir social, celui de l'Enseignement (a). Il a acquis son autorité en deux temps: 1°) avant la guerre, dans l'armée, en prévoyant la tactique des chars et de l'aviation; 2°) pendant la guerre, en enseignant que la bataille de France était perdue, mais que la guerre continuait.

Il a parfaitement senti qu'il avait une mission spirituelle à remplir en France, en corrélation avec celle de Jeanne d'Arc (b). Mais la France a brûlé la pure héroïne. La Providence ne nous envoya donc pas son équivalent quand le jour de la libération fut arrivé. Le Général de Gaulle est un demi savant et n'est pas un initié. Il ignore que l'Autorité ne peut se cumuler avec le Pouvoir (c), et son échec au gouvernement ne le lui a pas appris. Il est accessible à la flatterie et n'admet guère que l'on discute ses idées. Ce penchant le conduit forcément à attacher une grande valeur à la notion illusoire de PRESTIGE.

À Alger d'abord, à Paris ensuite, il a cumulé l'autorité et le pouvoir en les confondant sous le nom de prestige. Du coup, il a plongé la France dans un désordre épouvantable après avoir eu la chance exceptionnelle de pouvoir la modeler à son gré. Ses conseillers étaient
intéressés à lui voir prendre le pouvoir. Ceux qui ne l'étaient pas l'ont quitté volontairement ou non.

À l'heure actuelle, ceux qui restent le poussent encore dans cette voie. OR, IL N'Y A PAS EN FRANCE (d) D'AUTORITÉ QUALIFIÉE POUR CONSACRER LE POUVOIR DU GÉNÉRAL DE GAULLE. S'il reprenait le pouvoir, ce serait par la politique ou la violence. Il retomberait donc dans la confusion antérieure.

En attendant, et en partie grâce à sa vie privée inattaquable, il a conservé une certaine autorité et la possibilité de s'en servir. IL EST QUALIFIÉ POUR PROCLAMER LA NÉCESSITÉ D'UNE NÉCESSITÉ D'UNE SYNARCHIE ET PROPAGER LA DOCTRINE CORRESPONDANTE. Sans l'ombre d'un doute, le Pouvoir enseignant de cette synarchie (e) le désignerait comme chef du gouvernement s'il le désirait. Mais il ne le désirerait plus, car son tempérament le porterait à l'autorité plus qu'au pouvoir.

En résumé, il conserve une chance de libérer la France de la politique pure, à condition de comprendre la vanité du Prestige, de choisir l'Autorité, de renoncer volontairement au Pouvoir, et de conquérir ainsi le respect de ses concitoyens en même temps que la vraie gloire.

Le dernier alinéa de cette page est le plus important. fous comprenons très bien qu'elle demeure pour le lecteur d'une incohérence et d'une obscurité profondes, alors que nous la trouvons très claire. Le style quasi-ésotérique qu'emploie l'auteur déroute. En voici le sens abrégé et pour une plus ample compréhension nous renvoyons aux notes explicatives. Il n'y a pas en France d'Autorité qualifiée pour donner valablement, d'après les Hautes Instances secrètes, le pouvoir exécutif au Général de Gaulle. Celle-ci est donc hors de France?? Mais si le Général tient à libérer la France de la "politique pure" c'est-à-dire des politiciens et de leur chaos parlementaire, il doit" choisir l'Autorité" c'est-à-dire cette Autorité qui n'est pas en France ou qui est un peu partout, et aligner sur elle le Pouvoir d'exécution qu'il en aura reçu. Alors, il sera qualifié et mandaté pour proclamer la nécessité d'une Synarchie et propager la doctrine correspondante, c'est-à-dire pour imposer le système: Jacques Weiss dixit avec la bénédiction de la Société Théosophique!... O référendum des masses pour quoi te prennent-ils?... Et pourquoi faut-il que les deux lettres suivantes viennent donner corps à ces Illuminations?

1957 -1958

En février 1957 a eu lieu à St-Simon's Island la grande réunion internationale secrète dont nous avons parlé.

