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jeudi, avril 12, 2007

82-84 Dans le secret des loges

L'article « Dans le secret des loges » est pertinent, mais relativement difficile à catégoriser. Toutefois, il affirme clairement le caractère laïciste de la religion maçonne. C'est un sujet qui nous concerne en ce moment, comme l'indique la citation qui suit:

... depuis 1961, les obédiences libérales, c'est-à-dire non admises par la Grande Loge unie d’Angleterre, sont regroupées au sein du Clipsas, organisme oecuménique dont l'ambition est de promouvoir une franc-maçonnerie engagée dans la laïcité, considérée comme un facteur de progrès.
Nous notons que dans le titre de cet article, il est question du « secret des loges ». Il n'est ici question que de secrets rituels. Ils sont, à toute fin pratique, sans importance, mais le facteur du secret joue un rôle déterminant dans les machinations clandestines des loges. D'autres références, à ce sujet, ont été faites dans ce document. Comme exemple, la remarque suivante de A. C. De La Rive qui montre que les maçons prennent leurs engagements de ne pas livrer les secrets maçonniques au sérieux (cf. p. 25).

TEMPLE DE LA GRANDE LOGE DE FRANCE. LES TROIS PILIERS SYMBOLISENT LA SAGESSE, LA FORCE ET LA BEAUTÉ.

R1TES

Dans le secret des loges

On les appelle, selon leur grade, apprenti, compagnon, maître ou vénérable. Ils font partie de la maçonnerie rouge ou bleue. En loge, ils participent à une tenue. A condition, en principe, de relever de la même obédience. Vous ne comprenez rien ? Alors suivez le guide.

Par DJÉNANE KAREH TAGER

L'obédience est une sorte d'entité organisationnelle et administrative possédant une constitution propre et des règlements qui lui sont particuliers et qu'appliquent les loges qui lui sont attachées. En France, il existe une douzaine d'obédiences. La plus importante en taille est le Grand Orient - la seule à admettre en son sein des maçons athées. Elle réunit près de six cents loges. La croyance en l'immortalité de l'âme et en un principe transcendant est une condition d'admission dans les autres obédiences, telles la Grande Loge de France (300 loges), la Grande Loge féminine de France, réservée aux soeurs (150 loges), ou encore le Droit humain, qui a pour particularité d'admettre la mixité (200 loges). Une seule obédience française est dite régulière, c'est-à-dire reconnue par la Grande Loge d'Angleterre : la Grande Loge nationale française (600 loges). De ce fait, cette dernière interdit à ses membres d'aborder, en atelier, des sujets d'ordre politique, social ou religieux. Et pour cause : « La franc-maçonnerie traditionnelle ne recherche pas la transformation de la société, mais celle de l'individu », note François Thual, lui-même membre de la GLNF. Notons que la multiplicité d'obédiences est une particularité latine : « Dans les pays anglo-saxons, une seule Grande Loge, se référant à la Grande Loge d’Angleterre, réunit les différentes loges au niveau national ou fédéral », explique Jean Ferré, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la franc-maçonnerie.

Entre les différentes obédiences, en particulier entre les obédiences régulières, admises par la Grande Loge d'Angleterre, et les autres, les relations ne sont pas toujours « fraternelles ». Ce qui n'empêche pas les maçons d'effectuer des voyages, c'est-à-dire de se rendre aux travaux de loges appartenant à d'autres obédiences. Par ailleurs, depuis 1961, les obédiences libérales, c'est-à-dire non admises par la Grande Loge unie d'Angleterre, sont regroupées au sein du Clipsas, organisme oecuménique dont l'ambition est de promouvoir une franc-maçonnerie engagée dans la laïcité, considérée comme un facteur de progrès.

Dotée d'un nom et d'un numéro d'ordre au sein de l'obédience, la loge est l'unité de base de la franc-maçonnerie, la « paroisse » où les « frères » se retrouvent pour travailler. Egalement appelée atelier, elle désigne à la fois le lieu de réunion, ou temple, toujours de forme rectangulaire, et les travaux qui s'y déroulent, les tenues. Sa taille varie selon les pays : une quarantaine de membres en France, parfois plus de quatre cents aux Etats-Unis. Chaque loge est dirigée par un président élu, le vénérable, assisté par un collège d'officiers, également élus.

