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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

mercredi, mai 28, 2008

CHAPITRE 2
...................Honneur
....................................Dignité
....................................................Sacrifice


L'EXISTENCE OU LA NON-EXISTENCE DE L'ÂME HUMAINE




C'est donc sur la définition de l'être humain que devra reposer le monde nouveau de demain, lorsque le monde d'aujourd'hui aura été «liquidé» dans l'effondrement de ses propres erreurs. Et il faudra que cette définition de l'homme soit juste, qu'elle soit la bonne, sans quoi le nouvel édifice social croulera encore plus vite que son prédécesseur.

Car, il faut revenir à cette vérité fondamentale que l'être humain, étant antérieur à toute institution, il lui est supérieur; que toute institution, quelle qu'elle soit, a pour fin immédiate et lointaine d'aider l'homme, le servir, alléger son sort, lui procurer des facilités qu'il ne pourrait trouver en restant isolé, promouvoir son développement moral, intellectuel et physique, l'aider à tendre le plus normalement et le plus facilement au but de son existence.

Toute institution, tout état, tout système politique, toute forme de gouvernement qui n'a pas cette ligne de conduite comme guide de son activité, va à rebours de sa raison d'être et ne peut qu'être funeste à l'être humain. Aucune institution n'a jamais pu faire un homme, mais des hommes ont fondé et composé les institutions.


L'homme avant les institutions

C'est librement que les hommes fondent, ou doivent fonder, les institutions, et qu'ils doivent pouvoir s'en retirer.

En consentant à en faire partie, ils consentent à s'y soumettre, à obéir aux lois et règlements qu'elles pourront promulguer. C'est ainsi que les institutions, fondées librement par des hommes libres, peuvent restreindre la liberté pourvu que cette restriction concorde avec le but essentiel de toute bonne institution: servir et protéger l'homme. Toute institution imposée aux hommes contre leur gré est essentiellement mauvaise, et ne produit que tyrannie et destruction. Toute institution bonne à son origine, devient essentiellement mauvaise lorsque, cessant de servir l'être humain, elle veut s'en faire servir.

L'homme étant antérieur à toute institution et devant servir de base fondamentale à toute association, il est d'importance majeure de savoir ce qu'il est, afin que les associations supérieures auxquelles il se soumettra librement puissent le gouverner sagement, c'est-à-dire conformément à sa nature, ses besoins, ses fins.

Dans le monde civilisé, partiellement subjugué ou envahi par la barbarie, il n'y a que deux définitions de l'être humain; la définition naturaliste et la définition chrétienne.


Définition naturaliste

La première définit l'homme~ çomme un animal évolué, une espèce de singe amélioré, capable de penser, mais privé de ce que l'on appelle communément l'âme. L'homme ne comporte aucun élément spirituel. Cette négation de l'esprit chez l'homme se complète par la négation du monde sprirituel et d'un Dieu pur esprit. La conclusion ultime de cette définition est que l'homme doit être régi comme le sont les animaux, enrégimenté comme les chevaux domptés qu'on conduit à l'écurie, à qui on procure la nourriture et le gîte en retour du travail et des profits qu'ils rapportent: que l'on «liquide» dès qu'ils ne sont plus profitables; qui ne possèdent rien, ne connaissent aucune vie de famille, n'ont aucun souci spirituel ni aucune idée de divinité ou de religion. Comme pour les animaux, le seul moyen de faire reconnaître l'autorité et d'imposer l'obéissance, c'est la terreur érigée en institution. Le communisme, qui traite ainsi l'être humain, est excessivement logique avec la définition qu'il fait de l'homme. Si l'homme n'était qu'un animal, toute l'idéologie communiste, toute sa théorie et sa pratique seraient vraies et justifiées. Mais pour que les maîtres du communisme considèrent et traitent ainsi des êtres humains, sans s'infliger à eux- mêmes les mêmes traitements, pour qu'ils s'arrogent le droit de terroriser et d'enchaîner des hommes, il faut nécessairement que ces maîtres du communisme se considèrent d'essence supérieure, au-dessus de leur «bétail dompté». C'est une considération fort importante qu'il ne faut jamais oublier dans l'étude du communisme.