Voici en date du 18 octobre 1957 une lettre confidentielle de Herbert Hoover Jr., ancien vice ministre des Affaires étrangères des Etats-Unis à Curtiss. Cette lettre a d'ailleurs été publiée par Nouvelles de Chrétienté. Nous n'en donnons que les passages essentiels annonçant la politique du gouvernement de Gaulle:
"

Mon Cher Ami,

...

Je n'ai pas besoin de vous parler de l'importance du pétrole africain. Nous en avons beaucoup parlé quand j'étais au Ministère des Affaires étrangères.

Je pourrais ajouter que, maintenant, par suite des intrigues russes, la situation est gâchée dans le Proche-Orient et notre intérêt pour ce pétrole grandit encore.

Quelques mots sur le côté politique de cette affaire et avant tout sur l'attitude des Français. Je dois dire que, en ce qui concerne notre participation à l'exploitation du pétrole du Sahara, ils se sont montrés beaucoup plus conciliants que nous nous y attendions. À Paris, depuis le coup dur de l'automne dernier, quand les Français mirent la main sur des documents compromettants pour J'Aramco, on est devenu, il est vrai, plus difficile dans le choix des associés, mais cela ne nous a pas fermé le Sahara (2).

Ce n'est d'ailleurs que naturel. On ne peut dépenser des milliards pour la guerre en Algérie et espérer avoir suffisamment d'argent disponible pour exploiter l'Afrique.

Sinclair et Newmont Mining (3) y travaillent déjà comme associés de trois firmes françaises. Pas mal pour un début. Nous avons donné notre accord parce que nous étions sûrs que ce n'était qu'un début.

Peut-être sortira-t-il quelque chose pour nous des conversations préliminaires avec la "Shell" (4); elles ont été entamées sur mon initiative avec l'objectif d'acquérir ses participations aux "Pétroles d'Algérie" et au Pétrole du Sahara.

Votre crainte de voir les Français, sous l'impression de l'imposant progrès technique des Russes, chercher à arranger leurs relations avec l'Est sur le dos de l'unité atlantique n'est pas sans fondement, surtout étant donné leurs efforts pour se libérer du cauchemar allemand et pour régler leurs affaires en Afrique du Nord.

Le Ministère des Affaires étrangères en est égaiement préoccupé. La dernière fois que j'ai rencontré Foster, il m'a dit avec sa brutalité habituelle qu'une telle évolution pourrait avoir une influence défavorable sur la politique américaine en Europe.

Dillon a naturellement raison. Il m'a dit une fois que l'Afrique du Nord donne des ailes à la France. SI CES AILES NE SONT PAS ROGNÉES, LE COQ GAULOIS VOUDRA TOUJOURS S'ENVOLER.

Je peux encore vous dire que Foster a pas mal à faire en ce moment; Mac Millan est attendu à Washington. Vous comprenez naturellement que je ne suis pas en mesure de vous écrire tous les détails, mais vous entendrez bientôt parler d'un grand plan pour la réorganisation de l'O.T.A.N. , qui vous intéressera certainement.

Je peux vous assurer que, pendant les entretiens prévus entre Mac Millan et Eisenhover, la possibilité d'une action commune en Afrique du Nord sera discutée en détail. Vous pouvez en conclure que notre politique énergique dans ce domaine est déjà une chose décidée.

Huit mois avant l'arrivée du Général de Gaulle au pouvoir!

Deux mois avant le 13 mai 1958, trois mois avant l'accession du Général au pouvoir, le Journal Al Istiqlal, organe du parti marocain de l'Istiqlal, a publié dans son n° 47 du 16 mars 1958 la lettre suivante:

On n'arrête pas la marche de l'idée -

...

C'est avec une profonde satisfaction et avec fierté que je lis dans "Le Monde" du 6 mars la "Lettre aux Communautés de la Mission de France" dont les termes reflètent exactement mes vues et ma position en face du problème de l'Algérie. Nous n'avons pas le droit de nous
enfermer dans des vues étroitement nationales.

