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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

mardi, mai 27, 2008

CHAPITRE 4

La Liberté: C'est servir Dieu
et son prochain.

L'ABUS DE LIBERTÉ



Du point de vue purement animal, l'homme ne naît pas libre; il naît esclave des exigences de sa nature animale. Comme les animaux, il faut qu'il mange et boive, il faut qu'il se défende contre les éléments, contre le froid, contre la chaleur; comme les animaux, il passe une partie de son existence dans le repos et le sommeil. Voudrait-il se soustraire à ces exigences que ce serait rapidement sa propre destruction.

Du point de vue familial, l'homme dès sa naissance est soumis à l'autorité du chef de la maison dans laquelle il grandit; les réprimandes, reproches et punitions qu'il subit pour certains de ses actes, dans quelque foyer que ce soit sur terre, indiquent assez qu'il n'est pas libre de faire tout ce qui lui plaît. Du point de vue social, il est soumis aux prohibitions édictées par la société à laquelle il appartient, et s'il contrevient à quelqu'une de ces prohibitions, il en est puni par la perte temporaire ou perpétuelle de sa liberté d'action; si même l'on apprend à l'avance qu'un homme a décidé de violer la loi, des mesures seront prises pour l'en empêcher par la force. Du point de vue professionnel, syndical, associationnel, clubiste, etc., le membre participant ne peut enfreindre les règlements du groupe sans compromettre sa liberté d'en faire partie.

Il en est de même du point de vue spirituel. L'homme n'est pas libre de faire ce qui lui plaît. Il ne doit faire que ce qui lui est permis. Dès qu'une chose est interdite, il n'est plus libre de la faire. Dès que Dieu, par exemple, demande à Sa créature de l'adorer, la créature n'a pas d'autre alternative que de se soumettre. Elle est liée.

Si l'homme n'est pas libre de faire ce qui est interdit, il a cependant la faculté de refuser de se soumettre, il a le pouvoir de se révolter, il a le libre arbitre, c'est-à-dire la capacité de choisir sciemment et volontairement le mal plutôt que le bien, l'illicite plutôt que le licite, le prohibé plutôt que le permis. Mais cette faculté, ce pouvoir, cette capacité ne le rendent pas libre de se soustraire aux injonctions du Bien. Car si l'homme était libre de faire indistinctement le mal comme le bien, il cesserait d'être responsable à toute autorité d'aucune sorte que ce soit; et s'il cessait d'être responsable, il cesserait en même temps d'être une créature raisonnable, c'est-à-dire qu'il ne serait plus un homme.

L'homme fut créé libre, ne pouvant penser qu'au bien, ne pouvant faire que le bien; mais dès qu'à la connaissance du bien, il voulut ajouter la connaissance du mal, il tomba en déchéance: la rancon du mal. Aujourd'hui, c'est toute l'humanité qui nous donne le même spectacle collectif. Après une longue et lente réhabilitation par le Christianisme, elle se laissa séduire par le libéralisme, la reconnaissance publique du bien ET DU MAL, la «liberté» pour le mal comme pour le bien, et nous voyons de nos propres yeux dans quel prodigieux abîme de désordre, de ténèbres et d'égarement elle plonge présentement, au désespoir effaré des penseurs, des chefs et des dirigeants vraiment responsables.

La liberté ne peut pas être définie comme le fait de ne pas être en prison; le criminel en liberté ne se sent pas libre; un innocent conduit par erreur en prison se sent libre, conscient d'être une victime.

Par sa nature physique, l'homme n'est pas libre; par sa nature spirituelle, il ne serait libre que s'il s'était créé lui-même, avait posé les lois de sa propre existence, et s'il n'y avait pas un Créateur éternel et infini au-dessus de lui.

Quest-ce donc que la liberté? Ce n'est pas le privilège de faire le mal, puisque le mal est défendu, sur le plan naturel comme sur le plan spirituel.