Définition chrétienne

La définition chrétienne de l'être humain, qui a prévalu en Occident pendant treize siècles, c'est-à-dire depuis Constantin Paléologue jusqu'à la Révolution française, est aux antipodes de la définition naturaliste. L'homme est avant tout un esprit qui vivra des millions et des milliards d'années, qui ne mourra jamais, qui n'aura pas plus de fin que l'éternité elle-même et qui, momentanément, est emprisonné dans un corps humain afin de jouer sur cette terre, pendant un certain temps, un certain rôle voulu par Dieu et pour la plus grande gloire de Dieu. Dans l'idée chrétienne, l'homme est le couronnement de toute la création, il est au-dessus des anges et des archanges qui le servent comme messagers et protecteurs. C'est si grand un homme, que Dieu est descendu sur terre pour le servir, lui laver les pieds, souffrir pour lui, mourir pour lui, le sauver. C'est si grand un homme, dans l'idée chrétienne, que Dieu Lui-même, qui ne peut ajouter à Sa gloire puisqu'elle est parfaite, S'est glorifié en Se donnant le titre de «fils de l'homme». C'est si grand un homme que même s'il n'y en avait qu'un seul sur la terre, fût-ce le plus petit, le plus ignorant, le plus laid, il serait justifié de se promener avec la majesté et la dignité du plus glorieux des empereurs en se disant: «Je suis le fils de Dieu, mon corps est sorti de Ses Mains, mon âme est sortie de Sa bouche; je suis Son chef-d'oeuvre, Son image, le cohéritier de Son Christ; les firmaments, les planètes, les saisons, les océans, les montagnes, les fleuves et les prés, les minéraux, les végétaux et les animaux, c'est pour me servir qu'Il a fait tout cela. Ma dignité est si grande, mon avenir est si prestigieux, ma nature est si sublime qu'il ne m'est pas permis de servir autre chose que Dieu Lui-même et mes semblables, qui sont des fils et des images de Dieu en ce monde». Tel est l'être humain comme le conçoit et l'enseigne le christianisme, non seulement en théorie mais aussi dans la pratique, car deux mille ans d'histoire nous démontrent qu'à l'exemple de Dieu fait homme, ses pontifes, ses apôtres, ses martyrs, ses missionnaires, renonçant à tout n'ont jamais hésité à se laisser torturer et massacrer pour confirmer leur enseignement sur la sublime dignité de l'homme et ses rapports avec Dieu. Venant de Dieu par la création, l'homme qui a déchu, a pour fin de retourner à Dieu par la rédemption.

Voilà les deux seules définitions de l'être humain qui ont cours dans le monde occidental. On ne connaît pas d'intermédiaire. Et le combat que se livrent le communisme et l'anticommunisme repose, en dernier ressort, sur ces deux définitions. En somme, c'est la lutte pour le Christ et contre le Christ, sans moyen terme possible. L'une ou l'autre des deux idées doit être vaincue, doit disparaître.

Quand on examine de près le problème qui se pose aujourd'hui au monde, il n'est pas question de religion autant qu'on le pense. Qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de religion, cela ne changera rien à la réalité suprême. Que toute trace de christianisme disparaisse de ce monde, le Christ existera toujours. Il existe ou Il n'existe pas; indépendamment de toute religion, Il est une réalité ou Il est un mythe; et l'histoire atteste qu'II existe. Que le matérialisme balaie tous les pays de la terre et que les hommes en viennent jusqu'au dernier à ne se croire que des animaux évolués, cela ne fera pas disparaître le seul fait qu'il répugne à tout être humain d'admettre qu'il aura une fin, que l'esprit qui parle au tréfonds de tout homme disparaîtra après la mort du corps.