Vous devriez publier cette lettre. J'espère qu'elle aura une influence sur une bonne partie de l'opinion des Français; en tous cas sa lecture prouvera aux Marocains, aux Tunisiens et aux Algériens que la haute autorité de l'Église catholique a nettement pris position pour le règlement pacifique du conflit, par la voie de la négociation et non par la force. Je pense que ce règlement ne pourra avoir lieu que s'il se produit en France un "coup d'État". Malgré que l'idée de la dictature répugne aux Français, il faudrait investir un homme (on parle du Général de Gaulle) de "pouvoirs exceptionnels". Il mettrait le parlement en vacances, rappellerait M. Lacoste, nommerait à sa place une personnalité (M. Grandval, par exemple) capable de
museler les "ultras" d'Algérie qui nous font tant de mal, libérerait Ben Bella, et le "Cessez-Ie-feu" ayant été proclamé entamerait les discussions, sous l'égide de S. M. le Roi du Maroc, dont l'autorité, la haute compétence et la
modération domineraient les débats.

Je ne me fais pas d'illusions au sujèt de l'accueil réservé à ma position par une grande partie de l'opinion française.
Il n'y a qu'à lire dans ce même numéro du Monde du 6 mars, l'article du Général Weygand "Réflexions Personnelles". La force, l'intransigeance du
"va-t'en-guerre". C'est inimaginable...

Mais enfin l'opinion est malléable. Le conflit algérien une fois réglé dans l'intérêt des deux parties en présence,
avec le maintien de l'infrastructure politique et économique française, mais supervisée par les Algériens, avec l'exploitation commune des richesses du Sahara, donc avec l'accession de l'Algérie à son indépendance - tout s'arrangerait ipso facto en ce qui concerne les relations de la France avec la Tunisie et le Maroc.

La lecture de cette "Lettre aux Communautés de la
Mission de France", dont les conclusions ont été soumises et approuvées par le Cardinal Liénart, prélat de la Mission de France, et naturellement par mon cousin le Cardinal Fe1tin avec lequel J'ai eu, le mois dernier, des conversations fort intéressantes à ce sujet, m'a rempli d'espoir.

Je n'oublierai jamais qu'en mars 1950, lorsqu'en compagnie de mon épouse regrettée je suis allé voir mon ami MERDI BEN BARKA dans sa "résidence surveillée" de
Midelt il nous a dit: "... On n'arrête pas la marche de l'Idée." Il pensait alors à l'indépendance du Maroc. Six ans plus tard cette indépendance était gagnée...

Puisse-t-il en être de même bientôt pour l'Algérie...
André Feltin
Kasbah-des-Oudaïas

Nous ferons simplement remarquer que la Mission de France n'est pas la Haute Autorité de l'Église Catholique. On défie quiconque de trouver chez Pie XII pareilles approbations.

LE RÉFÉRENDUM DE 1958

Le Général est maintenant au pouvoir. Nous voilà parvenus au vote de la Constitution de la Ve République. Cette Constitution synarchique à la rédaction de laquelle avaient travaillé des synarques chevronnés de la première heure tel Blocq-Mascart, n'a pas un caractère définitif. Il y subsiste par prudence, afin de ne pas avoir l'air de tout bouleverser d'un coup, le bicamérisme constitutionnel de la IVe République alors que la doctrine du Pacte synarchique, comme celle de l'Archétype social requièrent une représentation basée sur la pyramide des républiques populaires et sur un Conseil économico-régionaliste.

Telle quelle cependant, elle ouvre la voie. Qui donc pouvait mieux l'avaliser en conseillant le "OUI" au référendum que Coudenhove-Kalergi? Il le fit dans le Figaro des 20/21 septembre 1958 et à sa manière habituelle:

Monsieur de Coudenhove-Kalergi
Président fondateur de l'Union Paneuropéenne

En tant que Français résidant en Suisse, j'ai déjà voté "oui" pour les raisons suivantes:

Jamais l'Italie n'aurait réalisé son rêve
séculaire d'union nationale sans la politique étrangère du Piémont, dirigée par Cavour.

Afin de s'unir, l'Europe aura besoin, sur le plan du continent, d'un Piémont et d'un Cavour.

Son Piémont c'est la France. Son Cavour, de
Gaulle.

