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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

mercredi, mai 28, 2008

CHAPITRE 1

Vérité
..........Foi
......................Morale
.........................................Tradition




LA FAUSSE DÉMOCRATIE


L'anticommunisme est devenu de mode. Il excite le zèle soudain de bien des hommes d'Etat, et il fait le sujet des conversations dans toutes les chancelleries.

La campagne mondiale entreprise contre le communisme depuis quelques mois semble devoir prendre l'ampleur d'une croisade. Il ne fait aucun doute que c'en sera une dans toute la signification du terme aussitôt qu'elle se conjuguera avec l'action militaire.

Les historiens futurs de notre époque pourront bien difficilement comprendre non seulement l'inexplicable retard apporté à cette campagne anticommuniste, mais encore ce qui a pu transformer en anticommunisme les chefs politiques qui, connaissant les horreurs du communisme, ont aidé sa croissance pendant plus d'un quart de siècle. Ces chefs ont passé sous silence le massacre de la noblesse, des classes aisées, du clergé, des intellectuels, d'une trentaine de millions de chrétiens en Russie soviétique; ils ont laissé le régime détruire la tradition, la famille, la propriété privée, les droits humains, sans jamais faire appel à la «conscience universelle» ou aux «droits de l'homme» qui leur sont si chers en temps de guerre; et quand la monstruosité communiste a été menacée de mort, non seulement ont-ils volé à son secours avec précipitation, lui donnant argent, machines et armements comme il n'en fut jamais donné au plus cher ou au plus précieux des alliés, mais encore ils lui livrèrent par ententes secrètes dûment signées (contre le droit même des peuples ainsi livrés) la moitié de l'Europe civilisée et les trois quarts de l'Asie.

Pour faire face au communisme, nos croisés modernes ne trouvent rien de mieux que de se lancer dans une course aux armements et de ressusciter, sous le nom de Pacte de l'Atlantique, l'ancien pacte anticomintern élaboré par Hitler, Mussolini, Franco, Salazar, Tiszo, Horty et Konoye. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les mêmes Gouvernants avaient pareillement copié les systèmes ennemis de régimentation, rationnement, contrôles, plafonnements sur leur propre territoire, au nom du «devoir sacré» de les détruire dans les pays d'Europe qui en étaient affligés! On sait de quelle façon tous ces pays ont été par la suite «libérés», soit de leurs empires, soit de leur autonomie nationale, soit de leur initiative financière et économique, soit de leur stabilité politique. L'Europe entière a été broyée, désaxée, ravagée par deux grandes puissances extra-européennes, les deux seules puissances mondiales qui subsistent, U.S.A. et U.R.S.S., dont les impérialismes et les hégémonies se sont substitués à ceux qui ont disparu. Ce sont les deux seules puissances mondiales qui restent sur la terre parce qu'en notre ère de guerres totales, complexes, où tous les métaux, tous les produits imaginables et toutes les techniques entrent en jeu, ce sont les deux seuls arsenaux réels qui existent. Angleterre, Italie, France, Allemagne, Pologne, pays balkaniques sont définitivement éliminés en tant qu'arsenaux complets, et ne pourront plus jouer dans l'avenir que des rôles de satellites, soutenus et armés par l'Amérique du Nord ou la Russie soviétique. La Deuxième Guerre mondiale en avait clairement indiqué tous les prodromes, que l'après-guerre a confirmés. C'est ainsi que l'on voit les États-Unis devenus la puissance méditerranéenne majeure, et des pays non-atlantique comme l'Italie, la Grèce et la Turquie adhérer au Pacte de l'Atlantique.

C'est dans ces conditions que le communisme, si complaisamment toléré avant la guerre, tant aidé pendant la guerre, est devenu subitement le péril qu'il faut conjurer.

on pas à cause de toute son idéologie contre nature, de ses méthodes inhumaines, de son matérialisme qui veut exclure même l'idée de Dieu du coeur des hommes, mais parce qu'il représente un défi industriel et commercial devenu trop immédiat, une menace militaire et aérienne devenue trop grande, une hégémonie politique trop vaste, une confiscation trop gigantesque des capitaux étrangers placés dans les territoires communistes.

La seule arme spirituelle que l'on oppose officiellement au communisme, c'est le mot démocratie, régime démocratique. C'est un mot que se disputent âprement les soi-disant démocrates (qui n'en sont nullement) et les communistes. Il y a cent ans, voire deux cents ans, les protagonistes de l'idée communiste annonçaient que leur système donnerait au monde la plénitude de la démocratie; à la même époque, les Pères de la constitution américaine, de la constitution francaise, tous ardents partisans du système républicain, et les chefs de toutes les monarchies constitutionnelles, déclamaient violemment contre la démocratie, disant que son institution amènerait la fin des entités nationales, la dissolution de toute société civile, le renversement de toute religion, la perte du droit de propriété. Le vieil axe fasciste anticommuniste avait au moins le mérite d'opposé l'idée de nation à celle de «citoyenneté mondiale», l'idée de religion à celle d'athéisme, l'idée de discipline à celle de révolte, l'idée d'ordre à celle de chaos, l'idée de famille et de paternité à celle de l'individu anonyme, l'idée de propriété privée à celle de la propriété collective en tout et pour tout; c'est pourquoi elle exerçait sur les masses qu'elle contrôlait une influence spirituelle si puissante que, même après les malheurs, la ruine, la destruction, la famine et la misère de la guerre la plus dévastatrice, après quatre années d'occupation et de «ré-éducation», on admet que la physionomie morale de ces peuples n'a presque pas changé.