Comme pour la définition de l'homme lui-même, il y a deux écoles opposées qui nous donnent des définitions opposées de la liberté humaine: l'école chrétienne et l'école antichrétienne. L'une fait surgir la liberté de la servitude volontaire, l'autre la fait surgir de la révolte volontaire. Pour toutes deux, la liberté n'est pas une cause première; c'est un attribut qui découle de la définition qu'on fait de l'homme; c'est un état auquel il fout tendre, auquel il faut parvenir, qu'il faut conquérir, par des moyens essentiellement opposés.

Le christianisme enseigne que Lucifer, le prince des anges, fut condamné à un éternel châtiment pour avoir voulu se révolter contre Dieu, s'émanciper du devoir de servir le Seigneur; que le premier homme et la première femme déchurent de leur liberté primitive en voulant «devenir comme des dieux», c'est-à-dire cesser de servir un Etre supérieur et ne plus Lui être redevables; que la Vierge Marie fut substituée ou chef de la cour céleste en se proclamant «la servante du Seigneur»; que le Christ a libéré une humanité enchaînée en servant Dieu et les hommes, en se soumettant en tous points à la volonté de Son Père.

C'est donc par la servitude volontairement acceptée que peut venir la liberté, du point de vue chrétien. On pourrait dire aussi; du point de vue du bon sens, et dons tous les domaines imaginables.

Ainsi, l'enfant qui se soumettrait toujours à ses parents se libérerait de bien des ennuis, accidents, insuccès. Les jeunes qui écouteraient avec obéissance les conseils de la vieillesse expérimentée se libéreraient de biens des tracas et des malheurs. L'homme qui obéirait aveuglément aux recommandations de la médecine se libérerait de bien des maladies et des douleurs.

C'est dire, en définitive, que la liberté est le fruit procuré par l'accomplissement du devoir; et l'accomplissement du devoir engendre des droits, dont le premier est de pouvoir faire son devoir sans empêchement ni contrainte.

La liberté est plutôt une sensation, un état, qu'autre chose. C'est une santé morale et spirituelle aussi exubérante que la santé du corps humain; une santé qui se traduit par l'absence de la crainte, de l'inquiétude.

L'homme qui se soumet volontairement, qui fait tout ce que son Dieu lui demande, ne craint pas le jugement de Dieu; celui qui respecte les lois de son pays ne craint ni la police ni les tribunaux; celui qui remplit tout son devoir envers sa famille, ses supérieurs, ses amis, ses voisins, ne craint aucun mal de leur part. Il a la conscience libre, il jouit de la liberté et des bienfaits qu'elle procure.

La liberté, en somme, c'est le droit de faire ce qui est permis, par Dieu, par la société, par la loi; c'est le droit de remplir son devoir sans empêchement ni contrainte. Faire le mol n'est pas un usage de la liberté, c'est un abus, c'est de la licence. Se soumettre et servir, dans l'exercice des droits et des devoirs, voilà l'origine et les conditions de la liberté.

Mais aujourd'hui, ce n'est plus la théologie, la philosophie, voire la pensée simple et saine qui prévaut, dans l'enseignement de ce qui est et qui doit être. C'est la propagande effrénée des coteries et des factions politiques.

Comme elles sont toutes matérialistes, leur prédication de la liberté n'enseigne, depuis deux siècles, que la révolte pure et simple contre tout ce qui est esprit, divin ou humain. Pour le libéralisme et les innombrables sous-produits dont il a apporté les funestes cadeaux au monde, la liberté ne surgit que de la révolte, du refus de servir, de reconnaître une autorité au-dessus de l'ego humain. C'est une liberté de caractère essentiellement luciférien, liberté qui engendre par la force des choses la fameuse «égalité» de caractère également luciférien. Celui qui se dit libre de Dieu se proclame égal à Dieu; celui qui ne reconnaît pas d'autorité supérieure à son ego, à sa propre raison, se proclame égal à toute autorité existante.