La régénération de la France est la condition préalable de la résurrection de l'Europe. C'est seulement autour d'une France forte et stable qu'une Europe unie pourra se constituer.

Donc, voter "non", c'est voter contre l'Europe.

Voter "oui", c'est voter pour une Europe unie, stable,
libre et prospère.


Pour qui suit attentivement la trame ourdie dans les hautes sociétés secrètes, la continuité n'est pas douteuse. Si les circonstances exigent des modifications aux moyens de réalisation d'abord prévus, rien ne change cependant dans le plan de la stratégie générale. Depuis Saint-Yves d'Alveydre, la France, choisie à la fois comme cobaye et comme cible principale, parce qu'il est impossible de transformer spirituellement l'Europe sans la réduire elle-même en premier lieu, fait l'objet d'une mention spéciale dans la page de Kadmi-Cohen (1930) que nous avons citée. Un peu plus tard l'article 126 du Pacte synarchique sera plus net encore et voici qu'un représentant autorisé de la synarchie en Europe vient par surcroît souligner cette particularité en 1958. Cela vaut la peine d'une remarque, on en conviendra, de même que le rappel, fréquent chez Coudenhove-Kalergi, de l'exemple hautement maçonnique de Cavour et de la politique du Piémont en Italie au XIXe siècle. Être le Piémont de l'Europe, ce n'est pas seulement avoir le rôle prépondérant dans la réalisation de son unité, c'est aussi faire cette unité contre Rome, en plein accord et sous les ordres d'un nouveau Palmerston qu'il faudrait chercher ailleurs qu'en France pour le trouver à coup sûr.

LE GROUPE DE GAULLE

Ce Palmerston n'est pas unique. On pourrait dans cette recherche jeter les yeux du côté de l'Ordre martiniste et synarchique réfugié en Angleterre et dans les pays du Commonwealth (celui-ci n'est pas sans rapports fréquents avec l'Ordre martiniste traditionnel). Le martinisme a toujours été une plaque tournante parmi les maçonneries en compagnie d'ailleurs d'autres sociétés initiatiques que nous avons nommées dans cette étude. Quant aux financiers il n'est pas douteux qu'eux aussi ont synarchisé leurs rapports depuis longtemps, mais davantage depuis 1957. Ce n'est pas en vain que le mot "Synergie", employé lui aussi par Saint-Yves d'Alveydre signifie agir ensemble comme l'autre signifie: gouverner d'un commun accord... sauf les divergences bien entendu. Malgré le but commun: gouverner la planète, les groupes financiers se livrent souvent de subtiles et féroces batailles. Dans notre court résumé de la synarchie en Amérique (The Establishment) nous avons surtout nommé les groupes Kuhn-Loeb, Warbourg, Rockfeller... etc... Il ne faut pas oublier en Europe le groupe Rotschild, d'ailleurs allié aux Rockfeller sur certains points. C'est ainsi que des alliances se font ou se recherchent, par exemple pour l'exploitation pétrolière du Sahara. Mais parfois des intrigues aux répercussions sanglantes sont ourdies comme au Katanga.

Quoi qu'il en soit, le groupe auquel se rattache le Général de Gaulle est le groupe Rotschild. Son système européen et mondial est celui du Pacte synarchique de 1935. Voilà les deux traits essentiels de son opposition aux États-Unis. Ce point est capital pour comprendre sa politique.

Outre la mise en place d'un certain nombre d'éléments du régime synarchique à l'intérieur et sous les yeux d'une bourgeoise stupide ou intéressée, deux grands problèmes ont d'abord accaparé l'activité du gouvernement gaulliste: la liquidation de nos colonies et l'Europe. Ces deux problèmes sont liés dans le programme eurafricain dont les avatars sont assez connus pour que nous n'insistions pas.

Telles sont les cartes du Jeu, toutes biseautées bien entendu, entre les mains des partenaires autour de la table et qui, pas plus que le Général de Gaulle, ne sont des petits saints. Nous rappellerons une fois de plus ici même de vue sur l'Europe qui n'ait fait l'objet qu'il n'est pas un seul de ces points de textes émanant des sociétés secrètes et particulièrement, bien sûr, du Pacte synarchique. Nous n'y reviendrons pas.