Jamais au Canada il ne fut question de démocratie avant l'année 1917, l'année même où Lénine et Trotsky établissaient le bolchevisme sous le nom de démocratie en Russie; il avait toujours été question de monarchie constitutionnelle, de régime constitutionnel. Aux États-Unis, aucun président américain n'avait osé parler de démocratie avant Woodrow Wilson en 1917; tous prêchaient «la république», le système républicain, et exprimaient leur horreur pour le chaos qui doit fatalement couronner la démocratie. En France, avant 1917, il n'avait été sérieusement question de démocratie que lors des insurrections communistes (les Communes) de 1848 et 1871, et en Russie lors de la révolution communiste ratée de 1905. Pour tout historien du communisme, il apparaît très clairement que le mot démocratie forme la première arme de propagande dans l'arsenal politique du communisme, que cette arme est employée indistinctement dans les pays monarchiques, républicains, totalitaires; il apparaît encore plus clairement, du côté moral, que les principes· de base qui peuvent actionner la démocratie doivent inéluctablement conduire au communisme; que même en triomphant de la Russie communiste dans une épreuve de force armée, le communisme sortira vainqueur dans les pays victorieux si les racines en ont été plantées. Ce n'est pas avec des armes qu'on détruit des idées, c'est avec des idées meilleures et plus saines. Les césars romains ont pendant plusieurs siècles, épuisé leur fureur et leur violence contre l'idée chrétienne qui est sortie triomphante en des arènes ensanglantées et des catacombes obscures.

Puisque l'idée communiste n'a pu prendre racine qu'à la faveur d'un déséquilibre social, provoqué et empiré par toute une série de conditions qui réagissent les unes sur les autres, il ne sera possible de la vaincre que par une autre idée qui inspirera et ramènera l'équilibre dans la société, à tous les points de vue.

La croisade anticommuniste arrive sur le tard et les grandes puissances ne s'y sont décidées que devant la menace à leurs intérêts matériels; c'est pourquoi il semble impossible que les conflits ne se décident pacifiquement, sans effusion de sang, soit sous la forme de guerres civiles qui embraseront les pays communistes ou les pays «démocratiques» (ou les deux groupes à la fois), ou une troisième guerre mondiale. De même, il semble impossible qu'une formule d'équilibre, qui comportera l'apaisement social, puisse être établie avant que la querelle ne soit vidée. Antérieure à la querelle communisme-«démocratie», il y a celle de l'être humain et de la société, qui dure depuis quelques siècles et qui forme un conflit de conscience, cause du déséquilibre trouvé à l'origine des maux modernes. Ce déséquilibre, qui provoque dans le monde tant de perturbations et de tumultes, de misères et de malheurs, est avant tout un déséquilibre spirituel. Il résulte de ce fait que le citoyen a des convictions spirituelles, ne seraient-ce que celles émanant de la loi naturelle écrite dans sa conscience, tandis que l'état qui le régit n'en a aucune. Le citoyen a des croyances, l'état n'en a pas et, suivant les principes admis du naturalisme ou modernisme, il ne doit pas en avoir. Cette terrible situation qui a faussé tous les rapports individu-société, est née de ce que l'on a interprété par «séparation de l'Église et de l'État». On ne s'est pas contenté de faire le partage des pouvoirs, la détermination des sphères d'action; l'état a mis de côté toute spiritualité, toute croyance. Sous le prétexte de neutralité, il a ignoré, il a écarté, il a souvent combattu le côté anémique de l'être humain. Pour l'état moderne («démocratique» comme communiste), l'être humain est un corps vivant capable de penser, et pas autre chose. Il violerait les lois fondamentales de la «démocratie» s'il admettait l'existence de l'âme humaine ayant des fins particulières ou générales, ayant des droits formels et des devoirs impérieux. Aussi, l'état moderne a-t-il dû devenir exclusivement matérialiste, qu'il soit libéral-démocrate, socialiste-démocrate, ou communiste-démocrate. Un état de conception essentiellement matérialiste gouvernant des êtres avant tout spirituels, puisque le corps n'est que temporaire et que l'âme vivra toujours, voilà le plus grand désordre qui pouvait surgir en ce monde. Nous y sommes depuis longtemps et c'est aux échéances de ses conséquences que nous devront faire face. Les états païens de l'antiquité avaient au moins la logique et le bon sens de gouverner de pair avec les croyances spirituelles générales des populations et de leur époque. L'état moderne, orienté avec constance par l'idée d'émancipation qui a présidé à sa naissance, par des absolus illusoires auxquels on a donné les noms d'«égalité naturelle» et de «liberté indistincte», s'est toujours éloigné davantage, par son matérialisme, du caractère spiritualiste des individus qu'il gouverne. Aussi, la première formule de retour à l'équilibre social ne peut-elle être que de redéfinir l'être humain, origine première de toute société, et d'échafauder le régime politique, la législation et l'administration sur cette définition. Tout autre fondement à l'édifice social ne pourra être que faussé et branlant.






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