C'est par ces faux principes, ces sophismes matérialistes que la propagande hurle de toutes les tribunes, de tous les journaux, de toutes les scènes, de tous les écrans, que le monde moderne est poussé comme un vaste fleuve dans l'abîme qui l'engloutît rapidement.

Leur première manifestation fut, lors de la Révolution française, de vider les églises de toute divinité et toute révélation pour y substituer la «déesse» et le culte de la raison humaine; de décapiter rois, princes, nobles et chefs de la société qui ne reconnaissaient pas la validité des «dogmes» nouveaux. Depuis, la révolte contre le Trône et l'Autel s'est propagée partout, suivant des cycles réguliers, puis s'est étendue contre toute forme de tradition, contre le supérieur, contre l'employé, contre l'employeur, contre l'époux ou l'épouse, contre les parents, contre l'État pur et simple, contre la propriété, contre la morale élémentaire ou naturelle, contre tout ce qui peut suggérer une autorité quelconque. Ces sophismes ont conduit des pays entiers dans l'enfer communiste, où une tyrannie féroce et inflexible a aboli les droits naturels de l'être humain et la possibilité d'accomplir les devoirs inhérents à la nature de l'homme. On avait appris au citoyen que non seulement il a le privilège de désigner ceux qui doivent être investis du pouvoir, mais qu'il est le souverain réel, la source de toute autorité, la cause et le moteur de tout pouvoir. Pour l'avoir cru le citoyen «souverain» est devenu l'esclave total, la proie du despotisme.

Ce qu'il y a de plus pénible, c'est que ceux qui auraient dû le plus courageusement combattre les sophismes du matérialisme, ont fini par succomber à l'incantation de ses mots creux et de ses slogans répétés; ils ont légiféré dans le sens des «dogmes» nouveaux, posant les prémisses de l'inévitable catastrophe, pactisant, compromettant, cédant. Ayant encouragé une révolte grandissante contre l'Autorité, mère de tout Ordre, ils ont graduellement perdu leur propre autorité. Les foules, pétries, façonnées, enseignées par une propagande anonyme et officiellement irresponsable, entendent de moins en moins la voix de leurs chefs normaux; et les chefs, pour obtenir les faveurs de la foule, la suivent et la flattent plutôt que de la conduire. Ce sont les bergers qui suivent les caprices du troupeau pour ne pas le perdre, triste spectacle de l'état où conduit toujours la trahison de la mission dévolue aux élites.

Toute crise de culture a toujours à son origine une crise d'autorité, et le premier symptôme en est constamment la révolte contre la première des Autorités: celle de Dieu, celle de l'Esprit.

On a cru que les «immortels principes» de la Révolution française n'avaient pour objet très humanitaire que de libérer l'humanité des chaînes dont l'avaient emprisonnée la tyrannie des rois, les restrictions religieuses, l'ordre des hiérarchies, les disciplines de la tradition, le vieux code d'honneur, les règlementations d'une longue jurisprudence.

C'est ce que la propagande a chanté sur tous les tons, avec un interminable obligato de lieux communs et d'âneries débitées par des soi-disant philosophes, moralistes et économistes. Mais ceux qui avaient concocté les terribles poisons, les sophismes destructeurs, les «mortels pnnclpes» n'ont jamais caché, dans leur correspondance et leurs conversations intimes, le but réel qu'ils voulaient atteindre. Les lettres de Voltaire, d'Alembert, Condorcet, Diderot et autre «gloires» du modernisme matérialiste, sont unanimes sur un point, le plus important de tous. Leur oeuvre entière, leurs efforts opiniâtres et tenaces visaient d'abord et avant tout, suivant leurs propres aveux, à «écraser l'Infâme». Et d'après leurs explications très claires, «l'Infâme» c'est le Christ et Son oeuvre sur la terre. Les «principes» de la Révolution française, qu'on devait semer sur toute la terre, étaient pour eux l'arme avec laquelle on devait «écraser l'Infâme».

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