Ce programme datant d'au moins quelques décades explique certaines paroles du Général de Gaulle qui ne sont pas des mensonges parce que le public ne les comprend pas et qui ne sont pas des traits de génie puisque le Général est "doctus cum libro". Il explique aussi l'usage diplomatique qu'il veut en faire pour arriver au "leadership" d'une troisième force. Sur cet usage, ni le gouvernement américain, ni celui de Sa Gracieuse Majesté n'ont à lui reprocher aucune irrégularité ni ingratitude. Il joue sa partie sans faute.

Si l'on estime cependant qu'il y mêle trop le culte de la personnalité, c'est une autre 'affaire.

On ne devrait donc pas s'étonner de la déclaration qu'il aurait faite au Général de Beaufort en 1960 et qui a été reproduite plusieurs fois des deux côtés de l'Océan; elle ne diffère pas essentiellement de celle que rapportait la Revue de la Défense Nationale de Juin 1960 sur:

La réalisation progressive de l'Europe au sens géographique du terme, c'est-à-dire de l'Atlantique à l'Oural au fur et à mesure que l'évolution qui est en marche à l'intérieur de l'un et l'autre régime pratiqués par les nations modernes réduira leurs différences et leur opposition.

Cette déclaration est contemporaine de certains articles de Coudenhove-Kalergi dans le Figaro qui laissaient pressentir un mouvement de composition entre les thèses divergentes sur l'Europe au sein de la Synarchie et un raidissement sur l'entrée de l'Angleterre au Marché Commun. On sait que le Général y fit écho. Preuve supplémentaire de la subordination du régime gaulliste à des impératifs extranationaux et supranationaux que le Comte de Coudenhove-Kalergi a fait connaitre en temps opportun.

Si l'on en veut une autre preuve, que l'on compare donc le discours du Général au mois de janvier 1963 sur l'admission de la Grande Bretagne dans le marché commun avec la résolution par laquelle, UN MOIS AVANT, le Conseil central du mouvement Pan-Européen, sous la présidence de Coudenhove-Kalergi, demandait innocemment:

L'entrée de la Grande Bretagne au Marché Commun et, en cas d'échec provisoire, un règlement politique entre l'Europe et 1 'Angleterre. (Le Figaro, 12 décembre 1962.)

Par son refus, le Général de Gaulle a ménagé la position de l'Angleterre et de son Commonwealth conformément à la tradition... provisoire que nous avons si souvent signalée et du même coup il a fait échec aux visées de The American Establishment non moins souvent mentionnés dans cette étude.

Mais tout ne s'arrête pas là.

Car il y a maintenant la Chine.

Depuis l'affaire de Suez où Russes et Américains forcèrent la France et l'Angleterre à abandonner leur expédition, rien n'a changé malgré les aller et retours diplomatiques. Ni Kennedy ni Johnson n'ont pu renoncer à la maîtrise américaine en Europe. Le téléphone rouge a confirmé que les deux grands continuent, pour le moment, à vouloir s'expliquer sans témoin. Le Général de Gaulle peut courtiser les Soviets ou la Chine dans l'espoir de saper cette prépondérance américaine et d'instaurer sur ses ruines ce qu'on appelle la troisième force mais qui, dans le système, correspond principalement à l'édification de l'Europe synarchisée patronnant l'Afrique et dont il rêve de devenir le grand homme.

Rien ne dit que les Russes répondront à ses avances ou ne le feront que dans la mesure où la diplomatie du Quai d'Orsay leur permettra de se libérer des Etats-Unis. Ils ont d'ailleurs d'autres moyens de pression sur l'Amérique dans les conventions secrètes U.S.A.-U.R.S.S. auxquelles faisait allusion Adenauer.

L'appui qu'il donne à la Chine dans le même but mais aussi afin d'y trouver des débouchés alléchants pour une partie des milieux économiques français ne semble pas de nature à aider sa politique russe, du moins pour le moment.

