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lundi, mai 12, 2008

16 L'aspect économique du marxisme-léninien

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L'aspect économique du marxisme-léninien



On a ajouté ce chapitre à ce manuel dans le but de rendre service à ceux qui voudraient se renseigner davantage sur le communisme et ses théories. Evidemment, il a fallu, à cause des cadres de notre travail, abréger cette étude. Aussi recommandons-nous à tous ceux que le problème intéresse au plus haut point de poursuivre leur enquête sous la direction de professeurs qualifiés et compétents en matière de marxisme-léninien.


1. - Le problème de la question économique constitue-t-il un aspect important de la doctrine marxiste-léninienne?

C'est en effet l'un des aspects les plus importants de la doctrine marxiste. D'après la conception que le marxiste se fait de l'univers, la matière est la seule réalité qui soit. Dans cette même optique, il faut envisager l'histoire de toutes les générations comme le résultat du contrôle et de la possession des moyens de production et de répartition, On voit donc que le problème économique est d'une importance capitale.


2. - Quel est le facteur-clé de toutes les théories économiques énoncées par Karl Marx?

C'est la soi-disant théorie appelée «valeur de surcroît».


3. - Pouvez-vous nous dire, brièvement, en quoi consiste ce principe de "valeur de surcroît"?

Si l'on en juge par les explications minutieuses fournies par Marx dans le tome I de son ouvrage «Das Kapital», cette théorie est vraiment complexe et embrouillée. En résumé, cependant, disons que d'après cette théorie, c'est le labeur personnel du travailleur qui produit la richesse. Cependant, le travailleur qui vit sous un régime capitaliste ne reçoit, d'après les tenants de cette théorie, ni la matière produite ni l'équivalent de cette matière. Ainsi, il pourra travailler dix heures par jour; mais il ne recevra que le salaire de six heures de travail. Les bénéfices s'accumuleront au détriment du travailleur, à raison, dans le cas présent, des quatre heures de travail gratuit, grâce auxquelles, néanmoins, s'accroîtra la valeur du produit.


4. - Comment se distingue cette théorie de "valeur de surcroît" du système de "la loi des salaires de fer" popularisé par Ferdinand Lassalle?

En définitive, ces deux théories finissent par se rejoindre. En effet, d'après les grandes lignes de l'une et de l'autre, le travailleur ne reçoit à peine qu'un salaire de subsistance: juste de quoi vivre, se vêtir, se nourrir, se loger et engendrer des enfants. Lassalle affirmait, pour sa part, que cette loi était rigide et inflexible. De son côté, Marx était assez intelligent pour admettre qu'à certaines époques les salaires pouvaient s'élever au-dessus de ce niveau. Cependant, Marx lui-même finit par affirmer que la théorie de «valeur de surcroît» a comme corollaire «la loi de la misère accrue», en vertu de laquelle la situation intolérable des travailleurs vivant sous un régime capitaliste finit par engendrer la révolution socialiste.


5. - Comment Marx a-t-il expliqué, dans le Tome I de son ouvrage "Das Kapital", le fonctionnement de cette "loi de la misère accrue"?

Voici, en résumé, ce qu'il avait à dire:

«A mesure que diminue le nombre de ces capitalistes usurpateurs qui monopolisent tous les profits de la transformation de la matière, grandissent également les misères des masses, leur oppression, leur dégradation et leur exploitation. Mais aussi, la révolte gronde au sein d'une classe ouvrière qui augmente sans cesse ses effectifs. La centralisation des moyens de production et la socialisation du travail ne peuvent plus enfin s'insérer dans le contexte capitaliste. Le capitalisme crève et meurt. Enfin sonne le glas de la propriété privée capitaliste... Les expropriateurs sont devenus les expropriés».


6. - Ce soi-disant principe de "valeur de surcroit" selon lequel grandissent "la misère, l'oppression et l'esclavage" est-il applicable à la classe ouvrière de notre société contemporaine?

Pas du tout. Certes, la justice sociale recommande encore instamment un salaire plus élevé pour les ouvriers de certains secteurs de notre économie; mais on ne peut affirmer que l'histoire de ces derniers temps a vu s'accroître la misère et la décadence de notre classe ouvrière.


7. - Où Marx a-t-il découvert cette théorie selon laquelle le labeur personnel seul confère à une chose sa richesse et sa valeur?

Ainsi qu'il en est pour toute sa doctrine, il tira ce principe des théories en vogue à son époque. Selon son habitude, il ajouta à leur contenu ou en dénatura le sens, de façon à les faire servir à ses fins et à les insérer logiquement dans le système de pensée et d'action qu'il se proposait d'élaborer.

Dans son traité sur «Les enseignements de Karl Marx», Lénine déclare que Marx a tiré son système de théories et d'enseignements des «trois idéologies en vogue au dix-neuvième siècle». Il a emprunté sa conception de l'univers à «la philosophie classique allemande» (Hegel et Feuerbach). «Le socialisme français et les principes de la révolution française lui ont inspiré sa doctrine socialiste» (Saint-Simon, Proudhon). Quant à son système économique, il lui vient de certains «économistes classiques» d'Angleterre.