Le rituel des tenues

Le rituel d'ouverture d'une tenue permet le passage du monde profane au monde sacré. Après l'allumage des cierges et la batterie, qui consiste à frapper des mains selon un rythme déterminé, les frères procèdent à l'expédition des questions administratives (lecture du courrier, votes... ) puis attaquent la partie principale : les planches ou morceaux d'architecture, c'est-à-dire la présentation orale d'un travail sur un sujet déterminé, qui sera ensuite discuté. Si au Grand Orient, tout sujet peut faire l'objet d'une planche, la maçonnerie régulière, elle, n'autorise que les sujets portant sur l'histoire et la symbolique maçonniques. Avant la fermeture des travaux et le retour au monde profane, le tronc de la veuve, destiné à recevoir les oboles, et le sac aux propositions, où chacun dépose ses idées et propositions, circulent parmi les frères. Enfin, la chaîne d'union se forme : « Tous les frères, explique Jean Ferré (1), se tiennent par la main, matérialisant leur solidarité sur une idée maçonnique. Pieds joints et bras écartés, le vénérable reçoit les ondes véhiculées qui circulent en lui et rejaillissent pour alimenter l'énergie de chacun. » Outre les tenues régulières, les loges libérales accueillent des tenues blanches fermées où l'orateur, un profane, s'adresse à un public de francs-maçons, et des tenues blanches ouvertes auxquelles assistent des non-maçons. Signalons qu'un maçon peut appartenir à plusieurs loges, à condition qu'elles relèvent d'une même obédience.

Le travail en loge s'effectue selon un rite propre à la loge, indépendamment de son obédience. « On appelle rite l'ensemble des gestes, paroles, attitudes, qui composent une cérémonie », explique Jean Ferré. Au long de l'histoire maçonnique, il s'est créé une soixantaine de rites dont il subsiste aujourd'hui une vingtaine, plus ou moins ésotériques, mais toujours strictement codifiés, ne laissant place à aucune fantaisie. L'allumage des cierges, le sens de la marche et son démarrage du pied droit ou gauche - chaque sens a ses partisans et ses détracteurs, tous munis de solides arguments -, la position des colonnes que forment les maçons à l'intérieur du temple,ou les modalités d'ouverture d'une tenue, réalisant le passage du monde profane au monde sacré : chaque rite a son cérémonial, qualifié par Jean Thual de « mise en scène, à travers des mouvements du corps, des décors, des images et des symboles, d'idées qui sont en général très simples ». Les plus pratiqués sont le Rite émulation, le Rite écossais ancien et accepté, le Rite écossais rectifié et le Rite français. La palme de l'ésotérisme revient au Rite de Memphis-Misraïm, qui fait appel à la symbolique égyptienne et, accessoirement, à l'occultisme. « Chaque maçon, affirme Jean Ferré, peut et doit trouver le rite qui convient à sa nature, à ses aspirations et à sa sensibilité. On voit trop souvent des vies maçonniques compromises par un mauvais choix de rite, ce qui est fort dommage quand on connaît leur diversité. »

La participation au rite dépend, pour chaque maçon, de son grade ou degré au sein de la maçonnerie. Trois grades sont communs à tous les rites : l'apprenti, fraîchement initié, n'a pas droit de parole en atelier ; le compagnon peut participer aux débats ; enfin, le maître est le seul autorisé à prendre en charge des fonctions en atelier : vénérable ou président élu, secrétaire tenant le Livre d'architecture où sont résumées les tenues, couvreur qui surveille la porte, orateur ou dépositaire de la loi, trésorier, surveillant... Ces trois grades forment la maçonnerie dite bleue. Il s'y ajoute, selon les rites, un foisonnement de grades plus élevés qui forment la maçonnerie rouge : six dans le Rite écossais rectifié, trente-trois dans le Rite écossais ancien et accepté, quatre-vingt-quinze dans celui de Memphis-Misraïm. A chaque grade correspondent des signes spécifiques : ainsi, le compagnon ne déposera pas son équerre et son compas comme le ferait le maître ; l'apprenti, lui, ne peut relever son tablier en bavette. Ces grades, disent les maçons, sont l'expression du cheminement personnel du frère, de son perfectionnement. « Un frère est reconnu comme pleinement maçon dès qu'il atteint le troisième degré, celui de maître, explique Luc Nefontaine (2). Il peut poursuivre son itinéraire, en fonction de ses aspirations. » Le passage d'un grade à l'autre, dit aussi augmentation de salaire, donne lieu à un rituel codifié et comporte des épreuves ou examens portant sur l'instruction du grade, également appelée catéchisme.

Les tenues se prolongent généralement par une agape, dîner au cours duquel les apprentis peuvent prendre la parole. Bien qu'elles se déroulent en milieu profane, les agapes sont très codifiées. Ainsi, les frères se mettent à l'ordre de table, main droite à plat, pouce en équerre, ils « chargent les colonnes » pour remplir les verres tenus de la main gauche... et n'ouvrent pas leur serviette au hasard : suivant le grade, celle-ci est posée sur le bras gauche, sur l'épaule gauche ou autour du cou. Seules les fraternelles, réunions informelles en dehors du temple, donnent lieu à un peu plus de fantaisie...

1.Dictionnaire symbolique et pratique de la franc-maçonnerie. Dervy, 1994 ; Dictionnaire des termes maçonniques, Rocher, 1997.

2. La franc-maçonnerie, DDB, 1993.

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