Mais à l'Autorité supérieure au pouvoir du Général de Gaulle et qui n'est pas en France, le Général de Gaulle n'échappera pas plus que d'autres. Ainsi que nous le laissait entendre la Grande Loge de France, un agent unique unissant le monde sous un gouvernement mondial ne peut s'accommoder d'une prépondérance particulière. La prépondérance américaine semble maintenant devoir céder la place et le Général de Gaulle ne fait que jouer sa partie dans le concert de ceux qui sont destinés à ébranler ce leadership. Mais celui-ci sera défendu. Aperçoit-on dès lors la conjoncture prochaine? Ceci est grave.

De quelque côté que penche la balance le plateau le plus lourd risque d'appuyer sur le bouton fatal.

Notes:

(1) Les renvois sont de nous. Ils nous ont paru nécessaires pour apporter quelques explications à ce texte que l'on comprendra mieux encore quand on aura lu la deuxième partie de cette étude. Nous pensons cependant que quelques éclaircissements immédiats ne sont pas inutiles:

(a - c - e) Pouvoir Enseignant - Ne pas s'étonner de ce langage à prétentions scientifiques assez répandu chez les techno-synarchistes. Les expressions signifient que, selon la pratique des Sociétés secrètes, les hommes de gouvernement, les politiciens, ne sont pas nécessairement les vrais chefs. Nous savons tous cela par expérience. C'est le cas des présidents américains, celui des présidents de république en général et souvent celui des rois. Garcia Moreno est une exception. Il l'a payé de sa vie. Claude de Saint-Martin l'avait bien dit après la Révolution française: "LE GOUVERNEMENT N'EST QUE LA PARTIE EXTÉRIEURE DU CORPS SOCIAL." Les théoriciens de la Synarchie ont systématisé ce principe pour l'accorder à leur plan occultiste de domination. C'est ainsi que Saint-Yves d'Alveydre établit pompeusement la distinction de l'Autorité et du Pouvoir dans sa "Mission des Juifs" (avertissement). Rien de cela, bien sûr, dans le Pacte synarchique qui s'adresse à des non-initiés. En revanche, le "Schéma de l'Archétype social" s'y réfère à toutes les pages.

Dans un régime complètement synarchisé, l'Autorité (occulte) comporte un premier degré, le plus bas: le Pouvoir enseignant (ésotérique lui aussi) qui transmet les directives reçues de plus haut au Pouvoir politique proprement dit (visible). C'est ce que veut signüier ici J. Weiss. Il peut arriver cependant que le même homme soit revêtu des deux attributions et ceci ne manquera pas de donner plus d'assurance à ses décisions, une allure plus impérative à ses discours. Pour bien saisir ce point, consulter le Tableau n° 93 de l'Archétype social joint à la deuxième partie de cette étude.

Il est certain qu'en fait, l'intéressé, y mêlant sa vanité personnelle et ivre "de prestige", peut outrepasser les pouvoirs qu'on lui donne ou les détourner vers un autre but. Il ne serait pas le premier à en user ainsi. D'autres nous en ont donné le spectacle et ce fut toujours dangereux pour eux.

(b) L'allusion à Jeanne d'Arc est bouffonne. Mais il faut savoir que Jeanne d'Arc est "intégrée" par certains occultistes parmi les grands "Initiés" de l'Histoire (cf. "Jeanne d'Arc victorieuse" de Saint-Yves d'Alveydre 1890).

(d) "Il n'y a pas en France d'AUTORITÉ qualifiée pour consacrer le Pouvoir du Général de Gaulle." Les hautes Autorités occultes sont internationales, cela va de soi. Qu'elles ne résident pas en France, rien d'étonnant; la suite des événements confirme que le Pouvoir se réfère à des oligarchies qui ne sont pas nationales.

(2) Allusion au coup de main contre un avion marocain qui permit aux Français de capturer à l'automne 1956, cinq dirigeants du mouvement de libération algérien; les documents qu'on trouva sur eux compromettaient quelques trusts américains du pétrole et surtout l' "Aramco", appartenant au groupe Rockfeller.

(3) "Sinclair." est un des grands trusts américains du pétrole où Rockfeller a des participations; "Newmont" appartient au groupé Morgan.

(4) Trust britannique du pétrole.

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