8. - Qui étaient ces "économistes classiques "anglais"? Quelle doctrine enseignaient-ils?

Les plus importants d'entre eux furent Adam Smith (1723-1790) et David Ricardo (1772-1823). Smith lui-même fut le pionnier de cette école dont il explique les principes généraux dans un ouvrage fort remarquable «Wealth of Nations», publié en 1776. Quant à Ricardo, il avait déjà écrit beaucoup de traités sur l'économie politique; mais c'est avant tout son livre «Les principes de l'économie et l'impôt», paru en 1817, qui le rendit célèbre.


9. - Quelles sont, en résumé, les théories de ces "économistes classiques"?

Leur but principal était d'éliminer les restrictions rigides imposées à l'économie nationale par un mercantilisme systématique. A cet effet, ils eurent recours au principe bien connu, «laissez faire, laissez aller». A la faveur de ce principe, ils revendiquaient donc, pour les capitalistes dont le nombre allait en augmentant, un mode de libre entreprise absolue. On peut certes admettre, au regard de la doctrine du mercantilisme, le bien-fondé d'un principe qui accordait pleine et entière liberté aux capitalistes. D'autre part, il s'ensuivit beaucoup d'abus, surtout au début du dix-neuvième siècle, principalement à cause du manque de législation sociale et ouvrière.

Forts de ces principes, ces «économistes classiques» soutenaient, dans l'ensemble, que le travail constitue l'unique élément de valeur d'une chose. Ils déclaraient donc que les capitalistes devaient jouir de la grande liberté d'entreprise que ce libéralisme économique leur accordait. Marx fit siennes leurs théories sur «la valeur» et il s'en servit pour prouver que «le vol systématique» du travailleur conduirait fatalement au socialisme.


10. - Quel fut, à cet égard, l'apport de David Ricardo?

Ricardo soutenait mordicus que «la valeur d'une marchandise est proportionnelle au travail exigé pour sa production», et il déclarait que le travailleur recevrait uniquement en retour un salaire de subsistance. C'est ainsi qu'il posait les prémisses dont Lassalle se servirait pour formuler sa loi des «salaires de fer». De plus, Ricardo contribuait indirectement à la théorie marxiste sur «la valeur de surcroît».


11. - Dans l'optique de la justice sociale, comment le chrétien envisage-t-il ces opinions?

A la lumière de la justice sociale recommandée par les cncycliques des Papes, le chrétien juge ces théories extrêmes inacceptables. La pensée chrétienne dénonce l'exploitation de la classe ouvrière. Elle réprouve la doctrine de Ricardo selon laquelle les travailleurs n'ont d'autre alternative que de travailler pour un salaire de subsistance. D'autre part, elle considère le socialisme comme un esclavage; et elle recommande une juste répartition des biens, par le partage des bénéfices et des salaires raisonnables.


12. - Est-ce que les conditions actuelles de notre économie confirment la théorie marxiste de la "valeur de surcroît"?

Non pas. Si on examine soigneusement l'économie actuelle de l'industrialisation scientifique, on verra clairement que tout produit est le fruit de l'activité mentale et physique fournie par une vaste armée de travailleurs, d'employeurs et d'administrateurs. Comme le dit le Père McFadden: «Si le communisme allait prétendre - comme il le fait, d'ailleurs - que les ouvriers de telle ou telle usine dussent recevoir la pleine valeur du produit qui sort de leurs mains, il se ferait alors lui-même le protagoniste d'un système d'exploitation des classes dix mille fois plus dangereux que ne l'a jamais été le capitalisme.»


13. - Y a-t-il d'autres facteurs, dans notre économie actuelle, qui réfutent cette thèse marxiste?

Certainement. On n'est plus au temps de Karl Marx. Ainsi qu'on l'a vu, l'organisation de syndicats ouvriers, les contrats collectifs et la législation des divers états ont changé la situation de fond en comble. Aujourd'hui, «le principe de la misère accrue» est un pur non-sens. La classe moyenne, qui devait être étouffée (entre les deux autres), a en vérité augmenté ses effectifs. Les capitalistes auxquels Friedrich Engels faisait allusion étaient le plus souvent propriétaires de leurs propres établissements. Notre époque a vu apparaître un autre genre de «capitalistes». On l'appelle «l'actionnaire». Il n'a pas à déterminer directement la politique de l'entreprise, mais il se fait représenter au conseil d'administration par des directeurs salariés. Aussi peut-on dire que cette propriété «conjointe» du capital a de quelque manière modifié notre économie.


14. - Même si elle était bonne, la théorie de ''la valeur de surcroît" devrait-elle nécessairement conduire au socialisme?

Au contraire. Cette théorie prouve seulement qu'on devrait encourager une plus grande répartition des biens, afin de permettre à un plus grand nombre l'accession à la propriété privée. D'après cette théorie, l'ouvrier se voit dépossédé et spolié; pour le protéger, on devrait favoriser une meilleure répartition des biens, plutôt que de confier à une dictature d'état le domaine de l'économie nationale.