L'existence ou la non-existence de l'âme humaine est autant une affaire politique, économique, sociale qu'elle peut être une question religieuse. Toute institution étant composée d'être humains et devant régir des êtres humains, elle doit les gouverner conformément à l'essence et à la nature de l'être humain. Et la nature de l'être humain ne peut être que celle d'un pur animal, ou celle d'un esprit immortel vivant passagèrement dans un corps animal.

D'après la définition chrétienne de l'homme, celui-ci ne doit servir que Dieu et son semblable. Dès le moment qu'il sert quelque chose sortie des mains de l'homme, il verse dans l'idolâtrie.

La finance est une invention de l'homme, de même que le crédit, l'économie, la machine, la science, l'art, les systèmes et formes politiques. L'homme tombe dans l'idolâtrie dès qu'il fait dépendre son bonheur, ses fins, sa destinée, de ces créations humaines faites pour servir l'homme.

Ainsi, ceux qui nous disent que la république, ou la monarchie, ou la démocratie, ou le crédit, ou le machinisme, ou le plannisme, ou le scientisme, ou le naturalisme, ou le rationalisme sont des conditions sine qua non du bonheur humain, du progrès humain, que sans eux, il n'y aurait plus de religion sur terre, plus d'ordre, plus de progrès, etc., font exactement ce que fait le nègre idolâtre d'Afrique quand, après avoir taillé une petite idole de ses propres mains, il se prosterne devant elle et lui confie son bonheur, sa santé, sa prospérité, son progrès.

Au-dessus de tout ce qu'il y a sur la terre, il y a l'être humain, lui-même immédiatement au-dessous de Dieu, fils de Dieu, image de Dieu, co-héritier de l'Homme-Dieu. Le meilleur système possible sur terre, dans n'importe quel domaine, doit donc être fondé sur ce qu'il y a de plus grand en ce monde: sur l'être humain lui-même. Si l'homme vit un demi-siècle ou trois-quarts de siècle dans son corps physique, il ne mourra jamais comme esprit. Il est donc avant tout et par-dessus tout un esprit.

Toute institution basée sur l'homme lui-même sera donc forcément spiritualiste. Une institution basée sur la création matérielle de l'homme ne pourra être que matérialiste; ce sera une institution inférieure, indigne, puisque le matériel n'a ni la grandeur voulue ni la compétence pour gouverner un esprit, même s'il est emprisonné temporairement dans un corps matériel.

Le communisme se définit pompeusement lui-même comme «matérialisme dialectique». Pour lui, tout n'est que matière; il n'y a ni Dieu, ni esprit, ni monde spirituel, ni âme. Et tout son système est échafaudé sur ces négations du spiritualisme. C'est pourquoi il doit logiquement combattre l'idée du spirituel. C'est justement parce qu'il la combat qu'il prouve le mieux son existence, car on ne combat jamais ce qui n'existe pas.

On parle beaucoup et en de multiples occasions des loups- garous, du bonhomme Sept- Heures, des faunes, des satyres, des fées, du Père Noël, des sirènes; mais quel groupe d'hommes sera jamais assez fou de partir en guerre contre eux, dans un grand mouvement mondial? Personne ne les combattra parce qu'ils n'existent pas. On ne combat que ce qui existe, et la lutte du communisme à l'esprit prouve que le spirituel existe, indépendamment de toute preuve fournie par la Révélation, les prodiges attestés, l'observation de la nature, la tradition des peuples et la «voix intérieure» de tout homme qui n'a pas étouffé sa conscience.

Pour faire opposition au communisme, nous avons aujourd'hui le libéralisme et ses succédané, dans l'arène politique. Or le libéralisme est issu exactement de la même idée, des mêmes principes qui ont conduit au communisme, un matérialisme aussi affirmé que celui de toutes les écoles marxistes. Croit-on que ce genre de feu éteindra l'incendie mondial, que ce genre de glace matérialiste fera fondre le grand glacier du suprême matérialisme?

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