15. - On a eu recours au socialisme, en Russie Soviétique, en vue "d'apporter remède" à tous les maux causés par cet état de choses. Quelles furent Ies conséquences?

On doit admettre, hélas! que c'est en Russie même que l'ouvrier vit «d'un salaire de subsistance», derrière la façade des avantages que «l'état-providence» est censé lui procurer. C'est la dictature elle-même qui détermine, en pays soviétique, l'échelle des salaires et la valeur des marchandises. Ainsi donc, sous prétexte qu'on libérait enfin les ouvriers de leurs soucis économiques, on a tout simplement réussi à établir un régime où une immense foule d'esclaves travaillent pour l'état, attendent de lui le strict nécessaire et les quelques «avantages marginaux» que cette dictature daignera leur accorder.


16. - Est-ce que la théorie de V. I. Lénine sur "l'impérialisme" est une conséquence des propositions économiques de Karl Marx?

On la considère ainsi. C'est de sa théorie sur «la valeur de surcroît» que Marx a tiré le principe de «la loi de misère accrue». Ce faisant, il arrivait aussi à deux autres conclusions. L'une d'elles est «la loi d'accumulation capitaliste», en vertu de laquelle la concurrence oblige les capitalistes à remplacer de plus en plus la main-d'œuvre par la machine, dans le but d'accroître la production. A la longue, ceci doit cependant causer beaucoup de tort aux capitalistes, étant donné qu'à la place d'un «capital variable» s'accumule un « capital constant». Selon cette loi, il en résulterait une baisse énorme de profits.

L'autre soi-disant «loi» était celle de «la concentration des capitaux». D'après cette dernière, le capitalisme conduit inévitablement au monopole, sous forme de trusts. Pareil état de choses contribuerait donc grandement à «la misère accrue» du travailleur. Pour sa part, Lénine ajoutait que le capitalisme devenu monopole avait tendance à s'emparer des ressources en pays coloniaux, afin de les exploiter à son profit et de prolonger son règne. Telle est la situation, de nos jours, continuait Lénine. Elle nous introduit dans «un cycle de guerres et de révolutions».


17. - Lénine a-t-il lui-même découvert cette loi? Où se trouve-telle énoncée?

Lénine a fait connaître cette théorie par son volume «L'Impérialisme, apogée du capitalisme», écrit à Zurich, en 1916. Il ne s'agissait pas du tout d'une idée originale; plutôt, c'était tout simplement la vulgarisation de deux autres œuvres, dont l'une («L'Impérialisme», par J. A. Hobson) parut en ] 902, et l'autre («Die Finanz-Kapital», par Rudolph Hilferding) fut publiée en 1910. Lénine lui-même y ajoutait quelques commentaires.


18. - Quelles conséquences pratiques découlèrent de la théorie de Lénine sur "L'Impérialisme"?

Elle eut pour résultat de tourner l'attention des communistes vers la libération prochaine et les «mouvements d'indépendance» des pays coloniaux. L'infiltration communiste à travers les peuples de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique latine finirait par ébranler les assises mêmes de «l'Impérialisme mondial .


19. - Lénine a-t-il précisé et déterminé la fin immédiate que devaient se proposer les communistes, dans leur campagne pour la "libération" des peuples coloniaux?

Assurément. Ainsi que l'explique Staline dans son livre «Les fondements du Léninisme», cette «libération» des peuples coloniaux doit, d'après les communistes, servir la cause de «la dictature du prolétariat». En d'autres termes, la seule «libération» que les communistes auraient en vue pour les peuples coloniaux consisterait dans la soviétisation de ces mêmes peuples.


20. - Est-ce que les théories économiques du marxisme-léninien, dont nous pourrions prouver la fausseté de façon beaucoup plus détaillée, amèneront inévitablement la défaite du communisme?

Pas du tout. Au cours de l'histoire du monde abondent les exemples de fausses théories qui ont tenu «la manchette» pendant des années. En plus de l'incompréhension dont fait preuve aujourd'hui l'Occident vis-à-vis de «la conception que les communistes se font de l'univers», on remarque également, dans les pays démocratiques, l'égoïsme étroit d'un grand nombre de chefs d'entreprises géantes. L'accueil accordé aux Etats-Unis à A. I. Mikoyan et au dictateur Nikita Khrushchev par des représentants de grandes entreprises a nettement démontré que pareil «acoquinage» avec les chefs du Kremlin ne peut que servir la cause de la Russie Soviétique. Et cela est grave... Beaucoup de ces chefs d'entreprises hésitent encore à adopter une politique conforme aux exigences de la justice sociale. Pie XI lui-même le déplore, dans son encyclique sur le «Communisme athée». Ils doivent se hâter de reconnaître les droits des syndicats ouvriers, accepter sans retard le principe du partage des bénéfices et prendre les mesures les plus propres à créer d'heureuses conditions économiques et sociales.

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